Riou et les Calanques du docteur Albert

Riou et les Calanques en 1943 et 1944

Errances et Réflexions d'une Promeneuse Solitaire



Le Turc


Mon père que l'on voit sur cette photo de 1964 travaillant à la carte de détail du site de la Fontaine des Grecs.
Il se tient à l'angle sud-ouest de la Fontaine qu'il venait de finir de restaurer et de recouvrir. Sur sa droite, la barre rocheuse où il cherchait la résurgence qui alimente le point d'eau jusqu'à l'emplir de 6000 litres. C'est là qu'il découvrit le squelette ainsi qu'il le raconte dans le récit qui suit et que l'on trouvera dans son intégralité sous le titre de Fontagne

Mon père écrit:

A l'Est de la Fontaine à 5 mètres  environ, une barre de roche homogène clôt le vallonnement sur une ligne Nord-Sud.
J'étais toujours à la recherche d'une arrivée d'eau de source hypothétique qui aurait pu justifier ce terme de Fontaine.
J'entrepris donc de déblayer la base de l'éboulis qui l'avait submergée, et duquel il semblait bien que l'on avait prélevé les éléments du comblement de la cavité, ceux-là mêmes que nous avions eu tant de mal à extraire lors de la découverte.
J'étais parvenu à 50cms de profondeur, c'est-à-dire à 1 mètre environ du sommet de la barre, lorsque je découvris quelques petits ossements.
Je n'y prêtais pas attention tout d'abord. Mais le coup de pioche suivant fit sauter un os long. Surprise!
Il avait toutes les apparences d'un tibia. Prudemment j'avançais la fouille vers le Nord jusqu'à dégager les extrémités de deux fémurs.
Le lendemain je dégageais entièrement à la fourchette un squelette enseveli le long de la barre, les bras croisés sur le thorax dans une position habituelle de sépulture.
Il manquait la jambe droite et les os du pied gauche que j'avais éparpillés sans les remarquer, puisque la chance avait voulu , pour son intégrité que je déterre cet inconnu en commençant par les pieds!
Il fut identifié par Mr. Charles, savant anthropologue du Muséum de Paris: homme de 35 ans, 1.77m, de race macédonienne; enseveli depuis une époque difficile à préciser entre 400 et 700 ans avant nous.
Or Bouillon Landais dans son livre sur l'île de Riou, nous apprend que les Turcs, Sarrazins ou Barbaresques faisaient alors des expéditions sur les iles et le littoral Sud.
En Mai 1527, les 3 gardiens de la Vigie de l'Ile et qui habitaient certainement au Monasterio quand ils n'étaient pas de garde à la tour du sommet, analogue aux tours sarrasines corses, furent massacrés par les Turcs.
Les dates semblent suggérer que l'un des Turcs, blessé et amputé de la jambe droite mourut au campement qu'ils avaient installé à la Calanque de la Fontaine hors de vue des guetteurs de la tour, et fut enterré là, sans vêtements, ni linceul, dont nous n'avons trouvé aucune trace.

C'était en 1964... nous l'avions baptisé le Turc..

En 2004 il parut sur "la Provence" un article à sensation de 2 pages; annonçant que le squelette trouvé sur Riou dans les années 60 pourrait bien être St Exupéry!! L'endroit montré n'était pas le bon, et plusieurs détails étaient faux.
Et puis cette histoire d'un gamin de 10 ans vivant avec un couple d'italiens sur l'île en pleine guerre et trouvant un corps avec un parachute ?!?
Très ennuyée à l'idée d'avoir peut-être le crane de St Ex dans mon armoire, je finis par me convaincre que c'était impossible, car la gourmette trouvée par Jean Claude Bianco prouvait que si elle avait été arrachée dans l'accident, la main  aurait dû être avec. Or mon père qui était médecin, a bien noté qu'il manquait la jambe droite, mais il n'a rien dit à propos de la main. Nous savions aussi que l'homme avait une forte scoliose, qu'il était prognathe, St Ex lui n'avait pratiquement pas de menton. Par la suite avec Luc nous avons constaté sur mes photos qu'il ne portait pas trace des fractures au crane, ni au bras, ce qui était le lot de St Ex..
Pour moi il redevint le pirate malchanceux de 1527, et je m'essayais à lui redonner sur Photoshop une face avec de beaux yeux marrons, un nez plutôt busqué et une barbe comme nos clients de Dubaï, en attendant d'apprendre à reconstruire une face en argile.
En 2006 Hélène Desvals du CNRS qui travaillait sur un film de vulgarisation "Sacrées Calanques" sur la pierre de Cassis et la géologie des Calanques, me dit qu'elle avait rencontré Luc Vanrell et qu'elle l'avait entendu dire que le Dr Albert avait des notes sur sa trouvaille, qu'il essayait de les localiser. Elle me donna ses coordonnées et m'encouragea à le contacter... finalement à l'occasion d'une conférence sur les farots donnée par Anne-Marie Durupt au col du Sémaphore de Calelongue, nous avons fait connaissance. Encore un incontournable!
Jean Courtin m'a dit de Luc qu'il connait bien puisqu'ils ont travaillé à la grotte Cosquer ensemble : "il vous étonnera"... c'était peu dire!

