La Fontaine des Grecs de l'Ile de Riou

par le Dr. Georges Albert

1 - La Découverte
2 - La Restauration
3 - Exploration des Alentours - Fouilles au Sud
4 - Fouilles au Nord-Ouest
5 - Sondages et Amarrages
6 - Le Groupe d'Acclimatation et de Reboisement
7 - Couverture et Enfouissement du Réservoir
8 - Le Barrage Ouest
9 - Le Squelette du Turc
10 - Début de Plantations du G.E.A.R.
11 - Construction du Mausolée
12 - Topographie de l'Ile
13 - Tempête de Labé
14 - Le Barrage Antique
15 - Année 1966
16 - Histoire Ancienne/ Le Silo d'eau douce
17 - Conclusion

Fontagne


1- La Découverte:

En septembre 1962, au cours d'une des nombreuses excursions que je faisais périodiquement dans l'île de Riou et passant au col où le sentier venu du Mauvais Pays traverse la grande crête faitière, j'eus l’ idée d’aller examiner en détail la citerne construite contre le flanc Nord du Pic Occidental à 125m d’altitude, parce qu’il faisait très chaud et donc très soif, ce jour-là.

*1442
 

Solidement bâtie en maçonnerie, elle était à l’origine, couverte par une voûte en briques, et alimentée par le ruissellement des pluies sur la paroi du Pic, recueilli par une longue rigole maçonnée. La voûte était entièrement détruite, et le crépissage du fond et des murs en mauvais état; ceux-ci, très épais, avaient par contre bien résisté aux intempéries malgré une lézarde d’origine sismique, et un début de démolition dans la face Nord.
Très ancienne*, cette citerne avait servi à l’approvisionnement en eau douce de la petite garnison qui occupait la tour de la Vigie au sommet de l’ile depuis 1295,et peut-être avant.. Mais cela je ne l’appris que plus tard. Je décidais donc de tenter une restauration de l’étanchéité avec l’arrière pensée d’avoir là une réserve d’eau potable.

Les 16, 20 et 22 Septembre, aidé de ma femme Gisèle et de ma fille Michèle, nous montâmes des seaux pleins de sable, de ciment et d’eau, et je refis l’enduit intérieur jusqu’ à 0.90m de hauteur. Il ne restait plus qu’à attendre le prochain orage pour voir le résultat de nos travaux: il eût lieu le 13 Octobre dans la nuit.

Le 14 Octobre, j’escaladais de nouveau le tracé noir; je m’étais équipé de bottes de caoutchouc pour voir sur place s’il était intéressant de continuer la restauration.

40 ans plus tard le crépi a disparu à nouveau il y a 25cms d'eau seulement.
On voit les restes de briques qui formaient la voûte disparue depuis longtemps
Clichés M. Albert

Hélas la citerne était remplie jusqu’à 0.90m; il n’était donc plus possible d’y travailler ou bien il fallait en sortir des centaines de litres d’eau!
Je renonçais, me réservant de surveiller ultérieurement l’évolution de la qualité
de cette eau qui, n’étant pas abritée, ne manquerait pas de croupir lors des sècheresses de l’été suivant; ce qui d’ailleurs arriva dès le printemps 1963.

J’étais tout à la joie d’avoir réussi à remettre en état un des points d’eau de l’Ile.

En cours de route pour les Goudes, je pensais tout à coup à faire un crochet “en Fontagne”  (dénomination à la mode pêcheur ). Depuis des années en effet, j’étais à la recherche de la fontaine (fontana) qui en toute logique avait donné son nom à cette calanque à l’extrême Ouest de l’Ile. L’aridité est extrême dans ces parages en été, seule saison où j’avais l’habitude d’y venir, parce que la mer est généralement favorable. La sècheresse sévit en effet de Mai à Septembre, et les rares orages sont aussitôt absorbés sans laisser aucune trace d’eau nulle part.
Il faut dire que des années auparavant, en 1946, aidé de plusieurs amis, nous avions construit un abri en pierres sèches, sous la muraille d’une diaclase très inclinée à 110 mètres environ au sud-est du fond de la calanque, au lieu dit la Figuière, et que près du chemin, une vingtaine de mètres avant d’arriver à notre “habitation”, j’avais remarqué dans un éboulis un “mur” en pierres sèches de 2 mètres de long environ, enfoncé en terre de 30 cms du coté de l’est. Une sorte de fosse comblée qui m’avait parue alors être un poste à feu (affût de chasseur).
 A cette époque je n’y avais porté aucun intérêt.


Poste à feu 

Abri en pierres sèches en bas à gauche  sous la diaclase construit en  1946  par le Dr. Albert                                                  

 

fosse       chambre rectangulaire

Or, cet été 1962, un jour de désoeuvrement, j’avais un peu creusé avec les mains, dans l’angle sud-est de cette fosse, mais vite arrêté ce travail à 50 cms de profondeur à cause de la chaleur. Donc il fallait vérifier si par miracle, à la suite de cette forte pluie automnale…

Effectivement l’eau était là, limpide et fraiche dans l’angle où j’avais creusé!

Les fouilles commencèrent avec l’aide de ma femme et de ma fille. Par chance, le temps était au beau, la traversée en bateau facile.

Le 16 Octobre, sans outils, nous commençâmes à déblayer l’éboulis et à dégager un mur sud long de 1,60m; puis du 18 au 25, cinq journées de travail acharné, nous permirent de découvrir une chambre rectangulaire de 1,80m sur 1,60m jusqu’à 2m de profondeur, s’étrécissant vers le bas, constitué par de l’argile grise peu perméable.
Nous avions sorti de ce gouffre plusieurs mètres cubes d’éboulis et d’eau, et quelques fragments de poteries vernissées.

Et ce fût une longue période de mauvais temps où l’Ile fût inabordable: pluies, bourrasques de Sud-est, entrecoupées de l’inévitable Mistral durèrent jusqu’au 10 Novembre. Une accalmie me permit ce jour-là de réussir la traversée et d’arriver au chantier.

Le trou était plein d’eau claire..1,60m au dessus du fond..c’était bien  LA FONTAGNE!


2 - La Restauration -

Le 20 Novembre 1962 donc, le trou est vidé, curé, nettoyé. Il se présente comme suit:

En résumé, au fond, une enceinte irrégulière de 1 m2 environ, formée de gros blocs que j’appellerai primitifs, et sur ces blocs une construction rectangulaire plus récente de mur en pierres sèches de 1,60 x 1,80m.

Le fond, à moins 2 mètres environ est fait d’argile gris-bleue sur laquelle s’accumulent lentement quelques litres d’eau..Un suintement qui arrive sous le gros bloc sud.. il n’a pourtant pas plu de tout l’été.

Alors que je procède à un examen minutieux des lieux, je reçois sur le dos une des grosses pierres nord: Il est donc dangereux de continuer dans ces conditions et la décision est prise de sceller au ciment tous les interstices des murs sans déplacer quoi que ce soit de la construction mise à jour: Cela donnera de la stabilité à l’édifice et n’altèrera en rien son architecture.

