Riou et les Calanques du docteur Albert

Riou et les Calanques avant 1813

Errances et Réflexions d'une Promeneuse Solitaire

Vue de Riou du Cap Morgiou

L'accès des iles n'est pas toujours possible comme on peut le voir sur cette photo. Jean Courtin ayant reconnu dans le mur de la grotte Ste Barbe sur Riou, un mur de batterie, je suis allée aux archives des Bouches du Rhône à sa recherche. Cette quête m'a conduite sur le littoral du Massif des Calanques où le système défensif est un peu plus conséquent, mais pas nécessairement un modèle d'efficacité!
C'est évidemment avec les Grecs, pirates et marchants que la défense des côtes fera l'objet d'un système de guet appuyé sur une marine de guerre pour la première fois dans la région des Calanques.
La Positio Immadras, qui est un point de repère lorsqu'on arrive en bateau, qui peut être un point de mouillage, à Calelongue et Marseilleveyre par mistral, aux Goudes par vent d'Est, cette ile que nous appelons Maïre sera la première à recevoir une tour de guet en dur, en l'occurrence en briques d'argile micacée qui sont éparpillées dans l'éboulis sous le sommet coiffé d'une tourelle métallique de nos jours. Identification de LF Gantès.
Vers 1300 Robert le Sage décida de remplacer les guetteurs du littoral par des Vigies, pour essayer de contrer les pirates. Cela ne préviendra jamais un adversaire déterminé à nuire, comme dans le cas de l'attaque des Aragonais. Il faudra encore du temps pour avoir un cordon de batteries autour de la Baie de Marseille. Henri IV et Sully décident de fortifier les frontières de la France, et l'on sait que François 1er avait fait construire le Château d'If. Ensuite ces positions sont reprises et améliorées jusqu'à Napoléon III. Ces majestueux corps de garde qui s'élèvent tout autour de la baie prouvent bien qu'ils n'ont guère vue d'action puisqu'ils sont encore là.
Dans les Calanques qui auraient dû bénéficier de la batterie des Croisettes, il semble que la construction de la batterie de Caux ait coïncidé avec la fermeture de la Vigie de Riou. Colbert relance l'économie du port, ce qui entraine une recrudescence de piraterie. Mais il vaut mieux avoir des canons pour protéger les caboteurs qui arrivent vers Marseille, plutôt que d'avoir des guetteurs qui essaient de signaler à des guetteurs sur Marseilleveyre qui essaient de signaler à Notre Dame, qui passe le message à Marseille. Comme il n'y a pas de marine offensive, ni défensive, avant que quelqu'un se remue, les marchants sont en route pour la Turquie ou l'Algérie en tant qu'esclaves.
Ce sont les capitaines des Galères Royales qui établiront les cartes approximatives qui leur permettront d'aller aux Echelles du Levant et en revenir. Le plus grand soin est apporté aux décorations à l'aquarelle en l'occurrence des roses des vents et les titres ronflants des patrons à qui la carte est dédiée. Le reste est de l'à peu près.


Service Historique de la Marine
Vincennes
Carte de la Mer Méditerranée du Sieur Henry Michelot,
Pilote Real des Galères du Roy


Relèvement économique avec Henri IV, Sully et Richelieu, puis Louis XVI et Colbert. Sous Louis XV les préoccupations commencent à prendre une tournure mondiale, tout en continuant un imbroglio de guerres de succession de 1701/1707 et 1744/1747 qui feront du remous dans notre région.
Dans l'escalier qui menait à l'étage administratif du Lycée Montgrand il y avait une reproduction à l'échelle du Radeau de la Méduse, mais je me demande combien de nous qui courrions entre les colonnes de granit du hall d'entrée, savaient que nous étions chez le corsaire Roux de Corse?
La prochaine cassure viendra avec 1776: indépendance des USA qui laisse la France près de la ruine et l'Angleterre libre de tourner toutes ses forces navales contre la marine marchande française. La Révolution est le chaos, et après, tout de suite l'ébauche d'une organisation moderne avec le Génie, le Cadastre, les décrets, les rapports. Les Anglais ne sont pas en reste pour l'organisation de leur marine, ce qui permet de contrôler les écrits décrivant les évènements.
Mais ce n'est pas pour cela qu'en 2004 je suis allée sur le Cap Morgiou... Il y avait surtout la Grotte Cosquer, et la phrase qui sort je ne sais d'où qui dit qu'en 1614 Morgiou, Cacaù et Cassis furent fortifiés contre les Sarrazins.
Le fortin du Col du Renard avec son 'pont levis' semblait satisfaire cette "fortification", et puis arrivée sur le Cap cet énorme trou! J'avais lu qu'il y avait eu un projet de percer un trou pour atteindre la Grotte Cosquer par le haut !! Assez vite mon bon sens l'emporta, je me dis que de nos jours, personne creuserait un trou pareil dans un endroit pareil sans bulldozers. Restait à savoir qu'est-ce que c'était. J'aurais dû dépendre la carte de mon père et la regarder de plus près, car il en faisait les ruines de corps de garde ! Pas des ruines, juste une fondation abandonnée de Tour modèle No 9.


Ceci est la fondation du Corps de garde un peu plus haut que la fondation de la Tour modèle

Un peu plus tard je repérais un mur circulaire dans la colline au dessus de Marseilleveyre. Là aussi, le dallage des blocs de 10 cms d'épaisseur clamait travail d'esclaves ou de galériens. J'avais trouvé de quoi m'occuper pour arriver à comprendre ce qui s'est passé entre 1700 et 1813 entre les Goudes et Cassis.

Les BATTERIES de l'Ile de Riou et du Massif des Calanques

Cap Croisette

Marseilleveyre

Riou

Morgiou

Cap Caù

En 1818 le Génie dresse pour la monarchie un état des défenses depuis le Rhône jusqu'à Toulon avec un Atlas de dessins à l'aquarelle, que l'on peut voir aux Archives des Bouches du Rhône.
Première surprise: toutes les batteries des Calanques ont été construites en 1811 d'après ce rapport, y compris celle du Cap Croisette qui figure sur une carte de 1694 avec ses 2 canons!
Deuxième surprise: la batterie Est de Marseilleveyre s'appelle Batterie de Riou!
Troisième surprise: Le canon de Riou n'est pas mentionné.
Quatrième surprise: Le point d'appui dans la colline de Marseilleveyre ne l'est pas non plus!

Le 4 janvier 1794, Bonaparte écrit au ministre de la guerre à propos de Marseille: "Toutes les batteries circonvoisines qui défendent la rade sont dans un état ridicule. L'ignorance absolue de tous les principes a présidé à leur tracé. Elles ne sont pas en état de soutenir une bordée; elles seraient enfilées et les canonniers sont découverts à certaines pièces jusqu'aux talons, ce n'est cependant pas la faute qu'il y ait des épaulements, mais c'est qu'ils ne sont pas comme ils doivent être."
Le 25 janvier il propose d'avoir mis avant 15 jours la côte entre les Bouches du Rhône jusqu'au Var, sur un pied respectable. Cela ne se produisit pas car ses consignes ne furent pas exécutées.
Dans une autre lettre du 25 février 1794, il écrit: "La défense de la côte avait été livrée jusqu'ici à des architectes qui avaient de la bonne volonté, mais non pas des connaissances militaires."
S'il y avait eu des Anglais sur Morgiou comme le veut l'histoire locale, il l'aurait mentionné, ne serait-ce que pour arriver à ses fins.

 

Il est sur le terrain: Il passe un mois à la Ciotat pour préparer l'expulsion des Anglais installés à Toulon avec l'aide des monarchistes.
Il visite aussi Cassis et ses 3 batteries le 18 février 1794.
Il y a 140 ans que Colbert et Vauban ont fait de Toulon le port de la France. Vers les Echelles du Levant, mais aussi vers les Antilles d'où les vaisseaux reviennent avec dans leur sillage les Anglais. Avant eux c'était les Barbaresques, ce qui couvre tous les bateaux pirates de la Méditerranée depuis la Turquie, la Libye, la Tunisie, l'Algérie.
Vers 1300 Robert comte de Provence avait pris les choses en mains avec la construction de vigies et le renforcement des défenses. François 1er fait construire le château fort de l'île d'If, mais le mur d'enceinte est construit par les ducs de Toscane dont les troupes occupent l'ile. Lorsque les barbaresques enlèvent des esclaves dans la rade de Marseille la garnison du château d'If ne bouge pas, et les fustes sont dispersées par une escadre napolitaine!
Les guetteurs de la Vigie de Riou ont des mousquets, cela n'empêche qu'ils sont enlevés en 1527. Je ne sais d'où vient la mention de fortins datant de 1614, mais cela concerne Morgiou, Cap Caù et Cassis.
Cassis est un "Château" fortifié, les remparts datent de 1222. Ce château sera pris par l'armée du Connétable de Bourbon en 1524.
Le 3 Décembre 1623 il y a une flotte barbaresque de soixante vaisseaux tenant la mer, les Cassidains reçoivent l'ordre de fortifier les murailles et d'acheter deux canons. S'il y a eu fortification en 1614, ça ne devait pas être très impressionnant!
Le 11 avril 1638 on donne le pourvoir aux consuls d'agir. le 22 mai 1650 nouvel ordre d'acheter des canons et engager des canonniers. En 1684, donc 60 ans plus tard les Cassidains font savoir qu'ils n'ont pas besoin de canonniers étrangers.
Le 30 avril 1744 les consuls demandent des pièces d'artillerie et des munitions
Le 1 Juin 1744 les Anglais débarquent à Portmiou et enlèvent une flotille espagnole et quelques navires français
6 Juin 1744 M de Pesche fait élever plusieurs redoutes au Bestouan et armer la batterie du Château
30 août 1744 nouvelles mesures du même genre
Juin 1745 Jean Philippe de Mauriac, brigadier des armées du roi, commandant en Provence fait construire la batterie des Lombards pour 2 canons de 18
25 Mars 1747 Le Fort St Clair est armé de 2 canons de 24. La commune en prendra possession le 7 mai et utilisera la chapelle comme magasin à munitions et poudrière
18 juillet 1761 construction du corps de garde aux Lombards
24 déc 1770 les consuls demandent que les canons enlevés par ordre du roi soient remis en place
5 juillet 1778 La communauté est requise par Ame de St Paul, commandant l'artillerie de Provence, de l'armer de pièces de 24.
21 avril 1793 le conseil municipal sur l'avis de l'entrée d'une escadre de 25 navires anglais décide que les batteries seront gardées nuit et jour
22 septembre 1794 ordre du général de démolir les anciennes bâtisses et d'élever de nouvelles constructions militaires.
20 avril 1809 Plaintes des habitants au sujet du mal que les Anglais occasionnent
22 oct 1810 L'escadre anglaise renvoie à terre 14 prisonniers napolitains!
22 août 1812 Ils capturent plusieurs bateaux pêcheurs
14 Mars 1813 Les Batteries de Cacaù et des Lombards échangent quelques coups de canon avec une frégate anglaise.
Avril 1813 une chaloupe canonnière française escortant 2 navires de commerce est attaquée par 3 péniches anglaises sorties de Riou. La chaloupe abandonne les navires et réussit à rentrer au port
3 août 1813 les anglais retardés par le mauvais temps débarquent à l'Arène et à la Cacaù dont ils jettent les 5 canons à la mer, s'emparent des batteries des Lombards et enclouent ses canons
18 août ils débarquent à l'Arène et au Beauneuf, s'emparent des batteries, prennent d'assaut le chateau, mettent le feu à une maison enlèvent 29 bateaux, et font une trentaine de prisonniers.
18 aout 1813 Prise du chateau de Cassis par les anglais.
8 Septembre 1813 Ils renvoient à terre plusieurs prisonniers français.
9 novembre 1813: 10 embarcations anglaises donnent la chasse à un convoi qui se refugie à Cassis
6 Avril 1814 L'escadre anglaise renvoie à terre plusieurs prisonniers, entre autres les officiers enlevés le 18 aout précédent, et une femme prise sur les côtes de Corse

