Petit anachronisme... dans la Calanque de Fontagne, Kybèle étant inspirée du bateau d'Ulysse,
environ mille ans avant nos Phocéens.
Mais comment résister à ces yeux?
Merci aux
étudiants et professeurs turcs qui sont venus de Foça en
57 jours après avoir construit cette merveille qui semble bien
exposée aux coups de mer. Ils ont été reçus comme des chiens dans un
jeu de quilles dans une Capitale de la Kulture qui fait de la
politique locale l'échelon de son action culturelle.
Qui étaient les hommes qui campaient sur Riou il y a
environ 26 siècles à cet endroit?
Etaient-ce des commerçants Etrusques faisant étape?
L-F Gantès qui a étudié les tessons du Musée archéologique de
Borely nous les montrent installés ou commerçant avec les tribus
occupant les oppidums avant l'arrivée des Phocéens.
Un de leurs bateaux sombra entre Plane et Jarre, un autre
au petit Conclu, sans parler de ceux qui sombrèrent autour des iles
d'Hyères, une autre fois ils ont pu trouver un emplacement de
camping avec des traces d'occupation humaine sur la grande Sablière.
Cela suffirait sans doute à expliquer pourquoi ils se sont installés au
même endroit.
Que faisaient-ils au puits des Chèvres? Prenaient-ils seulement de l'eau
ou aussi du fer qui affleure pas très loin de là?
Ou bien étaient-ils des pêcheurs massaliètes qui avaient récupéré des amphores, des mortiers amenés par des commerçants étrusques avec lesquels ils échangeaient du corail et du thon contre du vin?
Type de vaisselle importée de Grèce à cette époque -525 (Drassm - Epave
Lequin 1A - MHM)
De toutes façons, la découverte d'un morceau de kylix dans un trou de lapin, des tessons d'amphores massaliètes archaïques, des tessons étrusques indiquent que ces pêcheurs et commerçants du coin ont utilisé l'Ile comme lieu de rencontre et d'échange dans les années -525 jusqu'en -430, à une époque où la deuxième immigration de Phocéens venait d'arriver à Massalia en longeant l'Italie, et où il y eu apparemment un boom économique dont bénéficièrent les caboteurs. Les grecs se sentaient à l'aise sur les iles, rien à disputer aux populations locales.Immigration facile dont ils ont l'habitude. Les bateaux étrusques durent très vite avoir des équipages grecs ne serait-ce que pour la langue, le besoin de travailler, leur expérience de pêcheurs et de marchants.
Mur d'habitat qui a retenu le sable
Par ailleurs, il est remarquable de voir que c'est précisément sur un
espace grand comme une maison que plus tard on installa un four à chaux, détruisant le site étrusco/massaliote, et, paradoxe, le protégeant de
l'éradication complète par les marchands de sable des années 1850.
Le Dr. Capitan écrit dans son rapport qu'il y a des tessons grecs. Il
mentionne de la poterie géométrique et attique.
A ce jour je n'ai jamais vu de poterie de l'âge géométrique sur l'ile.
Mais comme il en parle il faut supposer qu'il y a une centaine
d'années il y en avait, ce qui placerait l'occupation du
site bien avant l'arrivée des Phocéens. Il faut espérer que ces tessons
ont fini au musée d'archéologie, mais il est à craindre qu'il ait fait
une erreur d'interprétation, car il est difficile de faire correspondre
le peu de tessons qu'il reste avec ses descriptions, les morceaux
pailletés n'étant pas de la poterie ligure comme le lui disait Arnaud
d'Agnel, mais de la poterie massaliote.
Espérant trouver en Grèce un style de vie et de travail plus proche de
nos grecs et de ce que j'avais trouvé à Foça, je pensais depuis quelques
années à aller en Grèce.
Ma connaissance des Grecs remontant au Lycée, mais surtout à un livre
de jeunesse: les contes des mondes Grecs et Barbares, donc plus que
sommaire, je suivis un cours sur l'Art et l'Architecture Grecs.. Depuis
la découverte d'Akrotiri, je m'étais aussi promis d'y aller. La
Prof, Irini Vallera/Rickerson, une grecque installée aux USA offrait un
voyage pour découvrir son pays. Je devais en fait aller au Machu Pichu
avec Cate rencontrée au Testaccio avec laquelle j'avais visité Paestum,
Pompeï et Naples l'année précédente. Sur internet je tombais en arrêt
sur une offre de découvrir la Grèce avec l'Aegean Institute de Peter
Nicolaïdes en suivant
des cours de plongée et d'archéologie sur l'île de Paros. Le Pérou
pouvait m'attendre! Je joignis les 2 programmes, ce qui me laissait une
semaine à Athènes entre les deux. En 6 semaines j'ai obtenu mon premier
certificat PADI et pu me faire une idée de la Grèce qui m'a enchantée,
et je recommande vivement les deux expériences. En dehors du fait
que j'ai choisi l'année où, à Akrotiri le toit du site s'est effondré
tuant un touriste, ce qui a entrainé la fermeture de la zone
archéologique, tout a été mieux que prévu. (De toutes façons; les
fresques et les objets qui feraient l'intérêt du site sont dans les
musées d'Athènes, à tel point qu'un grec du coin a crû devoir créer un
musée de répliques des fresques!) J'ai même pu faire un
pèlerinage à Corinthe où le parrain de mon père était ingénieur lors du
percement du canal qui détruisit un petit autel de Poseïdon. Il en
rapporta un échantillonnage des petits vases corinthiens à offrande dont
je suis l'heureuse héritière.