Dès le 24 le transport de sable, ciment et eau est effectué par charge de 25kgs à un rythme accéléré parce que le temps a changé et que la saison des fortes pluies pourrait bien être en avance cette année.
Dès que le ciment des murs a durci, je creuse sous le gros bloc en cœur au Sud, dans de l’argile décomposée et découvre que ce bloc est posé en fait dans de la vase, qu’il a environ 70cms d’épaisseur, et qu’il ne “tient” que par la consolidation des murets qui le surmontent et l’encadrent! De plus il doit peser plus de 2 tonnes: ce n’est pas rassurant du tout!

Il faut maintenant l’étayer par dessous.

Le fond est creusé prudemment, la couche d’argile molle est traversée, et je peux construire sur du dur, 2 petites murettes latérales posées sur une mince couche de béton dont j’ai recouvert le fond.

Le lendemain, le ciment a bien pris; mon édifice a désormais des fondations et cela va beaucoup mieux pour moi. Je respire plus librement, car j’ai omis de dire que pour accélérer le travail je suis seul sur l’Ile depuis deux jours, j’habite sous la petite tente non loin de là, et que pour ne pas avoir à le surveiller, j’ai renvoyé mon bateau sur le continent avec ordre à son équipage de revenir me chercher. Au fait, quand?? Ah oui, après-demain!

Afin d’augmenter sa capacité, j’agrandis la cavité du fond dans l’argile mère vers le nord et commence à trouver des fragments de poterie que je mets machinalement de côté.

Le 30 Novembre donc, j’ai terminé la restauration de la Fontaine(Chambre Nord). Un filet d’eau a formé une petite flaque dans la cuvette du fond à 2.25m au dessous du sommet de la muraille ouest. Il arrive par un des 3 interstices entre les blocs qui ont été laissés libres pour permettre le remplissage par le bas.
N
éanmoins je jette un coup d’oeil en m’insinuant sous le gros bloc en cœur, et je découvre qu’il y a derrière un vide étroit dont je ne peux apprécier la hauteur dans le noir.. il faudra voir cela plus tard.

A court de matériaux, je commence à m’intéresser aux ébats de deux rates qui se sont familiarisées avec ma cuisine et prétendent même m’accompagner sous ma tente..

A minuit je suis réveillé par un coup de canon! Mais non! C’est un coup de tonnerre et tout de suite les gouttes de pluie crépitent dru. Le feu d’artifice durera toute la nuit, illuminant un véritable déluge, qui lui se prolongera jusqu’a midi.

En cette matinée du 31 Novembre 1962 j’ai assisté au remplissage complet de la Fontaine jusqu’à 1,60m au dessus du fond.

Les jours suivants il fait très beau. Le niveau de la Fontaine a baissé de 20cms en 8 jours. Dans le thalweg à l’ouest, un filet d’eau est apparu et une minuscule cascatelle descend la barre de roche au nord-ouest: je ne comprendrai que bien plus tard que c’est là le rio qui a donné son nom à l’ile. A sec d’avril à Septembre, il coule pratiquement tout l’hiver.. quand il n’y a personne pour le voir!

A ma connaissance il n’y a dans toute la région des Calanques entre Les Goudes et Cassis qu’un seul “rio” analogue, celui du puits de Segond au col de Sormiou.

Puis vint l’hiver: plus question de naviguer en barquette.

3 - Exploration des Alentours - Fouilles au Sud

Au printemps 1963 l’eau était toujours là, mais elle baissa rapidement dès le mois de Mai. Il  n’en restait plus en juillet qu’un fond putride..il n’avait pas plu à Riou depuis avril.
Bien entendu, il n’avait pas été possible de travailler durant tout l’été, à cause de la chaleur infernale dans ce chaudron. Il fallut attendre la fin de la canicule pour reprendre l’exploration.
Le coup d'envoi fut donné par une forte pluie le 31 Août 1963, et le niveau de la Fontaine atteint 1.67 le 2 septembre.

Je voudrais bien revoir le fond pour tacher de me faire une idée de ce qu’il y a derrière le gros bloc du mur Sud. Nous attaquons la vidange avec des seaux, mais ça ne baisse pas vite.
Nous revenons le lendemain avec 30 mètres de tuyau d’arrosage et posons un siphon: il fonctionnera pendant 6 heures et évacuera environ 3000 litres d’eau.
Sitôt vidée la vasque cimentée sous le gros bloc se remplit, et comme il faut m’y coucher pour voir quelque chose, je renonce.
Le 12 je n’ai pas encore réussi à assécher le fond.
Aussi nous attaquons une tranchée le long du mur sud, mais à l’extérieur; je m’aperçois tout de suite qu’il est fort mal construit et qu’il faut le cimenter aussi de ce côté au fur et à mesure que je descends. Le lendemain, voyage de matériaux de maçonnerie.
Le 14, deuxième déluge dans la nuit; le niveau remonte à 1.80m et noie notre tranchée. L’eau maintenant surgit dans les pierrailles à quelques mètres à l’ Ouest de la Fontaine.
Le 15 nous vidons au siphon, et pendant trois jours nous creusons la tranchée sud, maçonnant au fur et à mesure les blocs peu solides.
Nous déblayons ainsi une deuxième chambre semi-circulaire plus petite, et commençons à dégager les arrières du gros bloc en cœur.
Les déblais sont formés de cailloux agglomérés d’argile et contiennent de nombreux fragments de poteries, plus compacts que dans la chambre nord.
Le 18 tombe une forte pluie qui durera 36 heures. La mer étant calme sous les ondées, je reviens à la Fontaine.. c’est une inondation! L’eau ruisselle entre les pierrailles; le riou coule à près d’un litre/seconde et de petites cascades sautent gaiement les gradins rocheux de la barre nord-ouest. Dans la Fontaine le niveau est à 1,85m. Ce sera un record.

Quel contraste avec le paysage d’il y a un mois: le printemps est revenu dans l’Ile, la verdure a surgi partout et beaucoup de plantes sont en fleurs.
Je pose le siphon et tard le soir la Fontaine est presque vidée.
Le lendemain le niveau est remonté à 1,30m. Impossible de travailler dans la tranchée encore inondée. Il faut de nouveau siphonner et pendant 3 jours je ne parviendrai pas à assécher mon chantier sud malgré le beau temps revenu.
Le 24  enfin, je peux reprendre les fouilles, mais à midi un orage arrive du sud-ouest, et je dois me réfugier sous ma tente. Une véritable bourrasque s’abat sur la calanque. Il faut courir au secours du bateau dont les amarres pourraient céder. Pendant une heure ce sera la bagarre contre des tourbillons d’embruns et de pluie, et lorsque les cordes seront en place et le bateau enfin assuré, la tornade cessera aussi brusquement qu’elle est venue..
heureusement!