Il y a un mur de fortification à Morgiou. Mais il n'est certainement pas de 1614. Il parait surélevé, avec l'ajout de meurtrières mais cela pourrait être entièrement fait en 1813 parce que ce mur ne sert à rien s'il n'y a pas de batteries sur le Cap. Il n'y a que la ruine d'une petite tour de Vigie ronde qui n'est certainement pas mentionnée dans les décrets de 1810.

Quant à Cacaù je ne m'aventure pas à décider ce qui pourrait dater de 1614.
Les détails qui concernent Cassis, montrent que les Cassidains ne se souciaient pas de ce qui se passait à l'Ouest de Castelvieil, et rechignaient à s'armer correctement.. surtout lorsque c'était à leurs frais!
Mais cela donne une idée des temps forts et des ennemis.. 1524 les aragonais, 1624/1660 les sarrasins, 1744/47 les anglais, 1809/1813 les anglais !
Les batteries des Calanques serviront surtout contre les Anglais, l'ennemi de toujours.

LA BATTERIE DU CAP CROISETTE
Batterie de Croizette, des Croisettes, Fort Napoléon

François Blondel, sieur de Croisette fait en 1650/1651 le plan des fortifications de Provence. En 1647 il commande la galère la Cardinale.
Sur des cartes qui concernent la rade de Marseille on trouve aux Archives une carte de 1694 une liste des batteries jusqu'à celle du Cap Croisette qui se compose de 2 canons. Puis sur une carte de 1744 un dessin à la location plutôt imprécise mais qui donne le détail de la batterie.
En 1811 le gardien a disparu, la batterie en mauvais état, une nouvelle batterie des Croisettes est décrétée par Napoléon. Les roches sont cassées pour préparer une plateforme où l'on peut mettre 6 pièces. Une citerne, un fossé avec un mur, un corps de garde qui restera sur la crête suffisamment longtemps pour être peint par Jean-Baptiste Olive dans son immense tableau de l'Ile Maïre de 1891. A l'Ouest elle croise le feu avec la batterie de Montredon pour interdire la calanque des Goudes et de Mongenet (Mahonnaise) aux pirates ennemis à l'Est avec la batterie de la Mounine pour "empêcher le refuge ordinaire des corsaires ennemis à l'anse de Carrelongue à 800 mètres à l'est".
Les corsaires ennemis sont les Anglais, qui depuis 1804 font le blocus de la France, ce qui revient à dire que leur bateaux longent les côtes, cherchant à se ravitailler par des complicités, ou par des escarmouches.
Petit problème aux Croisettes, l'ennemi attaque les soldats au mousquet à partir de Maïre, mais sans trop de gravité à cause de la distance. Les annales de Cassis mentionnent 3 "péniches anglaises" en embuscade derrière Riou en 1809, qui s'en prennent à un bateau de Cassis qui parviendra à leur échapper. Comme ils avaient attaqué et encloué les canons de Marseilleveyre, ils avaient les mains libres de toute évidence et bénéficiaient de l'aide de traitres qu'ils contactaient sur l'Ile Maïre.

Détail de la Batterie du Cap Croisette en 1695

Cap Croisette 1744


Cadastre de Matheron - Archives B-du-R

Localisation de la batterie de 1811 dans le Fort Napoléon

Atlas 1818 - Archives des B-du-R

Jean-Baptiste Olive - L'ile Maïre - 1891 - Corps de garde de la Batterie des Croisettes de 1811

Le Génie de Napoléon III revoit le système défensif à partir de 1864 qui se composera des sémaphores de la Ciotat, et de Calelongue,du fortin des Goudes, de la Batterie de l'Escalette dont le Corps de garde semble être une tour modèle, mais les canons ne sont pas sur le toit mais sur les fortifications.
En 1886 le corps de garde des Croisettes de 148m2 est loué à un paysan, Gustave Bounin avec 1301 m2 de pacage. A 30 ans près c'est le gros bâtiment sur la crête, ci-dessous


(ACM)


 Le mur du temps de Napoléon au sud de la plateforme est toujours là, incorporé, doublé en certains endroits, et à l'est des tessons, assiettes de Varages, assiette à marli, des morceaux de cruches vertes mêlés aux tuiles du corps de garde et de la citerne arasés, morceaux de pipes hollandaises.

En 1933 refonte totale de la batterie transformée par la Marine en Fort Napoléon et que les allemands prendront en main en y ajoutant un seul blockhaus vers l'Ouest.


Le Massif des Calanques est laissé pour compte à cause de l'impression qu'il donne d'être inexpugnable et inhabité; les Calanques de Marseilleveyre de Sormiou et de Morgiou permettent de rejoindre Marseille par des sentiers difficiles utilisés depuis toujours, par des pêcheurs et des chasseurs.
Les Calanques sont des mouillages pour le cabotage et le commerce, qui aux prises avec les sarrasins, les barbaresques, les corsaires, les pirates anglais "réclament à corps et à cris d'être protégés".



 

LES 3 BATTERIES DE MARSEILLEVEYRE
Batterie du Four de Caux, du Four à Chaux, Baterie de St Michel d'Aïgue Douce
Batterie de Rioux, de Riou, de Marseilleveyre Est
Batterie de Mounine, le Théatre, de Marseilleveyre Ouest

A Marseilleveyre il y a un four à chaux qui marque la limite de la propriété des Soeurs de St Sauveur en 1571* . Il y a sur la carte qui suit, faite par le Sieur Michelot en 1736, une batterie du Four de Caux pour défendre le mouillage du même nom, puis sous l'empire il n'est plus question que d'une batterie de Riou!

*L'incendie qui a devasté le plan des Cailles et le bas du Malvallon au printemps de 2013 a révélé un énorme four à chaux ; que je considère jusqu'à preuve du contraire être celui de la propriété des Soeurs de St Sauveur:

L'évaluation de la "Batterie de Rioux"(Marseilleveyre Est) en 1811 : batterie construite en maçonnerie sur un front droit défend le passage du canal pour la navigation... elle est armée de deux pièces en fer de 24 sur affûts de côte en bon état, mais la lumière un peu évasée, indispensable à réparer ou à échanger, il y a un mortier en bronze de 9 pouces sur affût en bois qu'il est nécessaire de remplacer par un de 12 pouces.
Sur la droite de la batterie à 400 mètres de distance sud ouest (ce qui sera Mounine), à l'avancée de la petite anse de droite l'on trouve une pièce de 16 renforcée en bronze, montée sur affût de siège, sa forme intérieure est conique, et la lumière très évasée.
Il y a à ce poste 2 pièces de bataille de 4 montées sur leur affûts, on peut supprimer la pièce du 16 et augmenter la batterie d'une pièce de 24 ou de 36 sur affût de côte.
Le poste le plus près de la gauche de cette batterie est celui de Cacao à la pointe du golphe de Cassis qui en est éloigné mais elle aura pour intermédiaire à ce même coté la nouvelle batterie décrétée par Sa Majesté sur le Cap de Morgioux".


Dallage de 4.15 m de coté et 25cm d'épaisseur pour accommoder un canon de 36 sur affût de côte.
La dalle de 115 cms de long a dû être extraite par le recul d'un tel canon


Il faut que je recherche à qui donner le crédit de ce dessin:
Les coins des dalles sont taillés 2cms sur 2cms pour permettre d'enfoncer les pitons
 

A noter qu'il n'y a pas de batterie sur Morgiou, en dépit du blocus Anglais qui dure depuis 7 ans déjà. En 1809 les Anglais débarquent à Marseilleveyre et enclouent les canons. Ils feront de même à "Carri" en 1810
En juillet 1812, La batterie de la Mounine est dite en construction. Elle est établie sur une place circulaire ayant 47 mètres de développement intérieur. Tous les travaux concernant l'artillerie de cette batterie seront "terminés dans le courant du mois d'Août prochain ainsi que son armement qui sera de 3 pièces de 36 sur affût de côte et d'un mortier de 12 pouces. Ce poste exigera 16 à 20 canonniers" (SHAT Vincennes. Renseignements M. Cruciani) Le corps de garde à l'intérieur à gauche, semble un peu étroit pour autant d'hommes!