En ce qui concerne Massalìa: Le trésor des Marseillais à Delphes
est plutôt conséquent, en marbre de Paros,(le marbre le plus beau du
monde nous a-t-on dit à 90 mètres sous terre dans
une antique carrière de l'ile!), même s'il n'est pas près du temple
d'Apollon. Il est près d'Athéna Pronaïa et d'un splendide tholos.
Il fait réaliser que les Phocéens devaient apprécier l'endroit
qu'ils avaient colonisé et que c'est à Apollon qu'ils avaient dû
demander conseil, en plus d'Artemis d'Ephèse. (Ces dieux sont souvent
associés puisqu'ils étaient frère et soeur nés à Delos, Apollon, Dieu du
Soleil et Artémis, Déesse de la Lune).
Détail des statues des frises du Trésor des Marseillais |
|
Trésor des Marseillais en marbre de Paros |
Une Massaliote admirant le trésor des ancêtres en marbre de Paros |
La source au laurier d'Apollon et le tholos voisin du Trésor des Marseillais |
En tous cas apparemment ils faisaient tous la même chose. Ils
partaient coloniser une autre île ou un autre endroit pour des raisons
diverses, et avec le trésor construit à Delphes, ils se comportaient
comme les grecs restés dans la mer Egée. Massalìa, "ile" grecque de
la Méditerranée occidentale! S'ils ont offert une statue à Athéna qui ne
rentrait pas dans son temple, l'avaient-ils aussi invoquée, ou était-ce
pour la remercier de leur laisser un morceau du terrain dans un site
convoité pour y construire leur Trésor?
Delphes, pas plus que Delos, ne présente plus de coté mystique, en
dépit d'un énorme laurier rose qui célèbre encore le dieu, et de l'eau
qui a été détournée de la fontaine.
Il y a de l'eau en grande quantité dans les deux sites, ce qui est étrange à Delos vu le relief médiocre de l'ile) et ils représentaient aussi une source de revenus extraordinaires, Delos genre d'Honkong avant l'heure, et Delphes avec ses miasmes volcaniques. Mais quelle étrange idée d'aller s'installer à flanc de montagne et de s'y cramponner en dépit des tremblements de terre, et des rochers qui sont venus écraser les temples à plusieurs reprises, au point que celui d'Athéna fut finalement reconstruit un peu plus loin. Cela laisse rêveur.. sur la manière de penser et d'expliquer que les Dieux que l'on s'efforce d'honorer en faisant des travaux titanesques, ne font rien pour les épargner. A Delphes Apollon aussi bien qu'Athéna se désintéressaient totalement de leurs sanctuaires! Quant à Zeus il n'est que de voir à Agrigente et à Olympia les temples qui lui étaient consacrés gisant à terre!! Plaisanterie à part, les photos des fouilles de l'Ecole Française d'Athènes à Delphes sont impressionnantes, par l'accumulation de statues, de trépieds. Tout est parti dans les musées et c'est bien dommage pour l'ambiance, même s'il y en a un sur le site, qui contient le bronze exceptionnel de l'Aurige.
Mais lorsqu'on est à l'omphalos ou nombril du monde, on se rend mieux
compte de la place que tenait Massalìa dans le monde Grec, cotoyant les
Athéniens, Naxos, Siphnos, Grecs à part entière, alors qu'il n'y a pas
trace de Phocée, et pourtant les Phocéens avaient aidé les Athéniens avant
Salamine.
Dommage que Pausanias n'ait pas eu l'idée de venir du coté des
Calanques, au moins on saurait à quoi s'en tenir sur la position des
temples d'Apollo et d'Artémis à Massalia.
Emplacement du nombril du monde à coté du Trésor des Athéniens |
Version romaine |
J'ai enfin réglé ce qui me gênait avec Phocée depuis la 6ème au Lycée
Montgrand. D'abord c'était en Asie, et puis je ne faisais pas trop la
différence entre les phéniciens et les phocéens. Ils avaient crée
Massalia, et puis on n'en entendait plus parler... et pour cause! Avec
les Perses qui arrivaient les poings tout faits, ils ont préféré plier
bagage et s'exiler autour du Lacydon. Au Lycée, on ne m'a jamais
expliqué que pendant 600 ans on avait parlé le Grec à Marseille, que
c'était ce coté "insulaire" qui avait perduré sur leur rocher.