Dégoutés nous abandonnons le chantier et regagnons les Goudes. Nous venons, ma femme et moi, de faire connaissance avec la mauvaise saison à Riou.
Et ce n’était qu’un début. La largade se déchaina dans la nuit et dura 4 jours avec une violence inhabituelle. Inquiet pour le sort de ma tente, j’essayai bien depuis le col de Calelongue d’inspecter l’Ile aux jumelles, mais ne pus rien distinguer à cause du brouillard d’embruns qui recouvrait la mer sur les 5 kms.
Enfin le 29 Septembre le calme est revenu.
Mauvaise surprise en débarquant: la tente a été mise en pièces. Elle n’a pas résisté un mois à Riou. Mais en fin de comptes, les Dieux étaient avec nous, puisque nous avons pu retourner sans encombre aux Goudes le 24. Je n’ose en effet imaginer quel eût été notre sort pendant les 4 jours de tempête de noroit qui suivirent, sans vivres, sans tente et probablement avec le bateau envoyé par le fond.
Par un contraste étonnant, à ces tempêtes d’équinoxe succéda un mois d’Octobre magnifique, sans pluie ni coup de vent.
Dès le 2 Octobre, le déblaiement de la chambre sud est poursuivi. A un mètre sous la surface je retrouve des blocs primitifs délimitant le bas de l’enceinte.
L’un d’eux s’est écroulé et a glissé sous le bloc en cœur. En tentant de le retirer je m’aperçois avec effroi que je risque de faire basculer sur moi le gros bloc de 2 tonnes qui s’y appuie. Il y a un moment d’émotion!
Le remède est vite trouvé: il s’agira de cimenter tous les interstices arrière du mur sud qui est en fait un mur médian.
Le lendemain et les jours suivants le mistral nous retient sur le continent (nous étions devenus très prudents!), mais pendant ce temps le ciment eu le temps de bien durcir.
Dès l’accalmie, nous sommes de retour à la Fontaine, mon ami Lingria et moi, et réussissons à sortir avec des cordes ce malencontreux bloc de l’enceinte du bas, qui pèse plus de 130 kgs. Et le Mistral se levant, par précaution nous déménageons en vitesse, mais il ne dura pas.
J’étais parvenu dans l’argile grise à 1,80m sous la surface. Les débris de poteries étaient nombreux. Je retirai des anses cassées, puis une pointe d’amphore plantée dans la glaise. J’avais rejoint la vasque de la chambre nord par dessous le bloc en cœur, maintenant solidement fixé par ses cotés. Il ne restait plus qu’à bétonner le fond et reconstituer le nouveau mur Sud.
Vers le 16 octobre ce fut terminé.
Nous avions reconstitué solidement l’enceinte des blocs primitifs du bas, destinés à l’origine à isoler l’eau de l’argile et de la vase, et délimitant une cavité ovulaire de 1m x 2m à grand axe nord-sud, profonde de 2.25 mètres sous la surface actuelle.
Sa destination était évidente: elle nous fut précisée par l’examen des fragments de poterie retirés du fond dans la chambre sud, confié à Mr. Benoit, conservateur du Musée Borely et grand spécialiste de l’antiquité gréco-romaine.

Il s’agissait de débris d’amphores ou jarres à pate micacée, de fabrication massaliote, et datant de plusieurs siècles avant JC.
Ce point d’eau était utilisé par les Grecs qui l’avaient probablement aménagé en disposant les gros blocs plats de l’enceinte du bas. Restait à expliquer la présence au beau milieu de ce réservoir de cet énorme bloc en cœur planté droit comme un menhir.

Pour ma part je crois qu’à l’époque de la pleine activité de la fontaine des Grecs, il était posé à plat sur les blocs sud de l’enceinte primitive et servait en somme de couvercle pour protéger la cavité du soleil. Ultérieurement à la suite d’un séisme, il glissa dans le trou.. cette hypothèse se justifie par l’effondrement d’une bonne partie de la muraille de la figuière au Sud-Est et tout à côté de la Fontaine.
Renonçant à le sortir nos prédécesseurs se contentèrent de le mettre debout et d’aplomb. Nous reparlerons de cela plus loin, en étudiant les alentours de la Fontaine où subsistent encore des restes d’autres travaux de force impressionnants.

L’enceinte rectangulaire construite en pierres sèches sur les blocs du bas et le gros bloc en cœur est beaucoup plus récente, mais aucun vestige ne permettait de lui donner un âge à ce stade de nos travaux.

Ce qui est sûr, c’est qu’elle fut comblée tout récemment par un apport d’éboulis provenant des pentes Est, et dans lequel nous avons trouvé quelques rares fragments de poteries vernissées modernes.

Pour quelle raison?? Il est probable que la fontaine n’était plus utilisée depuis longtemps. Les habitants de l’Ile devaient disposer à la calanque du Monasterio de citernes d’eau pluviale (les dernières furent construites vers 1890).

Ils préférèrent combler ce trou d’eau croupie, infestée par les larves de moustiques(un des fléaux de l’Ile). Mais il y une autre explication que je donnerai plus loin, parce que je ne la découvris que 2 ans plus tard.

La Fontaine des Grecs étant maintenant solide, étanche et propre, il fallait l’aménager pour étudier son fonctionnement hydraulique.

La décision fut prise de recouvrir en dur la chambre Sud.
Du 15 au 20 octobre nous amenâmes des poutres en béton sur lesquelles des hourdies ou parpaings furent scellés. Sauf la rangée du sud-ouest où ils sont simplement posés. On peut donc facilement les enlever pour pénétrer dans la cavité sud. (Voir Dessin 6)

Le mur médian fut rehaussé à la côte 2.50 au dessus du fond et la couverture bétonnée fut recouverte d’une épaisse couche d’éboulis nivelée pour l’isolement thermique et le camouflage.
Restait à recouvrir la chambre Nord pour la protéger du soleil et de la pollution. Je me contentais de placer un panneau en planche laissant libre l’accès par la marche d’escalier de l’Est

                                                     

                               Dessin 1: LE FOND  en bleu les blocs primitifs avec l'arrivée de l'eau
                         en rouge la consolidation des murs

Dessin 2: Coupe à 1mètre du fond . Au même niveau à l'extérieur de la citerne, le pavage révélé par la tranchée

Dessin 3: Coupe à 1.95m du fond 

Dessin 6: Cavité Sud fermée avec les voutins non scellés pour accès

Dessin 7: Cavité Nord fermée avec regard et voutins non scellés pour accès par les escaliers

 

Dessin 4: Coupe Médiane Nord-Sud  en bleu les blocs primitifs
en vert les blocs anciens
en noir les constructions 1962-1963-1964
en violet l'argile compacte

Dessin 5: Coupe Médiane Sud -Nord 

4 - Fouilles au Nord-Ouest:

Je connaissais maintenant les limites Nord, Sud, Est et Sud-Ouest de la Fontaine.

Restait à explorer la zone Nord-Ouest où j’avais pu constater que le mur en pierres sèches de l’enceinte supérieure était simplement posé sur la couche d’argile inclinée du Nord au Sud et qu’il n’y avait pas la trace de l’enceinte primitive.

Une tranchée de 2 mètres fut ouverte dans le prolongement du mur Ouest vers le Nord.
Après avoir enlevé 80 cms d’éboulis et de pierrailles mal tassées, j’atteignis une couche de terre argileuse compacte, mélangée avec des cailloux et très riche en débris de poterie entre 0,90 et 1,20m au dessus du fond de la fontaine.
(J’utiliserai désormais les côtes d’altitude en prenant pour 0,0 le fond de la Fontaine.)

Des anses intactes ou brisées, une pointe d’amphore cassée en une dizaine de morceaux très érodés, en poterie micacée, donc massaliote/grecque, et les premiers fragments en argile rouge, probablement romains.
Cette couche n’avait pas été visiblement remaniée depuis des temps anciens où les récipients cassés étaient abandonnés autour de la fontaine par leurs porteurs.
Au dessous l’argile grise homogène vierge en pente montante vers le Nord d’environ 12 degrés où l’on ne trouve plus aucun vestige archéolo
gique, donc le fond de la cavité d’origine.