Batterie de la Mounine


Batterie de la Mounine - Aquarelle de l'Atlas de 1818 (ABdR)



Ruines du bâtiment à munitions et du corps de garde de Mounine vers 1900


Ruines du bâtiment à munitions et du corps de garde de Mounine 2013

D'après l'Atlas de 1818 les commentaires de 1813 rapportent qu'il y a en contrebas de la batterie Est (appelée batterie de Rioux) des ruines d'une batterie plus ancienne.
Il est aussi dit que Robert d'Ancézune propriétaire du terrain a demandé à être compensé pour celle de l'Est, mais pas pour celle de l'Ouest La conclusion est que le terrain de la batterie de Mounine appartenait déjà à l'Etat! Ancézune réclame aussi quelque chose pour les Croisettes qui a été agrandie. Cet homme qui a gardé sa particule et sa tête, est depuis peu propriétaire des Calanques achetées aux enchères. Cela explique peut-être, puisqu'il n'y aura pas de cadastre officiel jusqu'en 1825, qu'il n'y a rien de précis sur les limites des propriétés de l'Etat.


La route des Goudes est alors le chemin des Batteries, puis après Calelongue de la Batterie bien qu'il y ait 2 batteries à Marseilleveyre. Le point d'appui n'est pas montré.

Par contre il y a un sentier qui va à l'Ermitage de St Michel d'Eau douce en passant par la Demi-Lune. Le ravitaillement en eau étant un problème par mauvais temps. J'ai d'abord pensé que les soldats allaient se ravitailler en eau, mais je crois qu'il s'agit plutôt d'un accès à la mer pour les ermites qui devaient avoir besoin de se fournir en poisson.

Les soldats de 1811 construiront le chemin des batteries qui est devenu la route des Goudes et le chemin de la batterie qui va jusqu'à Marseilleveyre.
Ayant trouvé au Cap Gros et à ce que je pensais être l'appui de Marseilleveyre du "tourbilloné de l'Huveaune" et des tuyaux de pipes hollandaise, je me rendis chez Maurice Rafael qui en mesurant le trou et en se référant à un livre d'origine anglaise me donna comme dates 1670 pour le diamètre de 2.6mm et 1725 pour le 2.4mm :Plus le trou est gros, plus c'est vieux, m'a-t-il dit, on a fait ensuite des économies en réduisant le tirage!
Presque 100 ans plus tôt que ce que je pensais. Ces dates seront confirmées par des tessons trouvés derrière les bâtiments et validés par Véronique Abel
 

Tuyaux de pipes en céramique et poterie de l'Huveaune

Restes de repas des soldats de l'appui

Mais en 1701 c'est la guerre de la succession d'Espagne (1701/1707) où l'on envisage que l'ennemi pourrait refaire le coup des Aragonais et mettre le feu à la ville de Marseille.
En 1744 nouvelle alerte: les espagnols et les anglais se battent devant Toulon et les Français se mettent au milieu pour sauver leurs alliés espagnols. Où l'on trouve un capitaine Mathews en action dans le coin. Court la Bruyère et ses 15 vaisseaux de ligne vont aider les 12 vaisseaux espagnols de l'amiral Don José Navarro. Mathews attaque du coté du vent entre le littoral et la flotte, mais son arrière garde ne peut ou ne veut pas le suivre et la bataille est indécise.
A-t-on construit ce bel appui à cette époque ? Le sol est encore tout dallé, et fait penser à du travail de galérien. Il y a un corps de garde sur le coté qui a depuis longtemps répandu ses tuiles dans les éboulis. D'après Jean Ferdinand Petrucci l'expert du culinaire de Vallauris les toupins seraient du 16ème (!?!)
Le reste des tessons assiettes, cruches, plats, tasses des poteries de l'Huveaune couvrent tout la seconde moitié du 17ème et probablement le début du 18ème.
En ce 17 avril 2009, j'ai le plaisir de dire que par une chance extraordinaire j'ai trouvé entre 2 arapèdes une rondelle de cuivre oxydé qui s'est révélée être un double tournois de 1618 de Louis XIII roy de France et de Navarre. Voilà qui donne raison à Mr. Petrucci, et m'évite des recherches laborieuses aux archives. Et toujours la petite note : l'expert en numismatique m'a déclaré péremptoire: "c'est un denier-tournois et ça n'a aucune valeur! Peut-être pas pour vous cher monsieur.. merci de m'avoir aiguillée dans la bonne direction et de m'avoir expliqué que les rois ou les nobles lorsqu'ils entraient dans les villes en jetaient des poignées aux gamins.

Louis XIII R FRAN et NAVA

1618 Double Tournois

Il est tentant de penser que cette batterie fut décidée par Henri IV ou par Richelieu et Louis XIII. Mais je n'ai pas eu assez de temps pour faire à Paris des recherches. Il s'agit peut-être de la "fortification" de Morgiou de 1614. Sur les cartes on voit Morgiou avant Sormiou, pas de Marseilleveyre qui n'est pas si loin.
Cette carte fait partie d'une carte de la Méditerranée de Gibraltar au Moyen-Orient, il serait difficile de demander plus de précision que l'indication que Ces Côtes sont fort hautes!

On pardonnera au sieur Michelot d'avoir interverti Morgiou et Sormiou, parce qu'il marque d'un rond rouge la batterie du Four de Caux toujours à l'intérieur des terres.


Batterie du Four de Caux - pas facile d'y monter des canons de gros calibre, mais un sol de pierres taillées de 10 cms d'épaisseur. Ces dalles comprennent des coquilles d'huitres fossiles et n'ont pas été taillées sur place. Batterie de Mounine en haut, à droite sur photo.

En ce mois de février 2011 je peux remercier aussi Jean-Marc Nardini, président de l'association des Calancæurs.
Il m'a gracieusement fait parvenir deux autres preuves de l'existence de cette batterie avant les constructions de l'Empire. D'abord un Liard au nom de Louis XIIII de 1693, donc du temps de la guerre de succession de 1701/1707.


Ensuite il m'a envoyé une carte du Sieur Bresson de 1773

Juste avant l'indépendance américaine qui va libérer la flotte anglaise et lui permettre de jouer les corsaires en Méditerranée pour prendre sa revanche de l'aide apportée aux rebelles américains, il y a une importante baterie entre 2 calanques, Mounine et Marseilleveyre.
Mais encore plus intéressant pour moi elle croise le feu avec une batterie située sur l'île de Riou que l'on ne voit pas en entier sur cette photo. Et cette batterie de Ste Barbe c'est la première fois aujourd'hui que je trouve confirmation sur un document d'une datation antérieure de 30 ans à l'empire, que je soupçonnais grâce aux tessons.
Toutefois je doute qu'il y ait jamais eu un échange aussi violent d'artillerie. Après tout ils étaient du même bord !

D'après l'Atlas de 1818 les commentaires de 1813 rapportent qu'il y a en contrebas de la batterie Est (appelée batterie de Riou ou Rioux) des ruines d'une batterie plus ancienne dont il ne reste qu'une moitié de la fondation du mur. On la voit sur l'aquarelle.

La fondation de la batterie ancienne en premier plan, et derrière la "batterie de Rioux" comme en 1811


Enfin en 1818, La citerne de la batterie Est de Marseilleveyre n'étant pas finie il est question de le faire et d'ajouter une tour pour renforcer la défense, car" il serait avantageux de défendre le mouillage pour le commerce, ce qui a été nécessaire dans le passé.
Au lieu de cela le corps de garde sera abandonné aux douaniers, et divers bâtiments seront loués à des pêcheurs. De nos jours..les reliquats de 1812


L'épaulement est encore bien visible avant l'exploitation du sable et le reconditionnement des bâtiments de la batterie de Rioux

En 1886 Marius Giraud loue un pied à terre de 15m2 pour la pêche.
En 1887 Le corps de garde de 150m2 plus les 12m2 du magasin à poudre seront le logement d'un Marius Bouze , et j'ai retrouvé Bouze père et fils mentionnés dans une chronique de Henry Imoucha qui dit que ces 2 pêcheurs revenus sains et saufs de la guerre de 1914 érigèrent une croix monumentale sur les escarpements des Escampons, croix qui existe toujours, mais qui vient de perdre un bras.
Mais nulle part il est question du canon de Ste Barbe de Riou et de la batterie de St Michel d'Aïgue Douce. Comment les soldats de l'empire qui ont reconstruit les batteries de Marseilleveyre ont-ils pu travailler deux ans sans lever les yeux vers la colline? Bien camouflé, mais tout de même!! Peut-être n'ont-ils pas tenu à l'armer. Lorsqu'en 1809 les Anglais débarquent pour clouer les canons de la "batterie de Rioux" un canon placé à la batterie de Caux aurait-il fait la différence?

Personne, que ce soit en 1818, en 1842 ou en 1853 quand ils évaluent les batteries pour récupérer l'armement et les munitions, personne ne mentionne ces 2 endroits. Pourtant il y a des tessons qui révèlent une présence dans le temps. Jarre de stockage de Biot à Riou, plat de Montelupo spirali verdi (ca 1750), des bols identiques à ceux de Morgiou (1813), et sur la batterie de St Michel (four à Caux) un os de boeuf, des bïous et des arapèdes, avec des poteries de l'Huveaune) (17/18ème), des toupins de Vallauris( début 17ème) le double-tournoi de 1618, le liard de 1693. La petite batterie en fer à cheval sur la pointe, si c'est elle la batterie du four à chaux semble plutôt vulnérable, même aidée de 3 pièces 400 mètres plus loin. Il semble qu'au 17ème il y eut un effort considérable pour bâtir une position efficace et plus abritée. (l'idée sera reprise avec la suggestion de construire une tour modèle en 1812). Il est possible que la distance à la mer ait été un problème. Mais le sieur Bresson fait porter ses bombardes jusqu'au sud de Jarre!

