Nous conservons pour que nos enfants connaissent toutes ces choses que
nous essayons de détruire.
Il importe de nous empêcher de mal faire par ignorance, ou malveillance,
ou stupidité.
Que conservons- nous?
Qui décide?
Depuis 1991, le Conservatoire du Littoral est devenu propriétaire des iles de
Marseille, Chateau d'If, Pomègues, Rateneau, Maïre, Peyrot,Jarre, Calseraigne, les Petit et Grand Conclus et Riou. Je crois que c'est en 1998 que le Conservatoire a acheté la pinède entre le Domaine de Port d'Alon et le Golf de Frégate.
La grotte Cosquer a été révélée au public en 1991, l'année de la mort de mon père. Dans cette région unique qui l'a passionné, il y avait quelque chose d'encore plus étonnant, et il ne l'a pas su. Si
Henri Cosquer avait vu la main peinte tout de suite, si sa lampe ne s'était pas éteinte lui causant sans doute une belle chaleur, il aurait
peut-être révélé sa trouvaille plus tôt, à temps si...! Mais avec des si on referait le monde
La grotte est incroyable parce que quelqu'un l'a trouvée, et a eu le courage (ou l'inconscience!) de nager dans un boyau de
125 mètres après avoir plongé à 36 mètres.
Incroyable parce qu'elle est encore située au dessus du niveau actuel de la mer, et de ce fait on peut encore la
voir. Incroyable par les animaux qui y sont peints, et qui sont des pingouins, des méduses, des phoques. Incroyable parce qu'il y a un
morceau de draperie stalactite cassée, avec une main peinte, tombé dans un gouffre de 21 m, récupéré, et que l'on devrait sortir et exposer dans
un musée de Marseille comme la Joconde de Cromagnon.
Tellement incroyable que dans le monde, les gens n'en savent rien après plus de 15 ans.
Ils ont le sourire en dépit des conditions extraordinairement difficiles de travail. On ne peut que saluer l'exploit que représente leur étude du
site, couronné par le livre référence :
Cosquer Redécouvert.
Parce qu'il est unique au monde l'endroit appartient au Patrimoine mondial. Il mérite d'être géré en conséquence.
Les Méduses |
Le Cerf |
Pecten qui servit de lampe à l'artiste |
Phoque gravé |
La main qui pétrit l'argile ci-dessous? |
Lionne |
Puisqu'il y avait des enfants présents on peut
penser que c'était l'école du coin avec l'avantage qu'à l'abri
des intempéries les dessins dureraient en l'absence de l'artiste
sous la main..dureraient 17000 ans Photos: Cosquer redécouvert |
Un peu à part pour la seule raison qu'il n'est pas facile de les dater. Il y en a 4 sur l'ile. 2 du coté de Caramassane (Cala massana = calanque rocheuse), un dans le Vallon de l'Aiglon, et un à la Sablière.
Le mieux conservé pas très loin d'un embarcadère. Sur la
hauteur en haut à droite quelques morceaux de culinaire de
Vallauris.
Sur le chemin, du tourbillonné/jaspé de l'Huveaune... mi-18 ème; Il est
sur le cadastre de 1825
Dans le vallon voisin, celui-ci encombré d'un lentisque,
probablement de la même époque. A noter la couleur rouge de la terre.
Nous ne sommes pas loin des affleurements de fer du puits des chèvres
.
Le seul qui ne soit pas sur le cadastre de 1825, mais facile à manquer.
Celui de la Sablière a des murs d'un bon mètre d'épaisseur. Il est sur le cadastre de 1825 et a dû resservir à la construction du déversoir et de la cabane attenante en 1853; Il a une forme en 8.
Celui de l'Aiglon barre le Vallon, à moitié recouvert de lentisques. Lui aussi date d'avant 1825
Aux archives des Bouches du Rhône le premier document qui mentionne un
four à chaux est celui qui est sur la propriété des
Soeurs de St Sauveur dans le vallon de Marseilleveyre (1565/1578). Ensuite
on trouve un four à chaux à Sormiou en 1578, un contrat qui en
1777, parle de construire 3 fours, un tout de suite à Marseilleveyre, un à
Carrelongue, un à la Mounine, et s'il est permis d'utiliser du bois, on
ne doit pas déraciner les arbustes!
Sur la carte d'Ayrouard de 1736 qui me sert de toile de fond de la Pêche
dans les Calanques, il y a dans la baie de la Napoule 4 fours à chaux au
bord du rivage... et une savonnerie.