J’avais remarqué lors des premiers remplissages que la hauteur d’eau maximale moyenne était de 1,60m dans la fontaine. Espérant améliorer ce remplissage puisque là rien ne s’opposait hermétiquement à la fuite de l’eau, je construisis un petit barrage en briques de ciment implanté profondément dans l’argile grise vierge jusqu’à la cote 1,72, puis prolongeant les fouilles le long et à l’extérieur du mur ouest sur un mètre environ, j’exhumais encore beaucoup de fragments de poterie des deux époques ante et post JC.

La partie découverte de ce mur fut soigneusement jointée au ciment, et la tranchée fut rebouchée. Nous étions le 28 Octobre.

Il ne restait plus qu’à attendre les prochaines pluies pour voir les résultats de nos travaux; en effet depuis les vidanges successives à l’équinoxe de Septembre, l’apport d’eau avait été réduit dans la fontaine et s’était stabilisé à 0,50m environ.

Le 15 Octobre je l’avais complètement asséchée pour bétonner le fond.

Il n’était plus venu depuis que quelques dizaines de litres.

Le 30 Octobre le vent d’est se leva, violent: pendant 6 jours, pluies, orages, bourrasques s’abattirent sans interruption sur l’Ile; puis un coup de Labé (vent du sud-ouest) agita si furieusement la mer que les planches du débarcadère de la Calanque de Fontagne furent arrachées. Le mauvais temps dura jusqu’au 13 Novembre.

5 - Sondages & Amarrages:

Ce jour-là l’eau était à la côte 1,50 dans le réservoir, puis elle baissa lentement jusqu’au 26 pour atteindre 1,35m.

Un petit filet d’eau brillait dans le “riou”.

J’entrepris d’explorer les 12 mètres intermédiaires par des sondages à la barre à mine, principalement le long du thalweg à peine esquissé au nord-ouest de la fontaine.
A deux dates différentes, j’eus la surprise de constater que mes coups de sonde, après avoir traversé une zone de caillasses meubles, révélaient la présence de l’eau à une côte identique à celle observée dans le réservoir, jusqu’à environ 6 mètres de l’angle NW. Vérification fut faite avec précision par un nivellement à la planchette topographique. A cet endroit, à la côte 1,50m j’avais vu couler longuement une résurgence pendant les déluges de septembre. Au delà, le niveau liquide souterrain était beaucoup plus bas.

Première conclusion il devait exister là un barrage retenant l’eau à la côte 1,30 environ. Mais je ne pus me résoudre à reprendre les fouilles pour ne pas abimer les lentisques de part et d’autre du thalweg. D’autre part, l’expérience acquise rappelait que l’on ne pouvait en hiver travailler en toute tranquillité sur l’Ile dans les conditions actuelles. Il y avait un problème plus urgent à résoudre en priorité: celui de la sécurité du bateau.

Je savais que les gardiens de l’Ile, et notamment “Pipo” Meïni, qui habitaient les cabanes du Monasterio, lorsque le vent d’Est les mettait en perdition dans leur calanque, venaient amarrer leur bettes au milieu de la calanque de Fontagne où l’on voit encore sur les deux rives leurs anneaux.
Les pêcheurs des Goudes, notamment les anciens navigateurs à la voile d'avant la guerre de 1914, m’avaient confirmé qu’en hiver, pratiquement par tous les mauvais temps on était relativement à l’abri “en Fontagne”.
Aidé de mes amis, je disposais donc sur les deux rives une série de postes d’amarrage à toute épreuve: barres d’acier enfoncées à la masse dans les fentes du rocher et scellées, 5 à l’ouest, 6 à l’est. Nous pouvions étaler maintenant un coup de tabac.

Je devais ultérieurement constater que, même par fort Mistral, la calanque de la Fontaine, ouverte cependant au plein Nord-Ouest était meilleur abri pour un bateau que celle du Monasterio où les coups de mer passent par dessus la digue naturelle.
Et souvent par la suite, il m’arriva de préférer rester à mon port de l’Ile plutôt que de tenter une traversée hasardeuse par grosse mer vers le continent. Un seul point noir dans cette installation, le Labé, vent violent du sud avec grosse houle, qui avait démoli le mois d’avant les fortes planches du débarcadère, pourtant fixées à 2m de haut; Mais ses paroxysmes sont peu fréquents et assez facilement prévisibles. Heureusement d’ailleurs, car alors il ne resterait plus qu’à se confier à sa bonne étoile.
Je fis plusieurs voyages à Riou en Décembre pour observer le régime hydraulique. Deux pluies importantes alimentèrent suffisamment le réservoir pour que le niveau ne baisse pas au dessous de 1,40m. L’eau était limpide, de gout, légèrement saumâtre.

Une analyse complète en fut faite par le Dr Bassac: elle ne contenait pas de germe dangereux, était fortement minéralisée avec une teneur de 1,50g par litre, donc parfaitement potable. Une curiosité cependant, la présence de minuscules infusoires fort agiles, visibles seulement à la loupe, de provenance inexpliquée (peut-être projetés là par les embruns du Labé)

A partir de Noel 63 et jusqu’à la fin de l’année, il fit très beau, et je mis à exécution un projet que j’avais muri depuis quelque temps: Ouvrir une tranchée à proximité du Riou, et qui recouperait toute la zone comprise entre la barre rocheuse au Nord et le chemin au Sud à 1m environ du mur Ouest du réservoir. Il s’agissait de chercher comment l’eau s’échappait de la fontaine et si c’était bien cette même eau qui alimentait le riou.

Ce travail fut exécuté en 4 jours consécutifs. Sur 10 mètres de long, j’enlevais une couche mince de caillasses, puis de sable argileux fortement tassé, et découvris tout le long la couche grise homogène identique à celle du fond du réservoir. Deux poches profondes de 1m, étaient séparées par un pont de 0,80m de haut.

+

Au Nord la barre rocheuse parfaitement lisse. Au Sud la moraine alluvionnaire dans laquelle est creusé le thalweg du vallon de la Fontaine, et sur laquelle la couche d’argile remonte en escalier jusqu’à effleurer le sol sur le chemin.

Au fond de la poche sud un filet d’eau glissait sur l’argile et ressortait derrière le thalweg pour former le riou.
A noter que ce terrain paraissait vierge et que je n’avais trouvé que des fragments d’une grosse jarre en argile rouge enterrée à 0,20m seulement sous la surface dans le thalweg issu de la fontaine.
La tranchée de Noël resta ouverte à l’air libre pendant toute l’année 1964.

Durant l’hiver le niveau de la fontaine varia entre 1,40 et 1,62 au moment des précipitations abondantes qui remplissaient la tranchée jusqu’à 0,90.
L’étanchéité n’était pas parfaite surtout dans la poche nord qui se vidait plus vite que la poche sud.

A Pâques, 30 Mars 1964, une deuxième analyse de l’eau du réservoir montra qu’elle était toujours potable et que la teneur en NaCl s’était maintenue à 1,50g/l malgré l’aspersion des terrains environnants par les embruns des Largade et Mistral de l’hiver, deuxième fléau de l’Ile.

Le troisième fléau se manifesta à partir d’un lundi de Pâques 65: la sécheresse.