Dans l'affaire, je dois dire adieu à "mon turc", et j'en suis bien marrie: Il était confortable, il allait avec le paysage, venu sur sa fuste rapide,  caché dans Fontagne, un pirate barbaresque enlevant les guetteurs de la Vigie, et puis mourant, et enseveli le long de sa dalle par ses camarades qui devaient emmener les 3 gardes pour en faire des esclaves du Grand Turc. C'était il y a longtemps.. c'était exotique, c'était notre conclusion fictive basée sur le rapport d'un "expert" anthropologue.
Ce qui est encore plus déconcertant, c'est qu'aux inepties de l'anthropologue se sont rajoutées celles du soit-disant gardien de l'ile, ce qui fait qu'on entend tout et n'importe quoi à propos de cette affaire. Le crane du "Turc" n'a jamais été exhibé dans le cabanon de Fontagne bâti par mon père pendant les 4 ans du bail. Il n'y a pas eu 2 cranes. Il n'est pas dans la construction en béton qui abrite la vasque et la pompe. Au lieu d'une histoire de pirate du 16ème siècle, nous avons une histoire contemporaine assez sordide, que j'explique dans LES ZONES D'OMBRE.
Heureusement par un concours de circonstances assez rocambolesque, cette triste réalité est noyée dans le reste de l'histoire délirante de la découverte de...

L'Avion de St Exupéry

Le 31 Juillet 1944, Antoine de St Exupéry rejoignait derrière les iles de Riou, du Petit Conclu et du Grand Conclu, quatre épaves de bateaux et un avion allemand, le Messerschmitt 109 d'Alexis Fürst von Bentheim tombé en décembre 1943.. Le vrai triangle des Bermudes.
Ironie du sort, les 2 avions étaient pratiquement l'un sur l'autre, tout comme les deux épaves romaines de l'autre coté du Grand Conclu.

Luc Vanrell, plongeur émérite, détective déterminé, a été instrumental dans la résolution de l'énigme. Il raconte ses tribulations dans ce livre qui vient de sortir (en 2008).. Travaillant à la Grotte Cosquer, il remarqua en sortant de l'eau, le chalut de Bianco et le Minibex de la Comex dans les parages derrière Riou. Cela l'incita à aller mettre à l'abri du radar de Delauze les débris de "son" avion. Quelques jours plus tard, il lut dans le journal l'histoire de la découverte de la gourmette... pour le reste de l'histoire...