LA BATTERIE DE STE BARBE A RIOU


Cliché Courtin avant 1971 - Poudrière de l'Aiglon?

Batterie de Ste Barbe avec abstraction par photoshop des pierres qui encombrent la brèche aujourd'hui. Le mur de droite présente un départ de voûte et le tout a pu avoir un toit de tuiles qui jonchent l'éboulis au dessous.

A l'origine de ma recherche, la grotte Ste Barbe mentionnée sur la carte de mon père et l'identification des murs par Jean Courtin comme étant des murs de batterie. 120cms de haut, 170cms d'épaisseur. Direction: le Cap Morgiou. Ste Barbe, patronne des artificiers! Un petit sentier qui mène sur la carte de mon père d'une petite construction de 2m sur 4m avec des murs de 20 cms qui aurait pu servir de poudrière en attendant de servir de poulailler à Pipo Meïni (le garde des Tronc 1896-1927).
Mais à quelle époque? Dr Hiely parle d'une batterie de Riou peu efficace en 1880, sans nommer ses sources (mais c'est sans doute celle de Marseilleveyre comme nous venons de le voir).
Plutôt tardif pour ce genre de construction à cet endroit, à moins que ce soit au moment de la construction des sémaphores de la Ciotat et de Calelongue qui datent de 1864. Et surtout les tessons sont résolument du 18ème, y compris une jarre de stockage de Biot.
J'ai aussi trouvé un rapport sur le désarmement des batteries en 1853 qui couvre Morgiou, Marseilleveyre et Croisette et ignore totalement Riou. On voit mal pourquoi on désarmerait 3 sites armés de canons de 36, 24 et 18, pour construire un petit appui d'un seul canon couvrant seulement la zone au large de Sormiou.
A cause des tessons il serait plus probable qu'il y ait eu quelque activité en 1701 dans la région et surtout en 1744 lorsque les anglais entrent en guerre et le Maréchal de Belle-Isle requiert de la Cadière "un farot à la pointe d'Alon et 2 hommes pour signaler l'ennemi à 36 livres chacun".
Il n'y a pas beaucoup de tourbillonné ou jaspé, mais dernièrement j'ai relevé un fond de bol identique dans sa facture à ceux que l'on trouve sur Morgiou. Détaché du tour à la va vite, même pas retouché, émaillé marron avec un peu d'engobe jaune pour décorer.


Bol de Morgiou

Je crois donc que Ste Barbe, patronne des artificiers, a eu aussi sous sa protection des soldats de Napoleon. Qu'ils aient donné le nom de l'Aiglon au vallon et à la calanque renforce la date, comme je l'ai fait remarquer, s'il y a des faucons pèlerins sur Riou il n'y a pas d'aigle. Le mortier qui utilise du sable marin se retrouve aussi aux batteries de Marseilleveyre, des Croisettes; et de Morgiou.


Cette photo de la carte du sieur Bresson de 1773 montre clairement une batterie dans la calanque de Riou croisant le feu avec celle de Marseilleveyre (Fev 2011)
Sur le cadastre de 1825 entre "l'ancien four à chaux" et la plage de l'Aiglon il y a une "ruine".
Sur la carte de mon père il y a une "cabane".
Sur l'île il y a un mur de pierres sèches qui barre le vallon, et cet abri est encombré par un lentisque qui a couvert le sol d'humus. Il y a dans le coin un figuier. Alors corps de garde? contemporain de la batterie ?

La Vigie de Riou fut fermée en 1695. Mais celles de Marseilleveyre et du Cap Gros sont mises hors d'état par les Anglais en 1814, ou tout simplement parce que Napoléon abdique pour la première fois.
Elles devaient donc épauler les batteries. Sur certaines cartes il en est mentionné une autre sur le Plan de Coulon au dessus de la Bougie. Une courte visite a révélé une petite cabane au toit de tuiles écroulée.

LES 2 BATTERIES DE MORGIOU

Batteries de Morgils, Morgioux, Mourgiou, Morgeon(décret Nap), Morjean(Ang), Morgion (Ang.)
 

Le Cap Morgiou (Courtoisie Luc Vanrell)

J'ai passé des week-ends innombrables dans la région de la Grande Candelle, du Devenson et de la Gardiole. Nous n'allions pas sur Morgiou. Sur le Cap, il y a un excavation carrée étonnante, entourée par des pierres qui ont été montées en mur et qui recouvrent une petite maison à tuiles en ruine. Matheron qui fait le cadastre de Marseille en 1825, fait une carte pour le compte d'Auguste Fabre qui vient d'acheter Luminy. Les deux batteries sont là, le mur du fortin construit ou reconstruit par un décret de 1810 de Napoléon et la petite tour est indiquée comme vigie. (A noter: Mourgiou) Monsieur Matheron n'est pas allé se promener sur le Cap



Photo Google Earth

Au cap Morgiou il y a 2 batteries. Leur histoire est assez confuse avant Novembre 1810, date du décret. C'est "fortifié" en 1614 contre les Barbaresques, bien avant Vauban donc. Qui dit fortifications dit Muraille, mais le fortin de Morgiou n'a aucun sens sans les batteries de Napoléon. 
D'après l'histoire locale, il est dit qu'en 1793, les Anglais aidés par les monarchistes avaient pris position non seulement à Toulon, mais aussi à Morgiou. Le lieutenant Matthews de la garnison anglaise deviendra amiral et c'est lui qui conduira Napoléon à Ste Hélène. (Renseignements J. Courtin et Luc Vanrell). L'histoire locale veut que ce soit Lowe le geôlier de St Hélène. Je me suis donc penchée sur cette histoire bizarre, car Bonaparte n'aurait pas laissé un groupe d'Anglais sur Morgiou après les avoir délogés de Toulon.


Bonaparte est chef d'artillerie, mais lors de l'assaut il paye de sa personne en joignant l'infanterie. Il sera blessé à la jambe.

L'amiral Thomas Mathews (1676-1751) lui a 30 bateaux sous ses ordres la bataille de Toulon en 1744. Il devra démissionner après cette bataille mal conduite.
John Matthews est commandant du Courageux en 1793 lors de l'attaque de Toulon par les républicains et Bonaparte (Histoire de la British Navy) Nulle part il est mentionné qu'il soit devenu amiral, ni qu'il ait été sur Morgiou. Ni qu'il soit allé à Ste Hélène
Et les Matthews de la Pointe rouge ne sont pas alliés d'après eux, aux divers Matthews de la Navy en Méditerranée entre 1793 et 1813.
Lowe est lui aussi capitaine en Méditerranée, mais il est plutôt dans la région de Sicile, Sardaigne et Corse. Rien à propos de Morgiou. C'est l'amiral Hood qui est chargé de la région de Toulon
Donc jusqu'à preuve du contraire à l'aide d'une source historique, cette histoire d'anglais sur le cap Morgiou en 1793 est sans fondement.
Pendant le blocus des côtes françaises par les Anglais à partir de 1804, leurs bateaux patrouillaient depuis le delta du Rhône jusqu'à Toulon et faisaient de la piraterie pour se ravitailler, ils ne débarqueront sur le Cap Morgiou que 2 fois en 1813 le 30 mars et le 2 Mai, apparemment à titre préventif- ceci est validé par les archives du Service Historique de l'Armée de Terre et de la British Navy, et des compte-rendus dans les gazettes anglaises.
Ces deux batteries sont des constructions identiques à celles de Marseilleveyre. Elles ont été démolies 2 fois en 1813 et reconstruites, surélevées et rallongées. La petite batterie montre une date en tessons de tuile rouge: 1813




2 canons de 24 dans la petite batterie NE- il suffira de les pousser sur l'épaulement pour les jeter à la mer


La falaise sous le grand épaulement de l'Ouest

Grande Batterie de Morgiou - à peu près la moitié de sa surface

D'après un rapport français du 29 juillet 1812 cette batterie devait être armée de 4 pièces de 36, une de 18, toutes sur affûts de côte et d'un mortier de 12 pouces en fer et à plaques.
Autre commentaire présentant un intérêt: Il y a sur Morgiou 23 hommes. Qui campaient dans des "barraques" en bois (qui seront incendiées) la seule maisonnette est mentionnée comme poudrière sur le Cap. Elle est creusée dans la roche qui devait s'y prêter. Les tuiles sont disséminées alentour.
Le poste était commandé par le sergeant Aymon sous les ordres de Mr le Lieutenant Pignatel, qui lui était à Cassis.
Il y aura 40 hommes lors de l'attaque en 1813

 

Petite Batterie (2) de Morgiou

Celle-ci est armée en 1812 de 2 pièces de 24 sur affût de côte en bon état. Elle est construite pour 2 pièces et un mortier

Batteries de Morgiou - Aquarelles de l'Atlas de 1818- le dessin est correct quant à la forme des épaulements

En Juillet 1812 sur le Cap, il y a 23 hommes en tout - armée de 8 bouches à feu. Il n'y a pas d'eau. Possède un petit corps bassijsse (?) qui fut fait par l'artillerie pour les travailleurs et le magasin d'outils qui servira de magasin d'attirail (Shat Paris - fort de Vincennes - art 3W35 - Renseignements M. Cruciani).
Le dessin de 1818 ne tient pas compte de l'emplacement du fourneau à réverbère, ni de la vigie, ni du corps de garde, ni du fortin, ni de la redoute surplombant la calanque, ni d'une cabane enfouie près de la batterie de droite, ni de l'appui au dessus de St Pierre.