Dans le Méridional on lisait le livre de Bouyala d'Arnaud. J'en avais
retenu que Marseille et Phocée se ressemblaient. En 1998 à l'occasion
d'un grand prix offshore à Istambul, je pris une voiture et passant par
Troie d'abord je descendis
par la côte jusqu'à Phocée ou plutôt Foça (Fotcha) Effectivement un port
rectangulaire, des collines, des iles, un peu endormi, Massalìa ! L'eau
à 25 degrés. Sur un des promontoires je trouvais une plante séchée qui
ressemblait à une asphodèle.
Mais je ne réalisais pas encore à quel point ils étaient restés grecs dans leur colonie de Ionie, aussi aller s'installer à l'autre bout de la méditerranée n'allait pas changer ça, au contraire, tout était dans l'ordre, les Dieux étaient pour. Il ne restait qu'à partir sans se retourner.
D'où venaient-ils ces colons grecs avant
de s'établir en Asie? parce qu'il semble qu'ils n'aient pas cédé à
l'impulsion de mettre des temples partout, comme ceux qui se sont
établis à Agrigente ou à Paestum. J'avoue qu'à Delphes, l'idée m'a
traversée qu'ils avaient mis tout leur argent là où ça comptait,
à Delphes plutôt qu'à Marseille!
Je me souviens pendant ce voyage à Foça, avant le Cap Baba avoir visité
le temple d'Apollon Smitheion. Il y avait par terre, dans un
coin pas très loin de l'inévitable fontaine, un chapiteau abandonné
en marbre sculpté d'une délicatesse étonnante. Phocée, elle, ne parait
pas avoir été mieux lotie pour les artistes que Massalia. Ils étaient des marchands et des
navigateurs, pas des sculpteurs.
La fontaine près du temple d'Apollon Smitheion |
Le Chapiteau |
Le Chapiteau de Massalia, trouvé par Fernand Benoit en réemploi dans
les docks romains!
En réponse à ma question sur leur origine, j'ai trouvé dans un livre anglais que les Phocéens venaient de la Phocide, une région près de Delphes (Pytho) d'où ils ont envoyé des colons en Ionie. Et leur ville du nom de Phokis fut aussi rasée par les Perses. Il leur a fallu atteindre Massalia pour ne plus les avoir sur le dos!
Etrange comme sur 2 temples mentionnés par Strabon il ne resterait que ce chapiteau, et en réemploi dans un dock romain. Les romains avaient les mêmes dieux que les grecs... ils auraient donc détruit un temple et pas tenté de le reconstruire?? celui d'Artémis d'Ephèse?
Protis a-t-il mis le pied sur Riou? En supposant que les Etrusques
cabotaient dans les parages avant l'arrivée des Grecs, lorsque les
explorateurs phocéens se sont pointés ils avaient sans doute une idée de
ce qu'ils allaient trouver. Remontant le long de la Grande Grèce, ils
pouvaient rencontrer des grecs avec lesquels discuter. Les indigènes vivant
apparemment à l'intérieur des terres, notre côte devait paraitre plutôt
hostile vue de la mer.. pour tirer à terre il faut de préférence une
plage de sable.
Plage des Lecques avec l'oppidum de la Gache, plage de Marseilleveyre et Riou,
mais personne en vue, plage des Goudes mais pas grand monde alentour,
énorme plage de l'Huveaune avec l'oppidum de Marseilleveyre, le Lacydon est un marécage mais avec une belle avancée
rocheuse, les oppida Allauch et le Baou St Marcel sont à des
kilomètres...
A la Pointe Rouge et la Madrague il y a une rivière, des sources, du sable où on tire à
terre, il y a des indigènes
pas très loin, banquet, noces, cela est très plausible et pour la dot, déjà repéré, un emplacement de rêve pour des grecs, une presqu'île avec un
port naturel et de l'eau potable.
Après cela, en l'espace d'une génération, sous la pression intenable des
Perses, une autre vague d'immigrants: Ils n'ont pas amené que la
prêtresse d'Artémis, mais des pêcheurs, des potiers, des marchants. Eux
aussi, remontent le long de l'Italie, essayent la Sardaigne, et
finissent par rallier Massalia. Les marginaux, qui n'ont pas leur place
dans la polis, peuvent s'installer sur l'Ile, d'autant que l'endroit est
poissonneux et recèle un corail convoité. Escale donc pour les
commerçants et pour les pêcheurs. Riou reflète ce qui se passe à
Massalia naturellement, la prédominance du commerce du vin étrusque qui propage
les céramiques attiques exotiques, ces services à boire, laissera peu à peu place à l'hégémonie
massaliote. Il y a au sud de Riou près des ilots de la Moyade une épave
massaliote du Vème.
J'ai récupéré ce col dans la calanque de Fontagne en 62, mais il y a des
tessons plus anciens non seulement sur l'île mais aussi sur le littoral en face.
Copyright© Riou et les Calanques du Dr. Albert. All Rights Reserved
E-Mail Webmaster: micheleweismann@gmail.com