Lorsque Luc Vanrell annonça sa première découverte d'un Junker 88, il y avait un plongeur de la Madrague qui travaillait au Comptoir des Sports, la société de Tony et Luc Vanrell. Un jour qu'ils étaient assis sur le bord d'un zodiaque en mer, Raoul Amari raconta à Luc que pendant la guerre il avait failli recevoir un cockpit sur la tête !!, qu'à 10 ans il habitait sur Riou avec un couple d'Italiens et qu'ils avaient repêché le corps d'un aviateur dont ils avaient récupéré le parachute pour lui en faire des chemises. Tout de suite Luc pensa à St Exupéry, mais lorsqu'il voulut en savoir plus, Raoul refusa d'en reparler.
Luc m'a dit qu'une nuit il s'est réveillé en se souvenant avoir vu la photo du squelette que mon père avait trouvé sur Riou, très probablement dans le livre de Lucien Blanchard "Il y a 300,000 ans du coté des Goudes". C'est ainsi qu'il essaya de savoir ce qu'il en était advenu.
Lors d'une de nos visites en France, nous avions montré à mon mari, le squelette du Turc qui depuis 15 ans était sur le haut d'une armoire dans un cageot, à côté d'un autre cageot plein des tessons "massaliotes de -600 avant JC" de la Fontaine des Grecs.
Parce que ma tante m'avait donné un crane de gorille rapporté d'une escale au Sénégal par mon grand-père Albert qui était médecin à bord de paquebots faisant le Brésil, alors que nous discutions autour de la table où étaient les reliques de Fontagne, je demandais soudain à mon père de me donner le crane du Turc à emporter aux USA. Comme je l'ai dit, il avait tourné la page de Riou, et il dit oui!
De la 6ème à Montgrand il me reste le souvenir d'apprendre la déclinaison latine de rosa,rosam et de dessiner un cubitus qui me fascinait!  Cet intérêt pour les ossements n'était pas vraiment partâgé par mon mari, aussi je finis par enfermer les 2 cranes dans un placard.
De son coté ma mère fit disparaitre le cageot après la mort de mon père, profitant sans doute de ce que nous avons fait refaire le cabanon dans les mois qui suivirent. Elle m'abandonna les cartes de mon père et le cageot de tessons et retapissa la chambre ainsi libérée! C'est en nettoyant les tessons pour la venue de LF Gantès que je trouvais 2 vertèbres qui étaient tombées d'un cageot dans l'autre! 
J'avais aussi toute une série de photos du crane et de l'usure particulière des molaires. Il n'en fallait guère plus pour savoir que nous n'avions pas affaire à St Exupéry mais probablement au jeune allemand dont Luc avait retrouvé le moteur. Son frère Christian dès qu'il entendit parler de cette usure intense  dûe au "bruxisme nocturne", dont il avait aussi souffert, "savait" que nous étions sur la trace de son frère. J'avais confié les vertèbres à Luc et son copain Michel Signoli, spécialiste de recherches forensiques à la Fac St Charles, (Charnier des soldats de l'Empire en Lithuanie. charniers de la peste de 1720) L'analyse d'ADN confirma qu'il s'agissait bien du prince Alexis von Bentheim.

Alexis zu Bentheim und Steinfurt

En recherchant St Exupéry, Luc Vanrell a retrouvé l'avion d'un pilote allemand mort le 2 décembre 1943.  Une énigme qu'il a résolue avec la même persévérance et le même flair que l'autre. Le 12 rouge ou le 14 blanc? On dirait un jeu de hasard. Il faut donc suivre pas à pas les détails techniques qui ancrent cette histoire dans la réalité pour l'imposer en tant que vérité. Il raconte cela aussi dans son livre.


Les rebondissements de son enquête et les grandes avancées sont toutes dues à sa tenacité et à sa personnalité, qui fait des amis de ceux dont il a besoin. C'est Jason et la Toison d'Or! Raoul Amari qui se confie, Jack Curtis, l'Américain, pilote de P.38 qui le remet sur le droit chemin, et ceux qui rêvent de la gloire attachée à tout ce qui touche à St Ex. Bien sûr il fantasme aussi un peu lorsqu'il pense à ce que lui a dit Amari, mais lorsqu'il est convaincu que le squelette n'est pas celui de St Ex, il persévère, et grâce à Lino von Gartzen, il résout 2 problèmes à la fois:  il tire l'inconnu de Riou de sa fuste et le place dans un avion de chasse allemand, et cela les conduira à retrouver celui qui a abattu l'écrivain!
Pour une fois on peut dire sans exâgérer: Incroyable, mais vrai!

Alors qu'il recherche les moteurs du Lightning de St Ex, Luc Vanrell remarque cette gorgone dans une étendue de sable..il en conclu qu'elle est attachée à quelque chose sous le sable qu'il écarte de la main et il découvre un moteur qu'il croit d'abord être celui d'un bateau car il a 6 cylindres., mais dessous il y en a une autre rangée, et il y a aussi un canon de 20mm qui tirait à travers le moyeu de l'hélice. Cela conduira Luc et Lino von Gartzen à identifier l'avion d'Alexis von Bentheim.