De ce jour-là au 26 septembre, c’est à dire pendant 6 mois, il ne tomba sur l’Ile que deux courts orages en Mai qui ne mouillèrent la terre qu’à quelques cms de profondeur.
L’eau baissa dans le réservoir. Pendant longtemps durant le moi de Mai elle se maintînt à 1,20m, mais l’écoulement dans la tranchée et dans le riou s’était tari.
Ce qui confirmait l’existence quelque part sous les lentisques d’un barrage qui retenait l’eau à la côte 1.20-1,30, jusqu’à ce que la dessiccation des terrains de surface ne l’absorbe par capillarité, les arbustes du voisinage pompant le reste.

J’imaginais alors qu’en barrant tout le vallonnement de la Fontaine par une construction implantée profondément dans l’argile de base j’arriverai peut-être à améliorer la retenue.

6 - Le Groupe d'Etudes d'Acclimatation et de Reboisement:

Entre temps j’avais communiqué à notre ami R. Renaud le résumé de mes découvertes et de tous mes travaux.

Enthousiasmé à l’idée de reprendre à Riou les études de reboisement auxquelles il s’était déjà livré quelques années auparavant, avec maintenant des chances de résultats intéressants puisqu’il y avait deux points d’eau d’arrosage dans l’Ile, il commença des démarches auprès de l’administration des Domaines pour obtenir la concession de Riou en faveur de notre G.E.A.R.

La réponse fut favorable en Mai et confirmée en Décembre 1963 pour un bail de plusieurs années.

Nous avions désormais les mains libres et du temps devant nous pour continuer ces recherches passionnantes d’hydrologie et d’archéologie.

De plus j’avais toujours rêvé de faire une étude topographique précise de l’Archipel de Riou, la seule carte dans le commerce étant la feuille au 1/20000 de l’IGN, insuffisamment détaillée dans son exiguïté.

Mais il fallait un abri pour les outils, les instruments de topographie, les opérateurs et les ouvriers.

Il était impensable de s’installer dans la cabane de l'Aiglon en partie délabrée et perpétuellement occupée par les foules de l’été, et il faut bien le dire par les braconniers de la mer en toutes saisons.

Je proposais donc de construire un petit refuge sur la plateforme où j’avais installé ma tente. De là on pourrait surveiller les bateaux dans la calanque et conserver outils et instruments à proximité de la Fontaine. Ce serait de plus un abri pour 3 ou 4 personnes en cas de mauvais temps.

La construction commença en Mai. Dès juin nous dûmes l’interrompre, la chaleur était insupportable, et dura jusqu’en août.
Elle ne fut terminée et habitable qu’en septembre 1964.

En premier plan la cabane, en second plan l'emplacement du barrage, en troisième plan la plateforme de la fontaine avec le Dr. Albert près de la planchette qu'il utilisait pour les dessins de détail. Directement derrière  la plateforme, la barre rocheuse au pied de laquelle il trouvera le squelette.

7 - Couverture et Enfouissement du Réservoir:

Pendant cet été torride, le niveau dans la fontaine avait lentement baissé. Nous ne l’utilisions qu’avec parcimonie, car il était évident, et ce fut la révélation de cette période de sécheresse inouïe, qu’il ne s’agissait pas à proprement parler d’une fontaine alimentée par une source pérenne, mais simplement d’une citerne naturelle crée par la coulée alluvionnaire de sable argileux rouge compacte venue du Sud et qui avait barré le vallonnement. J’eus d’ailleurs la confirmation de cette hypothèse lors des fouilles ultérieures à la recherche du barrage souterrain qui maintenait longuement le niveau des eaux à la côte 1,25 dans le réservoir.

Il fallait donc protéger cette nappe d’eau de l’évaporation solaire, et de toutes les pollutions extérieures provoquées par les animaux qui y venaient nombreux, gabians, lapins, rats, sans oublier les larves de moustiques.

Les murs de la chambre nord furent donc consolidés et rehaussés au niveau du mur médian; un escalier construit à l’Est qui aboutissait à la grosse marche dont j’ai parlé lors de la découverte; et un plancher de parpaings ou hourdis fut cimenté sur 4 poutres en béton.

Seule la partie centrale au dessus de l’escalier ne fut pas scellée pour permettre l’accès dans la cavité en vue de visite ou de nettoyage ultérieurs.

Le tout fut recouvert d’une couche de 10 cms de pierrailles d’éboulis, nivelée pour l’isolement thermique et le camouflage. Je mentionne aussi une bonde en bronze scellée dans un hourdi, par laquelle nous tirions l’eau nécessaire aux travaux et jaugions le niveau.

Puis je construisis une vasque dans l’angle sud-est, alimentée par l’eau de pluie recueillie sur la couverture et canalisée dans les pierrailles à l’usage des animaux de l’ile.

La Fontaine des Grecs avait disparu à nouveau, mais elle était hermétiquement close. L’année prochaine je verrai à installer une pompe.

Le 26 septembre la première pluie un peu importante arriva enfin. Le sol était tellement sec que l’apport d’eau fut insignifiant dans le réservoir: niveau à 0,25m.                         

8 - Le Barrage Ouest:

Le temps était maintenant favorable pour le transport de nombreuses charges de sable et de ciment destinées à la construction du barrage tout le long de la tranchée de Noel. Heureusement la pierraille était fournie sur place par les éboulis voisins.

Deux mètres cubes environ de béton, c’est-a-dire plus de 5 tonnes furent “coulés” entre le 29 septembre et le 20 Octobre 1964.

Je ne m’étendrai pas sur ce labeur écrasant, ni sur les contestations homériques qui opposèrent ingénieurs et ouvriers mécontents de fabriquer à la pelle des gâchées de 300 ou 400 kgs! Je dus passer seul la dernière semaine sur l’Ile pour terminer ce barrage avant les grosses pluies d’automne.

Le 22 Octobre la tranchée de Noel était rebouchée, nivelée, le barrage était totalement enterré invisible.

Le 29 Octobre le temps s’était remis au beau. J’en profitai pour vérifier la solidité extérieure du mur ouest. Les fouilles furent menées jusqu’à la côte 0,70m.

Le premier mètre révéla une épaisse couche de caillasses d’apport récent puis à la côte 1,20m la couche d’argile mixte à poteries anciennes d’où je retirai des anses de facture inédite.

Au dessous l’argile grise compacte dans laquelle des blocs étaient enfoncés; je ne pus descendre au dessous de la côte 0,70m dans l’argile. C’était d’ailleurs sans intérêt, elle était vierge.

Je reconstituai alors l’extérieur du mur Ouest en cimentant les interstices des blocs hétéroclites. Il en avait bien besoin pour sa solidité.
A la Toussaint tout était terminé. Le terre-plein de la fontaine avait pris son aspect actuel, avec au Sud-Ouest un banc de pierre formé des morceaux d’un bloc de 300 kg que nous venions de retirer de la dernière tranchée.
La première semaine de Novembre 1964 fut pluvieuse. Le 7 je procédai à la vidange et au nettoyage du réservoir de la Fontaine où l’eau était montée à 0,45, mais était souillée par des apports argileux venus des alentours récemment remaniés.

