LA PÊCHE dans les CALANQUES
Les hommes sont venus dans les Calanques pour y pêcher et y chasser depuis au moins 30,000 ans. Une constante historique..ils se sont souvent rabattu sur les arapèdes et les bïous, à tel point que l'on constate la disparition de la patella ferruginea pendant le néolithique. Déjà!..l'abus des ressources naturelles!
Ce sont ces aperçus du passé qui doivent beaucoup au
hasard que je vais mettre sur cette page.
Un recueil de mes rencontres.
Lorsqu'on m'a dit que ces morceaux d'amphores de la
Fontaine des Grecs qui
trainaient dans un cageot depuis 40 ans servaient à mettre du thon en saumure
dans la calanque de l'Aiglon du temps des Romains, j'ai été stupéfaite.
J'ai
cherché à comprendre comment ils procédaient, mais les comparer aux Marocains,
ou aux Espagnols n'apporte pas de preuve. Tout ce que je sais c'est qu'il y a
des amphores qui ont été cassées, qu'il y avait des morceaux de thon
probablement mis à sécher puisqu'on trouve des tessons et des vertèbres de thon
jusqu'aux pins du petit vallon. D'après les fouilles de l'Ile Verte à la
Calanque St Pierre, d'autres espèces étaient aussi pêchées comme les poissons
de roche les bonites, les maquereaux.
2000 ans
Musée de l'Histoire de Marseille
La seconde rencontre, c'est au Caran à Paris, où devant des étagères de catalogues j'ai pris un livre au hasard et j'ai vu le mot Riou en le feuilletant. Un dossier important qui a opposé en 1747 le comte du Luc, Monsieur de Vintimille, qui voulait établir des Madragues à Sansuart, Callesaraigne et Fontagne, et les Prudhommes de Marseille qui devaient prouver qu'ils avaient le droit de pêche depuis l'Aquila jusqu'à la Couronne.
Donc une historique de cette "vente" d'un droit de
pêche par le Roi René, Comte de Provence, qui ne pouvait pas rendre les 1200 florins empruntés pour
construire l'hôtel des Templiers, qui est aujourd'hui le Fort St Jean. Ils eurent
gain de cause, mais le Comte de Luc était tout de même propriétaire de la
Madrague de Podestat, et de celle de Montredon.
Les lettres patentes sont invoquées, mais lorsque Louis XIV avait investi la ville,
il avait révoqué tous ses privilèges!
Donc la fameuse vente du port de Morgiou n'est que cela, un privilège, un droit
de pêche, sur des terrains qui appartiennent toujours au comte de Provence et
plus tard à son héritier le Roi de France. La preuve, c'est qu'il faut un
renouvellement des lettres patentes par Louis XIII pour s'en assurer.
La Madrague de Podestat partait de la Pointe Ouest de l'Escu et allait en direction de Plane jusqu'au moment où l'Estéoù de Bocque se trouve devant le Fromage de Maïre
Comment le sait-il? Pierrot Vottero, qui regrette encore avoir vendu son "Jackie Mireille" me dit qu'ils repêchaient de temps à autre des ancres qui avaient lesté la madrague, et avoue que certaines ont rouillé sur le quai des Goudes.
Dans la même zone ils pêchaient la Sardine et il
égrène les postes sur Plane qu'il faut aligner avec le doigt de Fontagne, afin
de caler au lever du soleil pour aller "à l'ile" comme le crie le premier
des pêcheurs dès que son filet touche le
fond, et qu'il allume son fanal. Il était interdit d'aller "à terre"!
Les sardines ont disparu, la faute en est parait-il aux Catalans qui ont
imposé la pêche au lamparo.
Sur une carte d'Ayrouard faite en 1736 pour Pierre de Villeneuve, propriétaire des environs de la Napoule, il y a une énumération des genres de pêche, de filets, accompagnée de dessins et de commentaires.
PÊCHE aux OURSINS
Fernand Reggio faisait de la petite pêche, c'est
à dire qu'il fournissait le banc de coquillage de sa femme Irène en oursins,
violets et coquillages. Ci-dessus, devant Maïre, il met dans la nasse les oursins
qu'il pêche avec une grappe en les repérant à l'aide d'un cylindre dont le
fond est en verre.
PÊCHE au PALANGRE
Les hameçons parés de crabe prêts à la pose
L'appât: les bibis de Venise
Pierrot Vottero place son bateau avec l'imperiaù du mitan en friou avec le cap
nègre
La pêche au Palangre représente beaucoup de
préparation et de précision pour ne pas emmêler les 500 hameçons et leurs fils.