Fondation du corps de garde


Cet emplacement rectangulaire semble être la salle à manger pas très loin de la grande batterie-
tessons de marmites de Vallauris, assiettes et fonds de bouteilles

Cette construction d'un mètre de haut, en forme de L avec des épaisseurs de mur de 1m, et le départ d'une voûte est-elle un fourneau à réverbère de fortune ?

Le 30 Mars 1813, 200 à 300 anglais débarquent à Sormiou, et passant par les crêtes derrière la Candelle du Cancéou à l'aube, viennent prendre à revers les 40 hommes de la garnison. Au poste du col du Renard, ils font une vingtaine de prisonniers, détruisent les épaulements, le fourneau à reverbère, jettent les canons et les affûts à la mer, et s'emparent de 10 des 14 bateaux au mouillage qui ont une cargaison d'huile.
Or certains de ces canons ont été repêchés par Albert Falco, le capitaine de la Calypso.

canon de 24 - la roue n'en fait pas partie

Canon de 36 - Canon de 8 tronqué
3 boulets de mortier - dont 2 de 13 pouces

Ces boulets n'appartiennent pas aux canons mais à des bombardes ou mortiers. Le diamètre d'un canon de 24 fait seulement 16cms de diamètre, ceux de 18, 15cms (Canons des Invalides de l'époque de Vauban). On voit la difficulté d'essayer de démâter un vaisseau avec un boulet de 16cms qui fait 12 kilos. D'où l'intérêt de les chauffer au rouge:
Par contre un boulet de huit fait en 2 parties retenues par une chaine pourrait être plus efficace. Les deux petits canons de Sormiou semblent être du 8 et du 6.
Les boulets armés d'une chaine déchiraient les voiles:
Le boulet de mortier sur le quai de Morgiou était creux et pouvait être rempli de poudre par l'orifice que l'on voit.

é

Sous le Cap, il reste encore des canons jetés par les Anglais (Courtoisie Jean Pierre Joncheray) et aussi des boulets gardés par des poulpes (vidéo sur U-tube dont je ne connais pas l'auteur José Burgales mais que je remercie )
 

En 2013, donc bicentenaire, assez déçue par le manque d'intérêt des gens de la partie, historiens, archéologues, directeurs de musées, personnel du Parc National, j'ai revisité les canons sortis par Albert Falco pour les mesurer et tâcher de les identifier, et nous sommes allés devant les falaises du Cap, grâce à Robert Civallero de Sormiou qui plonge régulièrement sur le site, et qui a bien voulu nous indiquer où sont les canons qui sont toujours dans l'eau.
Coté Calanque de Morgiou, sous le cap il reste un 24.
Coté Triperie il en reste 3, un sous la faille à environ 10 m de la pointe et 2 sous la grande batterie. Il en manque donc un, si on en croit les rapports anglais qui spécifiquement mentionnent 5 canons de 36 dans la grande batterie et 2 de 24 dans la petite. La rumeur locale étant que ce canon serait au club de plongée des Goudes, j'ai consacré un peu de temps à rechercher ce canon. Daniel Piarot déclare dans son livre avoir soulevé un des canons pour un documentaire de TF1, dit l'avoir nettoyé de ses concrétions, et avoir pensé le ramener aux Goudes pour en faire un point de plongée. D'après un témoin la tentative de retour du canon s'effectua effectivement, mais finit au fond de la mer entre Sormiou et les Goudes, après des difficultés pour le tirer.
En 2014, grace à Robert Civallero, je peux compléter la liste des canons restants; et commenter que le canon ci-dessus semble être le deuxième ; il est sur un lit de cable. Par contre bien que le boulet semble avoir une anse, il y a sous la falaise du petit épaulement des algues comme des boules de différentes tailles autour du canon de 24, ce qui pourrait faire croire à des boulets.
 

Canon de 36 - Canon 1 sous le X

 Canon de 36 - Canon 2 sous tache jaune

Canon de 36 - Canon 3 sous tache jaune

Canon de 24- Canon  4 sous petit épaulement


La mode en 1810 était aux fourneaux à réverbère.. pour chauffer le boulet au rouge de façon à mettre le feu aux bateaux. Un fourneau est spécifié dans le décret concernant les batteries de Morgiou. Il s'agit de mettre de la poudre, puis un tampon d'herbe mouillée et ensuite de faire rouler un boulet chauffé au rouge que l'on apporte à l'aide de grosses tenailles ou une espèce de louche.
On n'arrête pas le progrès technique! Mais j'ai lu que dans ses mémoires Napoléon abordera le sujet en se plaignant que cela n'a jamais été utilisé de manière efficace car les soldats avaient peur que le boulet mette le feu à la poudre, aussi "n'essayaient-ils même pas".

Le 2 Mai, alors qu'on s'apprêtait à réarmer les batteries, Les Anglais attaquent à nouveau, et après une canonnade usant de leurs caronades, ils débarquent sur le Cap par les 2 points moins élevés, St Pierre et la Gorguette. Cette fois ils font sauter le fourneau, le mortier (le lieutenant Isaac Shaw du Volontaire, est blessé par l'explosion) et capturent 6 bateaux de commerce, plus un bateau d'agrès

Débarcadère de St Pierre

Débarcadère de St Pierre de la mer.


La Pointe de la Voile où se trouve la Gorguette

Je suis descendue à la Gorguette et j'ai découvert que pour empêcher toute escalade les fissures avaient été soigneusement bouchées avec des cailloux dans du mortier. Voir sur la photo suivante, à gauche au dessus des touffes de criste marine. Même chose sur la droite. Plus un mur de pierres, qui maintenant a une brèche de plus d'un mètre de haut


Le débarcadère de la Gorguette fortifié en vain


L'excavation carrée de la Tour modèle #9 du Cap Morgiou - Hauteur 3 mètres

En 1818 le rapport de l'attaque par les anglais de ces batteries laisse entendre que cette excavation en 1813 était l'emplacement de la construction éventuelle d'une tour à plusieurs étages pour le logement des 40 hommes prévus pour la garnison.
Une tour-modèle no 2, c'était le projet de Napoléon d'en avoir 200 en Europe, surtout en Italie. Seulement une dizaine seront finies en 1814 dont une en Pologne qui existe toujours. Les canons sont placés sur le toit. Une tour-modèle no 9 est légèrement plus petite.

Il n'en est toutefois pas question dans le décret du 17 Novembre 1810 qui ne mentionne que la batterie, le fourneau à réverbère et l'armement, mais le trou est là!


Extraits du Décret du 17 Novembre 1810 - obtenu grace au conservateur et à la secrétaire du SHAT à Vincennes
Morgiou est devenu Morgeon.


Les pierres rejetées ensevelissent la petite vigie ronde (on perçoit le départ de la voûte sur le mur de gauche) qui pourrait dater de 1614. Il y a d'autres constructions tout autour.. abris temporaires ?
Il y avait 14 bâtiments de commerce dans la calanque dont 10 seront emmenés par les Anglais. Mouillage soit-disant protégé non seulement par les batteries du Cap mais aussi par 2 canons près de la cabane de la douane sur la plage, ordonnés par le décret. On peut penser qu'il y avait aussi quelques armes sur les 2 plateformes aux deux bouts du mur.

 

Fortin de Morgiou, surélevé et équipé de meurtrières peut-être en 1813. A gauche emplacement du pont levis

Comme à la Vigie de Riou le mur est parfaitement intégré à la roche. Il y avait parait-il un pont levis. Les rapports sont extrêmement pénibles à lire:
Que faisaient les 40 soldats lorsqu'arrivent les 200 anglais qui n'ont pas de canons, alors qu'ils sont derrière un mur comme celui-là? A moins que le mur n'ait pas eu la partie avec les meurtrières lors de l'attaque de Mars.

Cap Morgiou - Cliché Dr. Albert - Les pins ont brûlé récemment mais commencent à repousser ainsi que les chênes verts

La petite batterie Nord-Est de Morgiou montre une surélevation de 50 cms, rajoutée seulement après l'attaque de Mars 1813 car la partie gauche semble être de construction identique. Cela explique la différence de forme des épaulements sur les plans.
 

Peu de tessons en surface, mais ceux des époques précédentes ont peut-être fini dans le surélèvement des épaulements en hauteur. A Morgiou quelques bols de facture semblable à ceux de Riou si la taille est différente. Le pied n'est pas repris. un peu d'engobe jaune jetée sur un fond marron. Du culinaire Vallauris mêlé aux tuiles du magasin à poudre.

Juillet 2009: trouvé à Vincennes des aquarelles encore plus précises du projet en 1811 des batteries de Morgiou et après l'attaque des anglais de 1813 elle fut remaniée, surélevée et l'arc fermé comme on le voit sur l'atlas de 1818 et sur la photo ci-dessus.
Le fourneau à réverbère se trouvait à l'intérieur de la batterie gauche. Aujourd'hui il y a des arbres à l'endroit.

Ce plan ne fut pas suivi ou fut modifié ; Il faut aussi tenir compte sur place des constructions sans intérêt historique de passants qui ne peuvent résister à faire des cairns ou des abris, et qui déplacent les dalles des mortiers.


Sur cette aquarelle le four à réverbère est dans la batterie de droite et il est montré détruit.
Cet emplacement semble être ce qui a été construit

Projet de batteries, tour modèle avec muraille crénelée et fortin avec pont-levis sur la péninsule de Morgiou en 1811. Là encore, le mur sur la droite entre i et g n'existe pas en fonction du relief


Ce que ça donne sur le terrain

S'il y avait eu des Anglais en 1793 sur Morgiou il aurait fallu les en déloger, et cela aurait été sans aucun doute mentionné dans un des rapports, comme c'est le cas pour Toulon.