Four à chaux Marseilleveyre identique à celui de la Mounine coupé par un sentier moderne, petites pierres d'un blanc crayeux.. daterait de 1777. |
Four à chaux Mounine
|
Si j'en crois les tessons, ceux de Caramassane étaient en exploitation à
la même époque, mais cela ne spécifie pas à quelle fin. Savonneries
depuis le 16ème siècle où l'on trouve la Ciotat en compétition avec
Marseille.
J'ai donc (en 2006) rendu visite à Jean Ferdinand Petrucci qui a
consacré sa thèse aux marmites de Vallauris. Il s'est prononcé pour
mi-18ème.
Depuis nous avons trouvé un morceau de jaspé/tourbillonné de bonne facture ce
qui pourrait rabaisser la date. Cela correspond aux 3 fours du littoral en face. On peut
supposer de nouvelles constructions, dans Marseille, ou une croissance
des
industries comme des savonneries. Sans parler de la demande de chaux
vive pendant la peste, ce qui pourrait expliquer la rumeur des gens
réfugiés sur Riou à cette époque, et qui auraient pu camper pendant
l'été à l'ombre des murailles qui bordent le départ du chemin de
Caramassane
Une analyse du charbon de bois serait plus facile!
Mais il y a dû au moins en être un qui date de la
construction de la Tour et de la Citerne vers 1300, 1442 pour la citerne
du Pic, celui du Vallon
probablement car il est le plus près
Celui de la Sablière, pour la construction du
déversoir. Non seulement ils ont enlevé le sable, mais ils ont utilisé
des tonnes de pierres et du mortier pour construire ce déversoir qui ressemble à un
rempart avec une maison accolée.
Les deux autres ont peut-être été réutilisés par les fabriques de soude
du 19ème. L'accès à Caramassane n'est pas aisé. Mais lorsque l'on voit
l'emplacement de certains fours à chaux sur le littoral en face Riou,
cela devient relativement une promenade.
La région des Calanques est parsemée de fours à chaux, et sur la carte du
domaine de la Gardiole établie par mon père il y en a une cinquantaine
de notés, et à peu près autant de fours à charbon ce qui devient presque
une exploitation industrielle qui s'est poursuivie probablement
jusqu'à la guerre de 40. Une autre exploitation dont j'ai vu les traces dans les
pinèdes de Baudoin au-dessus d'En-Vau c'est la résine.
On trouvait assez souvent les pots qui servaient à la recueillir. et détail amusant, les gardes de Riou
pensaient qu'un fond d'amphore Dressel 1A
trouvé sur l'île était un pot à résine.
Si l'on se souvient de l'exploitation des "herbages et pasturaïges "de
la côte jusqu'à Morgiou de 1658 jusqu'en 1789 la chaux pourrait
surtout être une autre ressource du 14ème au 18ème, avant l'industrie du
19eme et 20eme
Toutefois on nous rebat les oreilles avec les savonneries, mais il y a tout de même d'autres emplois pour la chaux, mortier, crépi, épandage
surtout chez les Grecs.
Il y a dans les Calanques une présence fugitive qui se révèle chichement.
Je pense souvent au peu de traces que nous aurons laissé n'ayant pas
de pot à casser, de pipes en céramique, d'outils qui résistent au sel
marin, de monnaie à perdre, de clous à nos sandales, même à mes galoches
de la guerre.
Un petit tesson d'argile rouge piqueté de grains noirs
juste assez épais pour être un morceau d'amphore italique, une anse
rouge, et il y a soudain sur le Cap des pêcheurs de l'époque romaine
dont les ombres croisent les jeunes soldats qui virent au petit matin
déferler un cauchemar par la terre alors qu'ils avaient leurs canons
pointés vers la mer.
Que veut dire cette pièce du cinquième siècle avant Jésus-Christ, grosse
comme un petit pois, ornée d'un satyre ou gorgone, sur le Plan de Coulon? Que
vient-on acheter dans un endroit pareil? pas très loin de fours à chaux
où l'on trouve d'autres témoins de passage 200 ans plus tard, puis
encore 200 ans?
"...la preuve en est la découverte impromptue, lors de ramassages dits de surface, et en étudiant ces étranges murets,
de nombreuses monnaies d'époque Massaliote. Ces pièces assurément "déposées" méticuleusement et précisément sur
les rebords et contours de ces fours, comme des offrandes pour que les Dieux d'alors en bénissent le bon fonctionnement.