Il vaut mieux être deux pour négocier le gouvernail, l'accélérateur, accrocher
les hameçons à la ligne, gaffer les drapeaux, repérer la position sur le GPS,
contrôler le sondeur!
Certains des postes ont disparu comme les antennes du Mont Rose pour tout
arranger.
Il y a aussi les risques de s'enraguer. Il faut alors manoeuvrer pour essayer de
libérer la ligne qui est accrochée 70 mètres au fond sans la casser. Le résultat
dans une "pile" en pierre de Cassis tient à la chance. Du poisson de qualité
Pageots, Daurade, Sar, et pour mon plaisir un gorgonocéphale, et une vue
envoutante des Iles et du Massif des Calanques.
Gorgonocéphale
PÊCHE au THON
Les Grecs, les Romains, Louis XIII tous ont pêché le thon, si bien que de nos jours il faut imposer des quotas et interdire la pêche aux thon rouge sur nos côtes, ce qui poussent les "estrangers" à aller pêcher en Libye où ils cueillent le poisson à son entrée en Méditerranée. Les thons voyagent en tournant dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, et suivent volontiers les tombants et le "pas" c'est à dire un passage, toujours au même endroit, ce qui détermine la position d'une batude ou d'une palamidière.
Pose d'une batude à Sansuart
(Jarre)
PÊCHE au CORAIL
Le corail des Calanques était réputé dès l'antiquité.. après 2500 ans il a perdu sa belle couleur.
Une des concrétions remontées avec, a été débarrassée de son corail, mais pas de sa moule-datte.
PÊCHE aux AMPHORES
C'était au départ la pêche à la Daurade, au Sar et au Loup et au Mérou à laquelle se livrait notre voisin de la Placette, Gaston Cristianini. Il pêchait au harpon, entre les iles et le massif des Calanques où se croisent deux courants. Un harpon avec un trident qui ramenait de belles proies. C'était en 1948 et il plongeait aussi avec des bouteilles. C'est ainsi que poursuivant un Mérou, il remarqua un monceau d'amphores au pied du Grand Conclu. C'était le début d'un sport fascinant qui fait oublier le danger. Les contraintes des paliers n'étaient pas bien maitrisées à cette époque dit sa fille Monique Laurent. Il eut en 1950 un grave accident de décompression qui le paralysa. Il expliqua les circonstances de son accident alors qu'il était à Toulon pour bénéficier du caisson à quelqu'un qui connaissait le commandant Cousteau...
Ce n'est qu'après, que j'ai connu les détails de son
accident, mais je le vois encore traverser la Placette en combinaison de plongée
lançant ses jambes de la hanche pour aller vers le port se hisser à bord de son
bateau, et se glisser dans l'eau où il était plus à l'aise que sur terre.
Il s'était remis de son accident et avait repris la plongée et la chasse
sous-marine. Caractère exceptionnel que faisait oublier cet extraordinaire
sourire qui disait combien il était heureux ! et le nom de son bateau "Joie de
Vivre"
Joie que ne partageait plus sa femme Lili, traumatisée par l'épreuve et qui
lorsqu'elle sortait en bateau par calme plat "voyait" des vagues qui la
terrorisaient.
J'ai retrouvé une photo d'un groupe à la Mahonaise où je ne reconnais que ma
mère en maillot et devant elle Gaston qui plaisantait volontiers (il n'y a
qu'à voir le chapeau) et où éclate ce fameux sourire.
Nous savons tous aux Goudes que c'est lui qui avait
découvert l'épave du Grand Conclu, mais, et c'est une leçon qui ne sera pas perdue
pour tout le monde, parlez de votre découverte, et c'est instantanément
"lève-toi pour que je m'y mette"
La Calypso vint s'amarrer à la pointe du Grand Congloué, et Fernand Benoit qui ne
plongeait pas, organisa la première fouille archéologique d'épave, sans se
rendre compte qu'il y en a en fait deux, l'une sur l'autre, qui ont sombré à
100 ans d'écart.
Je pense que c'était l'été de 1952, peut-être 1951. Nous sommes allés voir la
remontée d'amphores avec un treuil à l'avant de la Calypso. Elles sortaient
ruisselantes, rapidement, et cassaient le plus souvent où passait la corde..1 sur
3!! la méthode n'était pas très au point, c'est le moins qu'on puisse dire.