9 - Le Squelette du Turc:

A l’Est de la Fontaine, à 5 mètres environ, une barre de roche homogène clôt le vallonnement sur une ligne Nord-Sud.
J’étais toujours à la recherche d’une arrivée d’eau de source hypothétique qui aurait pu justifier ce terme de Fontaine.
J’entrepris donc de déblayer la base de l’éboulis qui l’avait submergée, et duquel il semblait bien que l’on avait prélevé les éléments du comblement de la cavité, ceux-là même que nous avions eu tant de mal à extraire lors de la découverte.

J’étais parvenu à 50cms de profondeur, c’est-à-dire à 1 mètre environ du sommet de la barre, lorsque je découvris quelques petits ossements.
Je n’y prêtais pas attention tout d’abord. Mais le coup de pioche suivant fit sauter un os long. Surprise!
Il avait toutes les apparences d’un tibia. Prudemment j’avançais la fouille vers le Nord jusqu’à dégager les extrémités de deux fémurs.

La nuit était venue. Il était temps de rentrer aux Goudes.


 Scoliose  prononçée

                                                             

Le lendemain je dégageais entièrement à la fourchette un squelette enseveli le long de la barre, les bras croisés sur le thorax dans une position habituelle de sépulture.
Il manquait la jambe droite et les os du pied gauche que j’avais éparpillés sans les remarquer, puisque la chance avait voulu, pour son intégrité que je déterre cet inconnu en commençant par les pieds!
Il fut identifié par Mr. Charles, savant anthropologue du Muséum de Paris: homme de 35 ans, 1.77m, de race macédonienne; enseveli depuis une époque difficile à préciser entre 400 et 700 ans avant nous.

Or Bouillon Landais dans son livre sur l’ile de Riou, nous apprend que les Turcs, Sarrazins ou Barbaresques faisaient alors des expéditions sur les iles et le littoral Sud.
En Mai 1527, les 3 gardiens de la Vigie de l’Ile et qui habitaient certainement au Monasterio quand ils n’étaient pas de garde à la tour du sommet, analogue aux tours sarrasines corses, furent massacrés par les Turcs.
Les dates semblent suggérer que l’un des Turcs, blessé et amputé de la jambe droite mourut au campement qu’ils avaient installé à la Calanque de la Fontaine hors de vue des guetteurs de la tour, et fut enterré là, sans vêtements, ni linceul, dont nous n’avons trouvé aucune trace.

Cela implique nécessairement qu’à cette époque là, la Fontaine n’était plus un point d’eau potable. Les assaillants n’auraient pas enterré un cadavre à proximité immédiate d’une source dont ils avaient grand besoin sur l’ile.

On peut donc conclure que l’enceinte rectangulaire en pierres sèches est postérieure à cet enterrement, et que ceux qui restaurèrent ainsi la vieille fontaine gréco-romaine ignoraient la présence du cadavre au pied de la barre rocheuse, et recouvert par l’éboulis très actif à cet endroit.
Mais on ne peut pas préciser que des habitants de l’Ile exécutèrent ce travail: au 18ème siècle les fauconniers, les refugiés de la peste de 1720, au 19ème les ouvriers des sablières ou des pêcheurs pourraient en être les auteurs.

Le comblement récent j’allais dire moderne parait être dû à Mr. Fournier locataire de l’ile en 1900.*

10 - Début des Plantations du G.E.A.R.:

Les pluies importantes tardèrent à venir cet automne-là. Pour Noel 1964 il n’y avait qu’un mètre dans le réservoir, et rien dans le barrage.
Le GEAR avait commencé des essais de plantation diverses, et moi-même j’avais disposé de nombreux tamaris dans les alentours de la cabane et du Riou.
Ce n’est qu’à la fin Janvier que l’eau monta dans le réservoir à 1,45 et fut retenue par le barrage en béton à 0,80. J’eus alors la mauvaise surprise de revoir couler le rio dans son thalweg; cette résurgence ne devait tarir qu’à la mi-avril sans que la retenue du barrage atteigne jamais le sommet de celui-ci, soit 1,40.

          Le vallon du Rio devant le barrage aujourd'hui ,et les plantations de tamaris 
 
(Cliché M. Albert)      

11 - Construction du Mausolée:

Le mois d’avril 1965 fut exécrable: 22 jours de vent d’Ouest ou Nord-Ouest consécutifs!
Je mis à profit cette claustration forcée sur le continent pour étudier la pose d’une pompe et la protection de la vasque destinée aux animaux.


En souvenir de la sépulture du Turc je dessinais un petit édifice rappelant vaguement un tombeau.
Il fut construit en Mai et terminé à Pentecôte sous un orage violent.


(Cliché Dr. Albert)

12 - Topographie de l'Ile:

Pendant le printemps, l’été et l’automne 1965 je fis le relevé topographique au 1/5000 de toute l’Ile.
J’observais en même temps le régime hydraulique de la Fontaine.
Avril et Mai furent très secs; il fallut arroser nos plantations si bien qu’au début juin il n’y avait plus que 0,75 d’eau dans le réservoir.
En Juillet et Août il plut fréquemment au grand bénéfice de la végétation.
A mon grand étonnement un orage en Juillet qui avait déversé 27mm d’eau en 2 heures n’amena rien dans le réservoir ni dans le barrage.
La remontée ne débuta qu’en Septembre et bien lentement.
A la fin Septembre résurrection de la myxomatose qui sévit à Riou depuis 1952.

L’épidémie à une allure foudroyante décima les quelques dizaines de lapins qui subsistaient encore.
Je trouvais les cadavres des trois lapins qui habitaient près de la Fontaine dans ses parages, C’était une cause grave et inattendue de pollution de l’eau difficile à pallier.
Avec ma femme, je brulais tous ceux que je pus découvrir pendant 2 jours.
Très peu survécurent dans l’ile.

13 - Tempête de Labé:

Le 29 Novembre 1965 après une nuit de pluie le vent tourna au Sud et se renforça à 8-9 Beaufort (100km/h) pendant toute la matinée et la tempête de labé se déchaina dans l’après-midi pour durer toute la nuit suivante, accompagnée par une houle énorme.
Ce paroxysme exceptionnel ne s’était pas vu depuis février 1941, et le précédent peut-être encore plus violent en 1935.
A la tombée de la nuit j’étais à Calelongue pour essayer de voir ce qui se passait aux iles:
Riou n’était pas visible dans le brouillard liquide, Plane non plus.
Jarre était submergée à la Baume des Morts à l’arrivée de chaque vague.
Calelongue était assaillie par des lames de 7 à 8 mètres à l’entrée, et l’une d’elle atteignit environ 9 à 10 mètres sous mes yeux. Le plan d’eau se vidait et se remplissait au gré de la houle gigantesque; plusieurs coups de mer montèrent jusqu’à la porte de bar de la Grotte; des dizaines d’embarcations furent brisées en menus morceaux, comme de simples allumettes.
Dès l’accalmie et l’atténuation de la houle résiduelle, je filais à Riou: le débarcadère complètement disloqué, les rails de son ossature tordus ou cassés; les épaves rejetées jusqu’à la hauteur de l’ancien treuil de Pipo me renseignèrent tout de suite sur l’importance du ras de marée qu’avait subi l’Ile.
De formidables projections d’eau salée avaient franchi la falaise Sud près du collet en haut du vallon de la Fontaine. A cet endroit elle a 25 mètres de haut. Mais d’après le point d’impact voisin sur le chemin, les gerbes avaient dû s’élever à 30-35 mètres au moins, avant de dévaler le vallon où elles avaient arraché le sentier, saccagé les plantations voisines et dénudé la roche.