Il est fort possible que l'histoire locale a déformé le fait que Undaunted avec Isaac Shaw a participé aux deux attaques de 1813, et que c'est sur ce bateau que Napoléon embarquera à Fréjus avec escale à St Raphaël pour son exil sur l'île d'Elbe, vingt ans plus tard.   Ile d'Elbe ou Ste Hélène, on ne va pas chercher la petite bête! Les Anglais se plaisent à reconnaître que Shaw avait une bonne connaissance du coin.. et c'est pour cela qu'on lui confia le commandement de l'attaque

LA BATTERIE DU CAP CAÙ

Au fortin de Cacaù qui daterait de la même époque le renforcement est semblable, pas très élevé, cabane "corps de garde" intégrée sol plat.

A l'entrée de la Baie de Cassis, cette batterie est en relation avec les batteries de cette ville; Elles seront aussi attaquées par les Anglais en août 1813.

Comme il n'y a pas dans les archives de Cassis de référence spéciale à une fortification en 1614, j'en ai conclu qu'il s'agit plutôt de 1813/1814. Morgiou et Cacaù ainsi que l'île Verte ont vu des fortifications décrétées en 1810, commencées en 1811 réduites et reconstruites en 1813. Comme à Morgiou le mur de Cacaù montre une surélévation.

LES ATTAQUES DE 1813

J'ai trouvé un site: www.ageofnelson.org qui tire des archives de la British Navy à l'époque des guerres du premier empire, le rapport suivant des attaques de Morgiou en 1813 par le Volontaire, l'Undaunted et le Redwing et le Repulse, avec beaucoup plus de détails que l'Atlas de 1818. Les cartes anciennes viennent de la Bibliothèque Nationale, les photos aériennes de Google Earth, les aquarelles de l'Atlas des Batteries de 1818 des Archives des Bouches du Rhone. Les lettres de Napoléon sont mentionnées dans Le Blocus de 1804 à 1814 de Paul Gaffarel dont le grand-père était patron-pêcheur à Cassis lors de l'attaque de 1813. Son compte-rendu de l'attaque d'Août 1813 est plus localisé que le rapport des Anglais qui ne connaissent pas les noms spécifiques des batteries de la Baie de Cassis.

Epaulement Ouest Grande Batterie entre le Cap et St Pierre

Epaulement Est: Petite Batterie à l'entrée de la Calanque de Morgiou

St Pierre entre les 2 batteries avec le Cancéou

La Gorguette

chemin de Sormiou à Morgiou par le Canapé

La Palée au dessous du poste à boutons (le Canapé)

Pointe de CaCaù et sa batterie sous les pins

Château fort de Cassis en haut de la falaise

Le lieu du drame. Le sommet du Cancéou par où arrivèrent les 200 Anglais. A droite de la falaise de la Triperie les pierres de la tour jamais construite. Les 2 épaulements en bout de leurs falaises respectives entre les deux St Pierre dans le V.

Traduit de l'anglais: Age of Nelson.org. Divers rapports qui sont catalogués par bateau.
Les bateaux anglais  VOLONTAIRE, UNDAUNTED ET REDWING, sous le commandement du lieutenant Isaac SHAW VOLONTAIRE ont attaqué Morgiou, à quelques miles à l'est de Cap Croisette, dans la nuit du 30 Mars.
Ils ont débarqué à Sormiou et marché sur les collines à l'aube pour attaquer deux batteries par l'arrière. Après une certaine résistance des 40 soldats ont été capturé et cinq canons de 36 dans l'une, et deux pièces de 24 dans l'autre, ont été jetés dans la mer. Un mortier a été cloué et toutes les munitions détruites. D'autres bateaux, en dépit du tir de deux pièces de campagne, ont fait sortir 11 navires d'entre 25 et 45 tonnes chargés d'huile et détruit deux autres.
UNDAUNTED a perdu un marin tué et deux marines gravement blessés.
Les français ont immédiatement commencé les préparatifs pour ré-armer dans les batteries. Capitaine MOUBRAY du REPULSE, ayant appris cela du capitaine de WALDEGRAVE du  VOLONTAIRE, a envoyé 100 marines de son navire, le 2 mai pour rejoindre ceux des frégates pour finalement détruire les ouvrages ennemis. Ils étaient dirigés par le lieutenant SHAW  en raison de sa connaissance des lieux et, couvert par REDWING et une vive caronade, ils ont débarqué et repoussé un détachement du 4ème bataillon du 1èr régiment de ligne, l'ennemi perdant au moins 12 morts. Les batteries, le fourneau a réverbère et le mortier de 13 pouces ont été dynamités (lieutenant SHAW a été blessé par l'explosion) et six navires, diversement chargés de sel, de vin, de cuir, de farine et de  briques, ont été mis en évidence. Le capitaine USSHER, remarquant qu'ils étaient attachés au rivage par des aussières de la tête de mât, est allé le long d'un navire sous un feu nourri de mousqueterie des soldats sur les falaises. Lui et son équipage réussirent a monter a bord indemnes de leur prise, remplie à ras bord.. UNDAUNTED a perdu un marin, L. NOSKI, tué et deux matelots, John DALE et J. SULLIVAN, blessés.
Le lendemain UNDAUNTED a pris en chasse un navire sous les tirs de garnison dans la baie de Marseille et entretenu un échange animé de feu alors que le lieutenant. William OLDREY et l'équipage d'un bateau faisait sortir un brig qui se trouvait à l'entrée du port.
Le 7 Mai, UNDAUNTED a capturé deux navires côtiers d' un convoi et a conduit plusieurs à terre.
Une bourrasque orageuse les empêcha de capturer la goélette même s'ils donnèrent la chasse aussi longtemps que possible, mais le lieutenant OLDREY était grièvement blessé et son équipage avait également souffert.
Au début d'Août, UNDAUNTED et ESPOIR ont découvert un certain nombre de bateaux à Cassis, à environ 8 miles à l'est du Cap Croisette. Le capitaine USSHER laissa ESPOIR effectuer le blocus du port et parti à la rencontre de Sir Edward PELLEW au large du cap Sicié. Il revint avec REDWING, 200 fusiliers marins et un détachement de bateaux le CALEDONIE, l'HIBERNIA, le BARFLEUR et le PRINCE OF WALES. Les vents contraires empêchèrent l'attaque pendant plusieurs jours et lorsqu'elle eut lieu le 18 août, UNDAUNTED n'avait pas pris son mouillage prévu devant la ville.
Quatre batteries défendaient l'entrée de la baie et de deux canonnières françaises étaient amarrées en travers de l'entrée de la digue, mais REDWING et ESPOIR passèrent rapidement sous  un feu nourri jusqu'à moins de 50 mètres de la ville pour couvrir le débarquement. Les marines sous le capitaine Jeremiah COGHLAN, chassèrent les Français devant eux à la pointe de la baïonnette, passé les batteries vers  les hauteurs derrière la ville.
Lieut. HUNT, RM fut  le premier à entrer dans la citadelle par une échelle qui  se rompit, le laissant seul sur le parapet.
Les bateaux REDWING sous les ordres du capitaine SINCLAIR entrèrent alors dans le port et firent sortir deux canonnières et 24 navires marchands et détruisirent une canonnière et une tartane. Un petit groupe poste avec capitaine SPENCER d'ESPOIR dans un moulin à vent à l'arrière de la ville couvrit le ré-embarquement qui a été accompli sans qu'aucune des maisons ou des propriétés privées soient touchées.
*1813 Capitaine Richard Hussey Moubray, de la Méditerranée à bord de REPULSE
Le 2 mai, les bateaux de REPULSE, VOLONTAIRE et UNDAUNTED ont fait sortir neuf navires chargés du port de Morgion tandis que les marines des mêmes navires ont été débarqués et ont fait sauter des batteries dans le voisinage.
*1813 Sir John Gordon SINCLAIR, de la Méditerranée à bord de REDWING
Le 30 Mars 1813 REDWING était avec UNDAUNTED et VOLONTAIRE lorsque 14 navires marchands ont été découverts dans Morjean, un petit port entre Marseille et Toulon.
Des groupes de marins et fusiliers marins ont été débarqués à Sormion et montèrent sur les collines pour attaquer par derrière les deux batteries couvrant le port à l'arrière.
Cinq canons de 36-en une et deux pièces de 24 dans l'autre ont été jetés à la mer et toutes les munitions détruites.
Onze vaisseaux chargés de l'huile d'olive ont été pris et les autres détruits.
REDWING couvrit les marins des mêmes navires quand ils ont débarqué pour détruire les batteries et faire ressortir six navires de Morgion, le 3 mai.
Un escadron composé de CALEDONIE, HIBERNIA, UNDAUNTED, PRINCE OF WALES et de REDWING a attaqué Cassis à l'ouest de Marseille au début du Août.
Quatre batteries  couvrent l'entrée de la baie et deux canonnières étaient amarrées en travers de l'entrée du port.
Le capitaine SINCLAIR a engagé son sloop sous un feu nourri pour couvrir les marines qui, sous le capitaine COGHLAN, ont poussé les Français à partir des batteries à la pointe de la baïonnette.
Les bateaux sous la direction du capitaine SINCLAIR sont alors entrés dans l'avant port et ont fait sortir vingt à quatre canapés et tartanes et deux canonnières.
Un sous-officier a été blessé sur REDWING.

Pendant les mois de l'hiver 2011 j'ai dialogué par e-mails avec Jean-Marc Nardini (Association des Calancœurs) qui se passionne pour la petite histoire des Calanques et pour Napoléon. Nous avons décidé de partir à la recherche du passage des Anglais sur les crêtes de Morgiou.
Je m'en tiens au compte rendu anglais ci-dessus, qui dit qu'ils sont partis de Sormiou avec 200 hommes à l'aurore et au rapport français cité plus bas qui dit qu'ils sont passés derrière la Grande Chandelle (sic) pour attaquer la petite garnison au col du Renard après avoir débarqué à Sormiou. Jean-Marc lui pense qu'ils ont pu débarquer dans les parages du Cancéou.
Sur les cartes de mon père il y a en rouge un sentier en zig-zag qui part du petit port et bifurque pour aller rejoindre le sentier des crêtes. Il y a aussi un sentier marqué en petits tirés qui part de ce qui semble être une lecque à la Palée. Il mentionne aussi la Candelle du Cancéou, à droite de la Calanque du Cancéou.