Gaston Cristianini donna ainsi le coup d'envoi de l'archéologie sous-marine et pendant
qu'il luttait pour se remettre sur pied littéralement, les autres ont récupéré
des centaines d'amphores romaines et un chargement de vaisselle que l'on pourra
revoir au Musée des Vestiges peut-être dans 2 ans.
Dans l'épave la
plus récente il y avait mille deux cent amphores Dressel 1A...De tout cela
on lui en donna royalement 2 !
Quelques objets récupérés sont dans une vitrine du Musée des Docks Romains. et
on mentionne l'inventeur de l'épave du Grand Congloué I... M. Christianini !!
Quant à l'épave du Grand Congloué II il n'y a aucun nom!
Cela ne paie pas d'être un pionnier à Marseille!
PÊCHE aux FIOUPELANS, CHAMBRIS, et CALAMBOS
La seule pêche que j'ai jamais vu mon
père pratiquer, au salabre, de nuit avec une lampe de poche. En Septembre les
jours de "calme plat pourri", autour de l'île Maïre avec la bette.
Les fioupélans il les prenait à la main.
Ma grand-mère en raffolait, et elle les préparait comme les langoustes, à
l'Armoricaine en les flambant au cognac, ou à l'Américaine en les flambant au
whisky. En 1946 il en avait rempli un gros arrosoir en fer blanc. Ca grouillait
et bavouillait là-dedans et puis pendant la nuit un plus chanceux a poussé
l'assiette qui servait de couvercle et au petit matin nous avons fait la chasse
aux crabes dans tous les recoins de la Placette.
Les calembos, les gamins en prenaient au salabre dans l'algue verte attachée aux
supports des passerelles de bar dans la Calanque des Goudes.
Dans quelques temps le Fioupélan ci-dessous nous fera savoir quand il s'est aventuré dans la Grotte Cosquer avant d'être recouvert de calcite.
PÊCHE aux EPAVES
C'est comme cela que l'on commence une carrière! On aura deviné qu'il s'agit de Luc Vanrell, qui ayant commencé plutôt jeune (6 ans) grâce à son père Tony Vanrell, est vite passé des amphores de Sardaigne aux avions, Junkers 88, Lightning F5 d'Antoine de St Exupéry, Messerschmitt 109 d'Alexis von Bentheim dont voici le moteur.
Cette trouvaille d'une épave ensablée est due à la perspicacité de Luc qui voyant une gorgone au milieu d'une étendue de sable est allé voir à quoi elle s'accrochait par quelques 60 mètres de fond.
Ce n'était pas le moteur d'un Lightning, mais..
L'emblème de Skoda fut un point de départ dans la découverte du Messerschmitt 109 d'Alexis von Bentheim
L'identification du moteur allemand a été cruciale dans la fin du
Mystère de la disparition de St Exupéry.
En effet, Lino von Gartzen mettait les pilotes allemands en confiance en leur
racontant la découverte de l'avion du Prince Alexis von Benthein, et puis il
passait à la recherche de St Ex.
Il a ainsi réussi à briser le silence qui entourait cette disparition en
remontant jusqu'à Horst Rippert, qui lui a avoué que depuis que l'on avait
annoncé la découverte de la Gourmette dans les environs de Riou, il savait que
contrairement à ce qu'il avait espéré, c'était bien son héro qu'il avait descendu le 31 juillet 1944. Comme il était
seul, sa "victoire" ne pouvait pas être validée et enregistrée comme telle.
Il n'y tenait pas tellement que ça, surtout que les avions de reconnaissance
n'étaient pas armés.
Antoine de St Exupéry porte au poignet gauche la gourmette d'argent donnée par sa femme Consuelo lorsqu'il quitta les USA pour rejoindre les Alliés en Afrique du Nord, gourmette qui fut repêchée par le chalutier l'Horizon, ci-dessous dans l'alignement de la passe entre les Conclus et Riou où est tombé l'avion de l'écrivain.
Luc assistant la remontée du train d'atterrissage du Lightning
le Turbo-compresseur
Repêchage des morceaux du Lightning de St Exupery par Luc Vanrell
La première preuve d'importance apportée à Luc par le pilote de P 38, le vétéran
américain Jack Curtiss.
Le train d'atterrissage est tout emmêlé dans un filet de chalutier
Le résultat de la pêche au Lightning sur le sol du Musée du Bourget
Philippe Castellano et Luc Vanrell
Jean-Claude Bianco et Habib Benamor
Ces livres, écrits par Philippe Castellano qui a longtemps recherché l'épave du
F5 Lightning sortent en librairie
le 4 Mai 2013
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