C’était donc surtout la mer qui creusait ce thalweg rouge dans le vallon de la Fontaine et non les eaux de pluie comme je l’avais d’abord pensé.

Mais ce qui était plus grave, c’est que tous les alentours de la Fontaine avaient été salés par les embruns. L’eau de la vasque elle-même, pourtant à l’abri était imbuvable. Tout le long de la crête de la Boulégeade les lentisques étaient roussis.
Ainsi aux apports d’embruns de la Largade s’ajoutaient ceux infiniment plus considérables du Labé, créant une sur-salinité du sol telle que les pluies d’hiver n’arrivent pas à la dissoudre.
En juillet 1966 constatant que malgré des arrosages répétés les tamaris ne grandissaient pas et que beaucoup d’animaux familiers de la vasque avaient disparu, je fis un nouveau dosage du NaCl dans l’eau de la fontaine:
6 grammes par litre!
Dès Septembre, je vidais complètement le réservoir de cette saumure et apportais l’eau douce des Goudes pendant tout le mois.
Cet envahissement périodique par l’eau de mer est, à n’en pas douter, la raison majeure de l’abandon de la vieille Fontaine et son comblement.
Il est probable que pendant l’antiquité les pluies étaient plus abondantes que maintenant et arrivaient à rincer les traces des coups de Labé, sinon elle n’eut pas été aménagée et aussi fréquentée comme je devais le constater lors de fouilles ultérieures.
Actuellement l’Archipel de Riou est avec Planier la zone la plus sèche de France.
Et c’est avec un certain découragement que je me remémorais tous les efforts que nous avions déployés pour remettre en service un point d’eau que je devrais appeler la Citerne d’Eau Salée plutôt que la Fontaine des Grecs, si je n’y étais contraint par le sigle local du patois pêcheur “en Fontagne”.

Cependant de telles tempêtes sont rares. Je n’en ai connu que 3 en 38ans où la mer dû dévaler le thalweg. Il n’en reste pas moins que les projections d’embruns sont assez fréquentes par les Labés moyens. De Calelongue on voit assez souvent les gerbes d’écume s’élever très haut au dessus du collet “en Fontagne” et donc retomber en pluie salée sur notre zone. Et perpétuellement annihiler ainsi les chances d’y acclimater d’autres plantes que les halophytes chers à Mr. Knoerr qui leur consacra sa thèse de doctorat ès-science, ou les tamaris et les pins d’Alep indigènes.

14 - Le Barrage Antique:

Après avoir constaté qu’il m’était impossible d’arrêter la fuite de l’eau de la Fontaine vers le Riou, fuite provoquée je crois par capillarité dans la couche d’argile compacte du fond quand elle est saturée d’eau, j’envisageai de la récupérer au sommet de la barre rocheuse au Nord-Ouest.

Sur l’emplacement idéal d’une retenue on observe plus à l’ouest trois blocs de pierre bien alignés. Je ne saurais dire si ce sont les vestiges d’un barrage détruit par le torrent d’un Labé, ou le début d’une construction arrêtée au spectacle de ce torrent.
Le plus gros des blocs doit peser 900 kgs et le plus petit 600.
Peut-être ont-ils été amenés là par les constructeurs du réservoir de la fontaine, ceux qui mirent debout le bloc en cœur. Mais il est certain que l’on a tenté de créer là un réservoir important.
Pour ma part je serai plus modeste et construirait en 1966 un petit bassin dans le thalweg alimenté par le Riou quand il coule!

15 - Année 1966:

Depuis le labé mémorable, j’avais arrêté les travaux de la Fontaine. Il était vain, en effet, de s’obstiner à lutter contre des conditions climatiques particulières à ce vallon, et qui sont en fait les plus mauvaises de toute l’Ile.

Il me fallut je ne sais quel remords de conscience et aussi une bonne dose de désoeuvrement pour entreprendre l’exploration du sous-sol entre la Fontaine et le barrage en béton.

En septembre 1966, j’ouvris une tranchée à 2.50m environ à l’Ouest de la Fontaine parallèle au barrage en béton.

Après avoir enlevé la couche superficielle d’éboulis récent, j’atteignis à la côte 1m50 (au dessus du fond du réservoir) une couche de caillasses plus anciennes, avec les les habituels nombreux fragments de poteries, et, ce qui était nouveau, des ossements d’animaux non-identifiés: très probablement un Kjoekken Medding (débris et déchets de cuisine ancienne)

A la côte 1m25 une couche de fines pierrailles d’éboulis et finalement à 1m-1m10 la couche d’argile grise dans laquelle était enchâssé un dallage grossier de petits blocs.
Le fond du thalweg, non remanié, se trouve à 0m56 et un sondage à la barre à mine à cet endroit révéla la roche à la côte 0,02m

Dans les interstices des blocs, ma femme dégagea un fond conique de jarre massaliote et tout à coté le bout cylindrique d’une très grosse jarre d’argile rouge, sans compter de nombreux autres fragments informes

 

 

 

Fond de Dressel 2/4 de Tarraconaise

Fond d'amphore Punique

Deux remarques: l’argile du fond était à peine humide, et toute l’épaisseur de la tranchée absolument desséchée par la rigueur de l’été. Il n’y a donc pas de source pérenne pour alimenter la Fontaine en dehors des pluies de la mauvaise saison

Le barrage naturel que je recherchais et qui retient assez longuement l’eau à ce niveau dans le réservoir après ces pluies était plus loin vers l’ouest.

Cette tranchée fut refermée après avoir disposé sur l’emplacement précis du thalweg du fond un tube d’acier scellé pour jauger par la suite les variations de niveau.

J’ouvris une deuxième tranchée plus à l’ouest à environ 5 mètres du mur de la Fontaine; pour ne pas trop abimer les racines des lentisques voisins, j’en limitai la longueur en oblique par rapport à la précédente.

Le thalweg de la surface à cet endroit est à la côte 1m70. La couche superficielle, chargée d’humus, est beaucoup plus compacte ici, et difficile à traverser.

A 1m30 j’atteignis un magma homogène d’argile pauvre mélangée de pierrailles dans laquelle étaient enfoncés des blocs identiques à ceux du fond de la fouille précédente. Cette couche remontant en pente modérée vers le Nord et le Sud.

Un sondage à la barre à mine au point déclive traversa le magma jaune, atteignit l’argile grise du fond à la côte 0.70m mais ne put être mené jusqu’à la roche.

Les fragments de poterie n’apparurent plus dans ce magma jaune.
Par contre à sa surface fut découverte une pointe d’amphore d’argile rouge, et de rares fragments à pate micacée.

Fond d'amphore  africaine   +50

Le 28 et le 29 une très forte pluie déversa sur l’ile environ 75mm d’eau en 24 heures! A mon retour au chantier la tranchée oblique était inondée jusqu’à la côte 1m30; les jauges du réservoir et de la tranchée médiane révélaient la même hauteur d’eau. Plus à l’Ouest, divers sondages indiquèrent des niveaux franchement plus bas. J’avais donc mis à jour ce barrage tant cherché; nouvelle désillusion..il n’était pas de facture humaine. Il s’agissait tout simplement de cette coulée alluvionnaire venue du sud, dans laquelle la mer a creusé le ravin rouge du Riou, et qui a envahi en le barrant le vallonnement secondaire de la Fontaine.