Photos et portraits - Courtoisie de la famille zu Bentheim


Alexis zu Bentheim

Pour les deux hommes, le prince héritier Alexis von Bentheim et le commandant Antoine de St Exupéry, dont Luc nous raconte les derniers instants, les Parques ont fait se croiser brièvement les fils de leurs destins avant de les couper, sur fond de guerre dans un décor grandiose. 
Lorsqu'en décembre 1943, 150 avions alliés viennent pour bombarder la base de sous-marins allemands de Marseille, la Luftwaffe envoie en contre-feu trente chasseurs. Première mission de combat pour 3 des pilotes qui ont un instructeur. Les P38 contre-attaquent. Le 12 rouge est touché, il tente un amerrissage. Ce type d'avion sombre dès qu'il touche l'eau.  Les instructions sont d'essayer d'éjecter pour ne pas mourir noyé. Raoul Amari a dit à Luc Vanrell qu'il avait failli recevoir un cockpit sur la tête. Faut-il en conclure qu'Alexis zu Bentheim a ouvert la carlingue pour se préparer à sortir de l'avion?
Mais les pieds sanglés dans les palonniers, l'armature du tableau de bord au-dessus des genoux présente  un autre traquenard:
Sa jambe droite arrachée au genou par le tableau de bord d'un Messerschmitt 109 lorsqu'il a été éjecté lors de l'impact, Prinz Alexis  Fürst zu Bentheim und Steinfurt est mort à 22 ans du traumatisme, exsangue, flottant derrière le Grand Conclu  et Riou. Un jeune prince, mais avec une destinée bien autre que celle du petit prince de St Exupéry.


Livre de vol d'Alexis zu Bentheim qui échappa à la destruction d'archives allemandes


La base de sous-marins allemands en construction à Marseille

Ces jours-ci (mai 2013) ce B17 a survolé plusieurs fois ma maison. Il était beaucoup plus bas que la centaine qui survolait Riou en 1943.

Mon premier souvenir: je suis à coté de mon père avec la chienne dans le jardin de la Capelette. Il regarde aux jumelles un point argenté dans le ciel  et annonce que c'est une forteresse volante. Paul, mon demi-frère, s'est caché dans le lavoir du jardin, sous une lessiveuse à l'envers.
Les soeurs de mon père, Christiane et Simone qui nourrissaient les résistants dans la région lyonnaises furent dénoncées et envoyées en camp de concentration à Matthenhausen puis Ravensbruck, où Simone mourut du typhus. 
Jean Meunier, l'ami d'escalade de mes parents devait partir au travail obligatoire en Allemagne; Il était emprisonné au deuxième étage dans un collège de la rue St Honorat du coté de la gare St Charles. Ma mère se posta devant les grilles à 5 heures du matin avec une corde d'escalade enroulée dans une couverture. Lorsque les grilles s'ouvraient les femmes s'engouffraient dans la cour, et les premières n'étaient pas fouillées; Elle put remettre son paquet à Meunier, qui attendit le soir pour passer sur le balcon lorsque la sentinelle disparut derrière le coin de l'immeuble; Il posa un rappel et se laissa glisser. Mon père l'attendait sur sa moto. Mais il n'arriva pas à récupérer la corde qu'ils durent abandonner. Mon père revint le lendemain, mais elle avait disparu.
Il était temps de s'éloigner de Marseille.. C'est ainsi que nous avons passé presque 2 ans au Plan d'Aups  Cela ne les empêcha pas de faire plusieurs escalades au Pic de Bertagne pendant notre séjour à l'hôtel des Cèdres. L'héritage de mes grand parents Albert y passa !

 

Averti de la possibilité que son frère puisse être l'inconnu de Riou mis à jour en 1964 fortuitement par mon père, Christian Fürst zu Bentheim (à droite) a participé à l'identification de l'ADN d'une vertèbre, et s'est rendu sur le site en mer pour y laisser un ruban aux armes de sa famille.


Le Prince Christian von Bentheim, Lino von Gartzen, Luc Vanrell devant la tombe d'Alexis
Epilogue: retourné le 13 décembre 2009

Il ne restait plus à Luc et à Lino que de mettre le point final à l'histoire de St Exupéry. S'ils n'avaient pas le squelette, ils avaient l'avion et le bracelet! Il restait encore en 2008, 5 pilotes de la Lutwaffe qui étaient dans le sud de la France lorsque St Ex disparut.
Le 31 juillet 1944 avant midi, l'un d'eux, Horst Rippert,  est envoyé seul d'Istres pour intercepter un Lightning qui vole à basse altitude. Mission accomplie. Le même jour, écoutant les messages radios des alliés, les allemands apprendront que St Exupery, l'aviateur mythique, n'est pas rentré à sa base. Ils garderont le silence pendant 63 ans.


Montage du DVD de laTangram : Duel dans les nuages
Horst Rippert s'apprêtant à tirer sur le F5 Lightning.