Nous voilà donc partis ce printemps 2012 par le sentier des crêtes qui passe malheureusement du coté de Morgiou.
On manque d'élévation pour prendre une photo adaptée au chemin suivi par les anglais.

Le petit port de Sormiou

La Palée, débarcadère difficile pour 200 soldats

Long mais caché du Cap, et surtout existant

Cancéou trop escarpé, trop près du Cap

On peut débarquer 200 hommes dans le Petit Port assez rapidement dans la nuit, à l'abri des regards du Cap de Morgiou. Il ne leur restait plus qu'à rejoindre la crête et le sentier bleu d'aujourd'hui. Du coté du Cancéou les bateaux anglais auraient été en pleine vue du Cap ainsi que les chaloupes nécessaires au débarquement malaisé de 200 hommes.
Il y a plusieurs postes de chasse avec des vues imprenables sur les deux calanques. Aucune trace des Anglais, mais des témoins assez inattendus de la présence de soldats français. Des boutons d'uniformes du 62 et du 145 et du Premier Ban de la Garde Nationale!
Le poste des boutons, car il y en a aussi des boutons modernes d'équipements militaires, qui viennent sans doute de vêtements de chasseurs dont les cartouches innombrables parsèment l'endroit.
Poste de garde qui a livré une anse de marmite, et 2 fourneaux de pipes en céramique.
Endroit à fusillade, car Jean-Marc y avait déjà trouvé des balles de mousquets et une pierre à mousquet montée dans du bronze, une mordache, comme il en a été trouvé dans les champs de bataille des guerres de l'Empire. Puis ce fouineur invétéré est tombé sur 4 pièces ensemble qui nous ont d'abord fait penser que nous étions en présence de soldats royaux car c'est un liard de Louis XV en bronze (date possible 1769), puis un autre qui semble avoir fondu avec une cartouche moderne, un vingtième d'écu de 1766, et enfin un 12 deniers en bronze de cloche de Louis XVI Roi des François (sic) avec la mention La Nation, la Loi, le Roi datée de 1793, alors qu'il est mort le 21 janvier de la même année! La paie des soldats de Napoléon se faisait avec des monnaies qui dataient de 50 ans, ce qu'il me faudra sans doute appliquer à la batterie du Four de Caux. Grace aux boutons nous savons que c'était des soldats de Napoléon en 1812 ou 1813. Ont-ils participé à une escarmouche avec les anglais qui leur a couté la vie? Nous ne le saurons sans doute jamais. Ils ne devaient pas être nombreux.

Balles de mousquet

Mordache

62e Régiment d'Infanterie de ligne 1813/1814

Premier Ban de la Garde Nationale 1813

Vingtième d'Ecu Louis XV 1766

12 Deniers 1793 Louis XVI Roi des François

Liard 1769 Ludovic XV Deo Gratias

Pipe en céramique

145ème Régiment d'Infanterie de ligne 1813/1814

Autre bouton non identifié

Nous avons continué notre descente "à l'anglaise" sur le Cap, imaginant les soldats français endormis dans leur baraques, ayant sans doute forcé sur le vin, car le chemin est très escarpé et 200 types doivent tout de même faire du bruit.

Sur le Cap où Jean Marc a fini par m'accompagner, mon but était de discuter en particulier du fourneau à réverbère que je pensais avoir localisé par des pierres que j'avais vues dans le four à réverbère des île s Lérins, mais aussi d'échanger des idées sur différents endroits. Nous avons donc fait le tour des différentes constructions, salué la défense de St Pierre avec ses murs, admiré la falaise et la mer, puis nous sommes allés voir ce qui ressemble à un four à chaux pas très loin du dallage du mortier. Nous discutions des pierres jaunes taillées qui émergent quand une pierre en calcaire urgonien a attiré l'attention de Jean Marc, puis une seconde, puis une troisième de plus grande taille. La gouttière qui y est creusée ne pouvant être qu'un conduit pour faire rouler les boulets chauffés au rouge vers le mortier et les canons, d'où la sorte de vasque pour les réceptionner et le coude dans l'une des pierres: j'avais enfin trouvé le fourneau à réverbère détruit par les anglais en Mai 1813. Ce qui prouve qu'il a servi et qu'il était efficace, car le lieutenant Isaac Shaw commandant du Volontaire et de la petite troupe fut blessé en faisant exploser le four et le mortier qui n'avait été qu'encloué lors de la première attaque en Mars. Heureusement qu'il y a à Camaret un four encore entier avec sa goulotte en 3 parties, pratiquement la même que celle de Morgiou. Celui de Lérins n'a plus, ou n'a jamais eu de goulotte.

Pierre jaune taillée en goulets , semblable à celles de la gueule du four de Ste Marguerite (Iles de Lérins)


Goulotte du four à boulets de Camaret

Première partie de la goulotte de calcaire urgonien

Deuxième partie de la goulotte avec un coude

Vasque de réception des boulets

En repartant vers la Calanque de Morgiou, Jean Marc me montra l'endroit où il trouva un boulet de 18 enfoui dans un éboulis lorsqu'enfant il allait à la pêche avec son grand-père. Aujourd'hui il s'agit de déterminer qui l'a tiré!

Ce boulet semble appartenir à un canon anglais appelé caronade et plus particulièrement au plus petit calibre qui fait 11.5 cms de diamètre de bouche.

Boulet de caronade ?

Pour en revenir à notre poste à boutons, nous avons donc des soldats du 62ème régiment de ligne. Ce régiment est dans le Nord, mais on trouve des soldats blessés à l'Hôtel Dieu de Marseille. Un Étienne Roure de Coubon dans la Haute-Loire. soldat fusilier de la première compagnie du 4ème bataillon du 62ème régiment de ligne, qui meurt à Marseille à l'âge de 26 ans le 6 Août 1813. Quatre jours après l'attaque de la Batterie de Cacaù!


En préparation de la campagne de Russie la Garde Nationale devait assurer la défense des frontières et la sécurité de l'intérieur. Le premier ban organisé en 1813 était composé d'hommes non appelés et non mariés des classes de 1807 à 1812 entre 20 et 26 ans.
En 1812 le 145e Régiment d'Infanterie de Ligne est formé des 23e, 24e et 25e Cohortes. Il sera démobilisé en 1814.
Les Colonels et Chefs-de-Brigade du 62ème nous disent les anglais, ne seront jamais fait généraux!
Deux noms: 1813: Nicolas (François-Antoine) - Colonel blessé le 21 Mai
1813: Dolisie (Henry) - Colonel
mais ces hommes ne sont certainement pas à Morgiou puisque les combats sont en 1813 à Mockern, Lutzen, Wurschen, Katzbach, Dessau, Leipzig, and Hanau et en 1814, à La Rothière, Pont de Dienville, Champaubert, Montmirail, Vauchamps, Saint-Julien, and Limonest.
Toutefois les Anglais mentionnent bien le 62 ème régiment d'infanterie en Mars; et le 1er régiment en Mai

Ni les Anglais, ni les Français parlent d'une escarmouche sur les crêtes, seulement du col du Renard. Le petit poste à boutons était néanmoins facilement repérable de la mer, et il n'est pas exclu qu'ils aient été tranquillisés à l'arme blanche.
40 hommes se trouvaient sur le Cap, probablement dispersés. Il semble aussi que peut-être le mur du Fortin n'ait pas été aussi haut que ce qu'on voit maintenant. Le rapport français mentionne "le petit poste du Renard" alors qu'il y a un mur; avec des meurtrières qui effectivement ne sont pas très soignées. Le mur, plus haut, semble surélevé: remaniement possible donc comme pour les épaulements, en pure perte puisque les anglais sachant les batteries sans canons, débarquèrent au Cap le 2 mai 1913.
Février 2017: en relisant les photos de commentaires, prises à Vincennes, il est dit que lors de l'attaque de Mars 1813, l'endroit était escarpé et un sentier le traversait !! Donc aucune protection.
Remarquable, toutefois, le travail de reconstruction en 1 mois par les hommes du premier régiment d'infanterie, qui selon toute vraisemblance prirent la relève
 

30 Avril 2012.
Du nouveau concernant peut-être les blessés de ces attaques. Le Capitaine Anglais, G.G Waldegrave dit dans son rapport au Vice amiral Pellew que l'ennemi a 4 morts; 5 blessés et 17 prisonniers dont 1 lieutenant (Aymon?) et 16 hommes du 62ème régiment. Eux-mêmes ont 4 blessés graves et un mort.


Rapport anglais du 31 mars 1813 : Il n'y aurait eu que 26 combattants sur la presqu'île, les autres s'étant enfuit. Cela explique peut-être la rapidité des transports à l'Hôtel-Dieu de Marseille, il est possible qu'ils aient donné l'alarme!


Jean Marc, qui voulait des preuves de la présence des régiments sur Marseille a trouvé, outre Étienne Roure mentionné plus haut, que 5 autres soldats sont morts à l'Hôtel Dieu les premier, 2. 8 et 10 avril, et nous savons que l'attaque des batteries a été le seul combat dans la région de Marseille à cette date. A première vue les 5 blessés n'ont pas survécu.


Joseph VIEL , fusilier dans le 62ème, mort à 20 ans, le 8 Avril 1813


Giraud CLAVAL fusilier dans le 1er régiment d'infanterie mort à 20 ans, le 10 Avril 1813


Louis VIGNERON, fusilier dans la 4ème compagnie du 31 bataillon du 62ème régiment d'infanterie, mort le 1 Avril 1813 à 20 ans

Jean Augustin VINCENT, fusilier dans le détachement du 145ème, âgé de 21 ans, mort le 2 avril


Jean LAVERGNAS , fusilier dans la 4ème compagnie du 5ème bataillon du 62ème régiment, âgé de 20 ans, mort le 1er avril

Ils étaient 5 blessés lors de l'attaque du 31 mars.