Pour vérifier où en était le rinçage des résidus salés du Labé 1965, un nouveau dosage du NaCl fut fait dans l’eau du réservoir: il y avait encore 3 gr/litre.

A la mi-Octobre survinrent deux fortes pluies.

Les jauges installées dans le réservoir et les tranchées médiane et obliques indiquèrent toutes 1m56 de hauteur d’eau.

Celle du barrage en béton, 1m seulement, et le riou se remit à couler.

En Décembre je devais contrôler de nouveau la salinité des eaux en réserve, mais le 4 une tempête de Nord-Ouest d’une violence indescriptible, (toute la journée vent de 70 noeuds avec des pointes à 100 noeuds, 113 à 180 kms/h, record jamais vu de mémoire d’homme ) submergea  d’embruns toute la partie Ouest de l’Ile.  Je renonçais.

 

  Dessin à la planchette du site à l'échelle 1/50   de Septembre à Décembre 1963

 

Dessin à la planchette des zones fouillées en pointillé violet

 

Dessin à la planchette  du site et de la Tranchée exécutée pour la Noel de 1963

Coupe de la Tranchée de Noël qui deviendra le barrage


Dessin à  la planchette
 du site  avec les tranchées en Septembre 1966
Sous-sol entre Barrage et Fontaine

Plan des coupes  qui suivent

Coupe de niveau  à 1.50 mètre à l'est du barrage en béton

Coupe Nord Sud au Ravin

 

Coupe  x-y, regardant vers le nord suit pratiquement le thalweg 

 

Coupe de niveau  à 6.0 m à l'est du barrage en béton:, en regardant vers  l'est et la citerne tranchée  parallèle au mur de la citerne.
en bas l'ouverture de la tranchée en Sept 1966
en haut le rebouchage

16 - Histoire Ancienne: Le Silo d'eau douce:

Au fur et à mesure de l’exécution de toutes ces fouilles, j’avais fait un relevé très précis des diverses coupes de terrain à la planchette topographique.
Ceci me permit de recoupement en recoupement d’imaginer le passé de ce point d’eau et les aménagements qu’il reçut au cours des âges.

Hypothèse: Aux origines par un caprice de séïsme qui décolla la falaise de la Figuière, sur un plan de clivage presque parfait, un effondrement local forma une cavité rectangulaire limitée par 3 cancels abrupts: au nord une barre rocheuse rectiligne, à l’Est la barre du Turc, au Sud une autre barre en prolongement de la falaise de la Figuière et à l’Ouest presque de plein pied le thalweg du riou actuel. Un cancel en patois local signifie une barrière.

17 mètres de long sur 10 mètres de large: 170 m2 environ.

Là dedans les pluies abondantes de l’époque affluèrent, décomposant la roche du fond en argile grise.
Plus tard la moraine alluvionnaire rouge se déversa le long du thalweg et en s’amoncelant ferma à l’Ouest le quatrième coté de notre cavité. Je ne saurais dire si elle fut apportée par la mer où les déluges préhistoriques; hypothèse la plus plausible, par la mer.
La cavité de faible profondeur aux origines était devenue ainsi un véritable réservoir bien alimenté par un bassin de réception d’eau pluviale important.
Bonne surprise, pour les premiers Massaliotes ou Grecs qui débarquèrent à Riou.
Navigateurs et pêcheurs avaient à leur disposition l’eau douce, tout à coté de l’un des meilleurs ports-abris naturels de la côte des Goudes à Cassis.
Seulement l’eau était souillée par son contact avec l’argile du fond très soluble. De plus la grande cavité rectangulaire avait été peu à peu envahie par les déchets de l’érosion, et se trouvait réduite à un bassin ovalaire de 7 mètres sur 3 environ de grand axe NW / SE
Pour éviter de patauger dans la vase, les premiers usagers disposèrent un dallage à peu près horizontal de blocs assez espacés à la côte d’altitude 1m10 à 1m30 et dans leurs intervalles ils plantèrent dans l’argile des amphores ou des jarres à fond pointu qui recueillirent l’eau lors des crues et la conservaient pure et fraiche, puisque elles étaient en partie immergées.


C’était en somme pour l’eau le même dispositif que les Docks Romains du Vieux Port pour les céréales ou le vin. Au cours de mes fouilles j’ai trouvé tout au fond 6 pointes d’amphores ou jarres, et un opercule d’amphore micacée; ce qui donne une bonne assise à cette hypothèse de silo d’eau douce.

Plus tard le gros bloc en cœur qui protégeait du soleil l’arrivée des eaux, tomba dans le trou, où il fut remis debout pour dégager la fontaine obstruée.

Et ce fut la longue période d’obscurité historique qui s’étend de l’époque Romaine au 13ème siècle.
Bouillon-Landais, archiviste et bibliothécaire de la ville au milieu du 19ème siècle a dû compulser tous les documents susceptibles de révéler les détails du passé de l’Ile de Riou; son histoire débute en 1295, son livre parut en 1859 et ne mentionne pas la Fontaine des Grecs. On peut donc supposer que le point d’eau abandonné depuis l’antiquité ne fut remis en bon état qu’après cette époque.
Ce serait donc les ouvriers des sablières, installés dans les cabanes du Monasterio et du déversoir de la Grande Sablière qui auraient construit l’enceinte rectangulaire en pierres sèches affleurant la surface en 1962. Cet édifice, quoique de forme régulière était en effet peu solide et n’aurait pas résisté à plusieurs siècles.

Lorsque les sablières furent épuisées vers la fin du 19ème siècle, et les ouvriers partis, ce fut de nouveau l’abandon et la dégradation rapide de la Fontaine
Vers 1900, pour se débarrasser d’un trou d’eau putride, réservoir à moustiques, les locataires de l’Ile le comblèrent en utilisant l’éboulis qui dévale à l’est jusqu’à la côte maxi de l’eau (1.55) négligeant de faire disparaitre le haut des murs désormais à sec.

17 -Conclusion:
Ainsi se termine l’histoire de la Fontaine des Grecs.
Au cours de ces quatre années d’efforts persévérants, j’ai eu la chance ou la malchance d’assister à un résumé saisissant de toutes les vicissitudes climatiques que subit l’Ile de Riou:

A l’exaltation et l’enthousiasme de la découverte de 1962-1963 ont succédé l’amertume et la déconvenue de la réalité en 1966.
Il me reste à souhaiter qu’un régime climatique meilleur s’instaure sur l’Ile de Riou dans les années à venir, et que notre citerne d’eau salée redevienne la fontaine d’eau douce des anciens, car nous l’avons reconstruite pour durer.

M’ont activement aidé, et je les en remercie, outre ma femme et ma fille, Joseph Lingria, Jean Meunier, Néné Devergie, Madame et Mademoiselle Devergie, Gaston Cristianini, tous membres du G.E.A.R.

 

Rectificatifs

Le locataire des années 1900 n'est pas E. Fournier qui fit en particulier des fouilles à Maïre, mais Mr. Tronc.

 Le "Mausolée" qui abrite la pompe et la vasque de la Fontaine des Grecs,  et la tombe temporaire, non pas d'un pirate turc, mais d'un prince allemand Alexis von Bentheim qui fût abattu le 2 Décembre 1943
 


 La Fons aujourd'hui

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