L' avion P38/F5 Lightning était le plus rapide de l'époque et pouvait voler à haute altitude, à condition de mettre un masque à oxygène. St Ex n'avait pas d'armement à bord, pour accommoder les appareils photos, et il n'aimait pas tout l'harnachement nécessaire au vol en altitude. De plus il cherchait des installations militaires à photographier, donc il lui fallait voler bas.
Lino von Gartzen qui est archiviste (et plongeur), armé d'un annuaire téléphona à près d'un millier de personnes. Il parlait de l'avion de von Bentheim afin de mettre ses interlocuteurs en confiance. Puis il abordait la disparition de St Ex.. Finalement un vétéran lui expliqua qu'il perdait un peu la mémoire, mais de contacter Horst Rippert qui lui avait toute sa tête et saurait lui dire.. A son grand étonnement, Horst Rippert lui déclara tout de suite :"ne cherchez plus, c'est moi qui l'ai abattu!"
Lino lui rendit visite, et il apprit ainsi que depuis que Jean Claude Bianco avait repêché la gourmette derrière Riou, Horst Rippert s'attendait à être contacté. D'après Lino, il paraissait presque soulâgé de pouvoir se confier. Il expliqua qu'il avait suivi le Lightning, pensant qu'il allait déguerpir, mais que l'avion suivait un parcours sinueux, l'ignorant totalement. Il se décida alors à tirer dans les ailes, pour donner une chance au pilote de s'en sortir.. le Lightning tomba en chandelle, et personne n'en réchappa. Il déclara sa "victoire" par radio et rentra à Istres.
Il n'y a pas de raison de ne pas croire qu'il fut choqué d'apprendre qu'il avait descendu son idole, car c'est en lisant les livres de St Ex qu'il se découvrit une passion pour l'acrobatie aérienne et le pilotage. Pour cette raison,  parce qu'à la fin de la guerre les archives furent éparpillées, et que sa victoire n'avait pas été enregistrée parce qu'il était seul, il préféra  ne pas être reconnu responsable de la mort d'Exupéry, comme il l'appelle.
Lino le recontacta pour lui demander de mettre son histoire sur papier déposé chez un notaire, parce que personne ne croirait Lino si après  la disparition de Horst Rippert, il essayait lui, de raconter tout cela.
Finalement, Horst Rippert accepta d'être interviewé par la chaine 2 allemande avec laquelle il avait travaillé pour son métier. Le film allemand "Duel dans les nuages" est la reconstitution de la disparition de St Exupéry.

11 - Construction du Mausolée:   ( Extrait du récit de la découverte de la Fons - voir Fontagne

Le mois d’avril 1965 fut exécrable: 22 jours de vent d’Ouest ou Nord-Ouest consécutifs!
Je mis à profit cette claustration forcée sur le continent pour étudier la pose d’une pompe et la protection de la vasque destinée aux animaux.

En souvenir de la sépulture du Turc je dessinais un petit édifice rappelant vaguement un tombeau.
Il fut construit en Mai et terminé à Pentecôte sous un orage violent.

(fin de citation)

Ce coté est aujourd'hui envahi par un cade dont les racines tapissent la paroi nord de la citerne des grecs. Ce qui a pour résultat de l'occire à moitié  les années de sécheresse.
44 ans plus tard le site du "mausolée" (qui n'est qu'une protection pour la vasque et la pompe de la citerne gréco-massaliote) et de la tombe temporaire d'Alexis zu Bentheim, vu du sud. Lorsqu'il pleut l'eau de la Fons continue de sourdre sur la gauche de la barre rocheuse qui fut sa pierre tombale pendant 21 ans. Les lentisques ont ralenti l'empierrement. Le cade a recouvert aussi l'entrée de la citerne des Grecs aménâgée par mon père pour pouvoir la nettoyer.



Aujourd'hui la tombe est vide, la citerne aussi parce que non entretenue, les massaliotes grecs sont devenus des massaliotes romains, le pirate turc est devenu un pilote allemand.