Après l'attaque du 2 Mai, un autre décès sera enregistré celui de Pierre DUCOS fusilier dans la 4ème compagnie du cinquième bataillon du 62ème régiment d'Infanterie de ligne, âgé lui aussi de 20 ans


Ils sont tous très jeunes, et font partie du 62 et 145ème régiments dont nous avons trouvé les boutons sur la crête. On peut supposer que comme les soldats allemands de 1940, ils devaient se féliciter de ne pas être sur le front russe.
Les balles de mousquet pèsent 40 grammes et seraient des balles anglaises, les balles françaises devant être de 30 grammes ( le mousquet Charleville 1777 avait un baril de 16.9 à 17.50mm et les balles pouvaient être de 22/23 grammes. Nous y reviendrons pour confirmation. Nous avions aussi pensé que le petit poste avait pu être surpris et annihilé, ce qui expliquerait autant de boutons arrachés et la perte de la monnaie.
Les blessés sont évacués rapidement sur l'Hôtel Dieu, mais nous ne savons pas encore par qui, ni ce qu'il advint des morts. Peut-être par les 14 fuyards ou un renfort de troupe. Il semble que le 1er régiment stationné à Marseille prendra la relève et essuiera des pertes semblables lors de l'attaque du 2 Mai. Les anglais parlent de 12 morts, les français passent cela sous silence.
Les morts de l'Hôtel Dieu auraient été enterrés au cimetière de St Martin, qui fut détruit pour faire place à la gare St Charles. Si les morts du Cap ont été conduits à ce cimetière, cela expliquerait que l'on ne retrouve plus leurs traces.

52 prisonniers après l'attaque de Cassis en Août furent déposés par les Anglais sur Planier temporairement! On se demande aussi ce qu'ils faisaient des bateaux une fois qu'ils les avaient déchargés. Un mois plus tard des prisonniers furent retournés à Cassis ainsi qu'une femme Corse!
Il semble que le port d'attache des Anglais ait été Port Mahon à Minorca (et le Cap Corse), ce qui explique probablement le nom anglais de l'ami Vanrell dont la famille vient des Baléares.

Si je n'ai pu intéresser qui que ce soit à Marseille pour commémorer le bicentenaire de ces attaques, il me parait juste de montrer la jubilation des anglais après ce coup de main, dans un rapport écrit le soir même du Volontaire, dans les parages du Cap Croisette

Sur des médailles d'officier, la barrette Morgiou 2 May, 1813 voisine avec Trafalgar. Ici celle du Commandant Syer

 

 

Rapport du Génie dans les commentaires de l'Atlas des Batteries dressé en 1818

L'orthographe est celle du document - pas de point seulement des virgules

Batteries de Morgiou<

"Les attaques répétées qu'ont éprouvé ces batteries ont assez prouvé leur importance, si elles n'ont pas mieux rempli leur but, ce n'est pas que leur site n'est pas très favorable à une bonne défense, mais les travaux qui devaient seconder ce que leur position a d'avantageux étaient à peine commencés lorsque dans la nuit du 30 au 31 Mars 1813 l'ennemi débarqua dans l'anse de Sormiou au nombre de 2 à 300 hommes guidés par des gens du pays sans doute, il parvint à traverser les roches dont est hérissée cette partie de la côte sur le sommet de la Montagne de la Grande Chandelle° d'où descendant sur le cap il força bientôt le petit poste chargé de défendre le pas du Renard et tomba sur les défenseurs de la batterie où se trouvait un détachement de 40 hommes d'infanterie, outre les canonniers, l'officier qui le commandait, le gardien de la batterie, un canonnier garde Côte et 16 soldats d'infanterie furent faits prisonniers, eurent encore 4 hommes blessés, la batterie entièrement détruite, le fourneau à réverbère dégradé, les canons, leurs affûts et munitions furent jetés à la mer, les baraques incendiées etc...enfin l'ennemi captura 10 des 14 bâtiments formant un convoi mouillé en ce moment dans l'anse du port de Morgiou.
A peine avait-on réparé une partie des dégâts causés par l'ennemi dans cette batterie, les épaulements reconstruits allaient être réarmés que l'ennemi s'attaqua de nouveau le 2 Mai à cette batterie, après une canonnade il débarqua directement sur le Cap Morgiou par le débarcadère de St Pierre et celui de la Gorguette, détruisit de nouveau les épaulements, fit sauter ce qui restait du fourneau à réverbère* et s'empara de 6 bâtiments du commerce mouillés dans l'anse et d'un bateau chargé d'agrès d'artilleries.
Pour prévenir le retour de semblables échecs on s'occupa de suite des travaux indiqués dans la 2ème colonne de cet article. On avait également projeté de barrer par un retranchement bastionné le passage étroit en avant de l'emplacement choisi pour y établir une tour du modèle n°9.
Avec tous ces ouvrages les batteries de Morgiou auraient été sans contredit les mieux défendues de toutes la côte et il me paraissait entièrement superflu d'achever cette tour dont les déblais par son emplacement étaient faits en partie. Je proposais en conséquence d'y substituer un corps de garde défensif dans le genre de celui dont j'ai fait la description à l'article de la batterie de Niolon, et qui beaucoup moins coûteux, plus rapidement construit, offrant plus de logement que la tour pouvait la remplacer avec d'autant moins d'inconvénient qu'il est impossible de monter du canon sur le cap pour l'attaque de ce réduit."

*un fourneau à réverbère est un fourneau où la chaleur est réverbérée par la voûte du four. Le combustible est brûlé dans une chambre différente de celle des matières traitées. En 1775 la Marine Française fait venir un maître de forge britannique, William Wilkinson pour construire un four à réverbère pour la fabrication d'artillerie en fonte de fer: ce sera la fonderie d'Indret.
Il y avait donc une fonderie sur le Cap Morgiou en 1813, Morgiou à la pointe du progrès technique ?? Pas vraiment.. le four servait surtout à chauffer les boulets au rouge avant de les envoyer sur les bateaux anglais dans l'espoir de les voir s'embraser. Plusieurs batteries de la côte marseillaise en étaient équipées, ainsi que le montre l'Atlas de 1818.

Cette construction pourrait être un four à réverbère de fortune. Murs de 1m d'épaisseur, 1 mètre de profondeur lorsque la voûte était en place, la partie de droite de 60 cm de largeur,celle de gauche de plus de 1m formant un L.
Elle n'est pas entre les 2 batteries comme on pourrait s'y attendre mais près de la future tour.
En avril 2014 et après que j'ai localisé le four détruit par les anglais, je ne sais toujours pas ce que c'est.
°La Grande Chandelle se trouve de l'autre coté de la calanque de Morgiou, et certainement pas entre Sormiou et le Pas du Renard. Toutefois en regardant de près la carte réalisée par mon père du Massif de Puget je vois qu'il y a une Candelle au Cancéou, en fait une aiguille qui est bien, elle, sur le chemin du Pas du Renard. Il identifie aussi le carré de pierres comme ruines du corps de garde, la tour qui en fait n'a jamais été bâtie.
Le nombre d'Anglais est identique à celui qui attaque la batterie de Cacaù en Août 1813 en débarquant de nuit dans Port-Pin et jetant là aussi les canons à la mer.
Cela est aussi vérifié par les canons qui sont toujours dans l'eau. 5 à Cacaù, dont un ci-dessous.

Pointe Cacaù - Photo Jean-Claude Cayol

Canon Premier Empire en fer - à gauche
Canon anglais (Carronade) à droite
(Musée de la Marine Toulon)


Musée de la Marine Toulon

Celui-ci récupéré à la plage des Lecques par les marins pompiers de St Cyr sur Mer  serait du XVIIe Petit calibre
Petit affût de côte reconstitué

Celui-ci en bronze, orné d'une salamandre daté de 1525 et sombra dans le port de Toulon en 1533 à bord de la nef de François 1er, la Grande Maîtresse - son calibre est de 36 - le boulet pèse 36 livres
A remarquer le dessin au mur du Musée montrant l'Arsenal

Je reçois un magasine américain "Archaeology". Récemment celui de Mars /Avril 2013 avait pour couverture "A Soldier's story". L'article de Jarrett A. Lobell rapportait la découverte du squelette d'un homme tué par une balle de mousquet à Waterloo, balle que l'on peut voir logée dans son poumon droit. Dans la poche près de sa main droite des pièces de monnaie et un morceau d'étoffe rouge. En dépit d'une cuillère avec les initiales CB, l'homme est surnommé le "soldat inconnu" de Waterloo.
Les Belges préparent activement le bicentenaire de la bataille de Waterloo, mais ne semblent pas attendre la dernière minute pour communiquer leurs trouvailles

Balle de mousquet française dans le torse du soldat

Pièces de monnaies dans sa poche

Ce mois-ci, Dominique Bosquet de l'Université libre de Bruxelles, explique qu'après avoir analysé les pièces, qu'en plus des françaises qui étaient utilisées dans toute l'Europe il y a des pfennings et kreuzer. Comme l'homme a été trouvé près de l'endroit où le régiment du Hanovre était positionné sur le champs de bataille, il y a de fortes chances que ce soit non pas un anglais, mais un Hanovrien. Il me faudra confirmer, mais la balle de mousquet d'après sa dimension serait une balle française, les troupes ennemies utilisant des Brown Bess muskets d'un calibre plus gros. Dans les possession du soldat il y avait aussi une mordache. Étrange qu'il n'y ait pas de boutons d'uniforme!


Précédent Chapitre Suivant

Copyright© Riou et les Calanques du Dr. Albert. All Rights Reserved

E-Mail Webmaster: micheleweismann@gmail.com