Aujourd'hui donc, envers et contre tout étonnement ou critique à venir de spécialistes, archéologues et historiens, nous
l'affirmons haut et fort: nous avons bien découvert il y a de nombreuses années, avant même la création de notre association,
dans ce vallon perdu dans les collines, une série de fours à chaux ANTIQUES. Nous pouvons nous en considérer les inventeurs,
car personne n'en a jamais signalé de tels ici, se contentant de connaître dans les calanques des fours moyens-âgeux ou
postérieurs au 17 Siècle. Ces multiples fours (une dizaine référencés, et une quinzaine au total dans un très proche périmètre),
qui parsèment ce vallon auparavant très broussailleux et peu fréquenté, sont aujourd'hui bien apparents car mis à jour par le feu de l'année 2008,
et ils n'ont en l'occurrence jamais été signalés ou étudiés à notre connaissance par des archéologues. Ces derniers considérant
les fours à chaux antiques comme inconnus et n'existant pas ici, au moins à la date où nous rédigeons ces lignes. Ces fours de pierres,
de forme arrondie, aux rebords larges voire doublés, sans bouche d'entrée (ou de chargement) visible, comme ceux plus récents,
sont parsemés de caractéristiques morceaux et boulettes d'argiles, matière inconnue dans cette zone donc apportée, qui devait servir
à étanchéifier ces fours.
Nous ne doutons pas que les rapports à venir des archéologues confirmeront, après de logiques premiers doutes, nos modestes analyses et ces découvertes.
En effet, nombreux sont les curieux, amateurs ou professionnels, attentifs aux informations divulguées lors de nos randonnées ou nos écrits..."
- Jean-Marc Nardini.
En avant-première, et avec l'accord des auteurs, d'un livre à paraitre sur les secrets du Massif des Calanques, j'ai attiré
l'attention des archéologues qui prospectaient le 2 novembre 2013 dans la région dévastée par le feu en 2008 sur le fait que ces fours sont
non seulement antiques, mais n'ont peut-être pas été utilisés depuis.
Martigues, Terre Gauloise - p 221 -
Jean Chausserie - Laprée nous donne une idée de l'époque à laquelle ces
fours ont fonctionné du IIIe au Ie siècle avant JC :
..."C'est surtout entre 240 et 220 av JC le début de l'utilisation du bronze afin de produire des monnaies divisionnaires calquées sur le système pondéral des monnaies de la république romaine. Parmi les 4 dénominations frappées, seuls les moyens bronzes, au trépied ou au taureau (entre 3 et 10 grammes), et surtout les petits bronzes (entre 1,5 et 3 g) au taureau cornupète ou passant sont abondamment diffusés dans les habitats gaulois aux IIe et Ie siècle."...
Revers au taureau passant. qui arbore un collier avec une clochette.. le taureau domestiqué |
|
Tête d'Apollon - Petit bronze IIs.BC |
Taureau - Pièce trouvée sur le four ci-après |
L'inventeur des fours à chaux antiques à l'emplacement de la pièce massaliote |
Four à chaux de l'époque romaine sur le sentier vert |
Boulettes d'argile rubéfiée |
Bouchon d'argile + pièce sur rebord = four à chaux antique |
Le four d'Ulysse est vraissemblablement un
four à chaux en pleine campagne près d'une source de calcaire. On ne
trouve pas de description comme pour les fours de potiers, car les
caux-fourniés ne se souciaient guère de se peindre ainsi que l'ont
fait les potiers de Corinthe qui se sont représentés sur des tablettes
qui ont été déposées dans le temple de Poseïdon.
Les fours sont ronds, ils sont fermés en voûte d'où s'échappe une
flamme haute qu'ils vont maitriser au besoin en montant sur une échelle.
La grande différence est la gueule du four placée au bas du four dans un
atelier de céramique Dans un vallon encaissé et en pente, la gueule si
elle est en amont sera plus haute que la base du mur aval. Il est
évident qu'ils n'ont pas attendu longtemps pour importer le savoir faire
nécéssaire pour faire fonctionner un four: four à pain, four à chaux,
four à fondre le bronze, tout est venu de Phocée. Tout est basé sur le
même principe, et si l'on en juge par la dextérité de la réalisation des
vases et coupes, il est évident que cette technologie ne présentait plus
guère d'obstacles.
Relevés par Boardman
La paix et l'expansion économique accélérée par la présence de légions romaines et des commerçants qui le suivent ?, ou alors la guerre et des déplacements de pauvres hères qui viennent exploiter ce que les autres négligent dans des endroits inaccessibles?. L'évacuation de la chaux sur le versant nord devait se faire à dos d'homme... vers le col de Sormiou vers la fontaine de Voyre vers le versant sud vers les Malvallons, un sentier avec des murs de soutien... et en bas du Malvallon un four à chaux énorme qui doit être LE four à chaux de Marseilleveyre qui en 1571 délimitait la propriété des Soeurs de St Sauveur, et donna son nom à la batterie dans la colline proche.