Suite à la parution du livre de Luc, et sur son initiative, nous avons donné des interviews à la Provence et à des cinéastes allemands qui ont fait un documentaire sur St Exupéry, sur Horst Rippert, sur Alexis zu Bentheim et son frère Christian. Ces documents peuvent se voir aux adresses suivantes:

http://terra-x.zdf.de/ZDFde/inhalt/12/0,1872,1021580,00.html
http://www.laprovence.com/articles/2008/10/12/592001-Region.php

Le 31 juillet 2009, la ville de Marseille, capitale de la culture oblige, récupèra à son tour l'auteur/aviateur Antoine de St Exupéry. Une plaque devait posée sur le Grand Congloué, commémorant les pilotes disparus  par la folie des hommes.
C'est par curiosité que j'ai lu les bouquins de St Ex, pour savoir ce qui aurait tellement enthousiasmé un Horst Rippert au point d'en faire un mordu de l'aviation. C'est Pilote de guerre qui m'a le plus frappée. La Corse est la revanche d'Arras!  Ces missions de renseignements, ce n'est plus avec un détachement résigné qu'il devait les entreprendre. Et la chance a tourné alors qu'il était beaucoup moins vulnérable qu'au moment de la défaite.
Luc explique qu'entre les deux guerres les Allemands n'ayant pas de pilotes comme ceux de l'Aéropostale s'enthousiasmèrent pour les Mermoz, St Exupéry et lurent ses livres. Autre ironie du sort, après la guerre qui fit de lui un Fürst, Christian, le cadet d'Alexis,  qui avait lui-aussi fait partie de la Luftwaffe, continua à voler et nomma son avion personnel "Antoine de St Exupéry" sans se douter qu'il lui devrait de retrouver son frère.
Donc Marseille qui n'a rien à voir dans cette affaire va récupérer le grand homme.. parce qu'il s'est fait descendre comme un lapin dans les Calanques.
On parlait même de lui donner un musée éventuellement (On devait aussi en faire un à l'emplacement où les fondateurs grecs de Massalìa faisaient la fête.. on les a dotés d' un parking au lieu d'un temple, et pas en marbre de Paros!)
Eh bien non, en définitive il ne sera pas mieux loti que nos fondateurs phocéens, un simple mémorial sans doute. Après tout, la plaque est déjà gravée. Et quel modèle de diplomatie!

Il y a 65 ans j'aurais pu assister aux deux évènements révélés par Luc, de ma fenêtre.


Luc Vanrell et Jean-Claude Bianco à la Mairie de Marseille le 31 juillet 2009
Cette plaque devait être posée sur le Grand Conclu, mais ne le sera pas, le Conservatoire du Littoral ayant seul le droit d'apposer des pancartes sur les iles!

Les clés de l'énigme de la disparition de St-Ex: sa gourmette trouvée par Jean-Claude Bianco, et le F5 Lightning trouvé et identifié par Luc Vanrell. Celui qui vole au dessus de Marseille est un P-38, la version militaire


Et sur le Lacydon, comme il y a 2600 ans..pas loin du symposion où on aurait dû leur offrir un banquet....

Le temps de mettre de l'eau dans des amphores à Fontagne, je partirais bien pour Foça avec le bateau d'Ulysse!.
On peut rêver non?!

Et demain?? Nous sommes à la fin de la route qui vient de Marseille. Là, aux Goudes on se plaint à longueur de journée que tout a changé, que ce n'est plus comme avant! Pensez donc: les Calanques vont devenir Parc National.
On n'a rien vu de la commémoration de St Exupéry.  La cérémonie était au Frioul ?? Il est pas tombé à Riou? Ils avaient peur d'attraper le mal de mer ? Où ils l'ont vu la houle, il faisait beau temps! De toutes façons les héritiers seront contents. Il va peut-être falloir acheter ses livres pour savoir pourquoi on en fait un tel plat. Il était de Marseille? Non! Il habitait ici? Non! En tous cas, ce pauvre Bianco, lui, il sait ce que ça lui a couté toute cette histoire.: la prochaine fois il fera mieux de la rejeter à la mer la gourmette comme toutes les bordilles qu'on ramène dans les filets!

Alors comme ça à Marseille y a pas de héros? Peut-être c'est parce qu'ils ont des pieds d'argile. Et parce que nous sommes des démocrates de la première heure. Tous égaux, réduction au plus petit commun dénominateur! Chercher la faille..et avec quelle hargne! rien, ni personne n'y résiste.
Heureusement Elles sont là, les Calanques, immuables, imperturbables, à tous les vents, à tous les soleils. Elles se méritent, mais quelle récompense! Elles vous feraient presque oublier les hommes, jusqu'au moment où un pan de mur  vous rappelle que vous êtes seulement à l'Est d'Eden.


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