Bouillon Landais rapporte que des gens vinrent se
réfugier sur Riou en 1720, et une jeune fille y serait née qui habitait
plus tard le quartier de St Jean, donc une fille de pêcheur. L'épisode n'est pas très prenant, car
ils n'ont pas dû rester longtemps.
En essayant de dater les fours à chaux j'avais ramassé du culinaire de Vallauris
orangé clair. Sur le chemin du retour je notais une dizaine de tuiles au
pied des barres entre le vallon de l'Aiglon et le vallon de la Vigie. Me
souvenant que le grand-père de Pierrot Vottero lui avait dit voir un
moine capucin assis tous les jours sur les rochers au-dessous de cet
endroit, je suis retournée voir, sans grand espoir, car un moine aux
alentours de 1900 ne devait pas avoir beaucoup de vaisselle. Dans une
encoignure de rocher avec un talus de terre beaucoup d'os, probablement
apportés par les gabians. Quelques morceaux de Vallauris, et puis
surprise un tesson de poterie de l'Huveaune, marron décoré de "miel", un
autre a sgraffito, du tourbillonné/jaspé de l'Huveaune !
Pour l'instant je pense, tant l'endroit est étrange pour un tel
rassemblement de tessons, que si une trentaine de gens étaient sur l'île
en plein été, ils ont dû se mettre à l'ombre des barres rocheuses, sur
cette petite esplanade, avec vue sur les calanques. Et peut-être
étaient-ils les chaufourniers des fours de Caramassane car en nous y
rendant nous avons trouvé du tourbillonné dans le vallon. Pour enterrer
les pestiférés il y a eu un énorme besoin de chaux vive..(Mais Michel
Signoli me jure que la chaux vive au temps de la peste venait de St Chamas) peut-être les
chaufourniers en ont-ils profité pour mettre leurs familles à l'abri. Le
même tourbillonné se retrouve à la citerne du Pic, mais pas à la Vigie.
Certains de ces tessons pourraient dater du début du 17ème siècle. Il y a eu une autre peste en 1649, une en 1628, une
autre en 1580 qui tua le tiers de la population de la ville.Ou bien ce sont les
gens qui venaient prendre les faucons, alors qu'il n'y a plus de gardes
à la Vigie?? Il y a eu aussi des chevriers et des ramasseurs d'herbages
à partir du 16ème!
Le plus étrange c'est que l'on trouve au même endroit des tessons
d'amphores étrusques et massaliotes, et d'amphores à saumures, comme
sur le littoral de Marseilleveyre: Nos grecs venaient faire la
sieste à l'ombre eux aussi. Près de l'eau il n'y a que la diaclase de
Fontagne et cette esplanade qui sont à l'ombre dans la journée
L'ironie dans l'histoire des quarantaines des iles de Marseille c'est
qu'après 1625 Jarre n'est plus une quarantaine. C'est désormais le rôle
de Pomègues; mais aussi du Lazaret près de la cathédrale de la Major.
Il n'est pas facile de surveiller un endroit aussi proche de la côte et
aussi loin de la ville. C'est du Lazaret que la peste se répandit.
L'archipel était donc une zone saine, jusqu'à ce que le Gd St Antoine soit
exilé à Jarre, et brûlé sur les ordres du Régent le 20 septembre 1720,
quelques 3 mois trop tard, non pas dans l'anse où sont les 10 aurails d'amarrage, mais dans l'anse ouest
sur Jarron où les restes du bateau
prennent toute la largeur.
L'une des ancres du Grand St Antoine attendait depuis 20 ans à la darse de la Pointe Rouge d'être restaurée et installée éventuellement dans le Musée d'Histoire de Marseille qui vient enfin d'être inauguré en septembre 2013.
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