4 mètres de profondeur, 14 m de large
Le Malvallon a toujours été un passage de la mer à la plaine de l'Huveaune. Le feu qui a révélé le Four à Chaux a aussi permis de voir des tessons de toutes les époques qui concernent l'île de Riou depuis l'arrivée des Etrusques et des Grecs. Il a révélé aussi que le cours d'eau qui a formé le vallon a un cours sinueux qui creuse la plaine alluviale et se termine par une très belle gorge à l'est de la batterie de Marseilleveyre Est. Des pêcheurs, des bergers, des ramasseurs de bois, des chaufourniers, des soldats, des contrebandiers, des déserteurs, des gangsters, des ermites, des ramasseurs de sable, cela en fait du monde qui s'agite dans ce coin qui semblait ignoré des hommes, avant que les escaladeurs en 1930, puis les randonneurs l'envahissent régulièrement
Si l'archéologie n'est en fait que de faire les poubelles, et détrousser les cadavres,
pourquoi est-ce aussi captivant?...
Combien de temps faudra-t-il pour que les archéos du futur s'extasient
sur les monceaux d'ordures que nous entassons autour de nous, et se
creusent la tête pour savoir à quoi pouvaient bien servir ces boites de
plastique noir, avec des sortes de rubans qui ont servi pendant 30 ans
et puis furent abandonnées du jour au lendemain!!
Pas plus de réponse
pour le futur que pour le passé.. la tentation est grande d'inventer et
de broder sur sa propre opinion et de raconter des histoires à dormir
debout.
Dans un doline, à l'extrémité Est de l'ile, une dépression dans l'argile retient de l'eau comme celle de la Fons.
A Delos une construction semblable dont les murs étaient crépis! Même technique de construction. Même taille.
L'été il est à sec. Après des pluies il y a au plus 60 cms d'eau, qui se remplit d'algue verte.
Lorsque ma mère et moi avons suivi les gardes qui partaient contrôler
un de leurs systèmes d'enregistrement, nous nous sommes déchiré les
jambes aux branches des lentisques, nous avons été trempées comme
des soupes par un orage d'Août, nous avons attendu la nuit noire,
assises au milieu d'un sentier avec au moins trois rats qui courraient
à un mètre de nous, et, pour ne pas retarder les gardes, pendant qu'ils
grimpaient les éboulis pour aller contrôler les puffins, nous sommes
reparties seules, et il m'a fallu un sacré bout de temps pour retrouver
le chemin qui passe sous une falaise que je n'avais pas remarquée
à l'aller car nous la longions au pied! J'avais bien la copie de la
carte de mon père, mais chaque fois que je la regardais à la lampe, il
me fallait 5 minutes pour laisser mes yeux se réhabituer à la pénombre
et essayer d'interpréter ce que je venais de voir. Lorsque nous sommes
enfin arrivées à l'Aiglon, pas de bateau!; Ma mère à 85 ans a fait le
sentier entre le Monastério et Fontagne par pure volonté... pourtant elle
était partie d'un pas décidé (voir la photo du déversoir).
Cette première fois, je vis à mes pieds un tesson avec des paillettes de
mica..un morceau de anse. je notais qu'il était au niveau du Vallon de
la Vigie. Lorsque nous sommes arrivées au Puits des Chèvres il y avait
alentour 4 morceaux de céramique rouge dont un truffé de grains noirs
caractéristiques des tessons italiques. Ce chemin est jalonné d'énormes
rochers qui ont roulé de la dorsale de l'île et près de chaque rocher
il y a au moins un tesson. Les 3/4 sont antiques.
Et puis au bout si l'on pouvait s'attendre à
des tessons du 17ème et 18ème l'époque des fermages, il y a après
tout l'Abri des Chèvres pas loin du Puits des Chèvres!, c'est en
majorité de l'Italique (anse de Dressel 1A), du massaliote et de
l'étrusque (validé par LF Gantès). Sur la branche des fours à chaux c'est
plutôt du Vallauris et du tourbillonné de l'Huveaune. Je comprends les raisons du CEEP
qui préfère ne pas inciter les gens à se promener partout, mais même
eux empruntent le Chemin Historique, qu'il faudrait peut-être garder. Entre la Grande Sablière et
Fontagne par contre, pas un bout de céramique à l'horizon. Lorsqu'ils
allaient chercher de l'eau, ils devaient y aller en bateau.
Ce sentier qui, à l'époque du Christ allait de Fontagne au Puits des
Chèvres, on en voit encore un morceau pavé de galets (d'après LF Gantes) sur le
coté Ouest de la Calanque de l'Aiglon
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