Riou et les Calanques du docteur Albert

Riou et les Calanques Aujourd'hui

Errances et Réflexions d'une Promeneuse Solitaire

Commencée en 2003 cette partie concernait surtout l'archéologie sur Riou. Puis je me suis laissée entrainer à parler de mes recherches pour essayer d'étayer les réponses à mes propres questions. Pensant qu'étant donnée la longueur des textes il y a peu de chance pour que ce soit lu en entier, j'écris pour "publier" ce que je découvre, je ne mets pas partout les points sur les i. Ainsi je ne me suis pas étendue sur la découverte de l'avion de St Ex. Cela appartient à Luc Vanrell et avec Jacques Pradel il raconte très bien ce qui s'est passé, ce que je pourrais en dire ne serait qu'un résumé de leur livre "St Exupéry: l'ultime secret". Je suis encore étonnée de la façon  dont je me suis retrouvée mêlée à cette affaire, et surtout à celle qui en a découlé. Etonnée et ravie, il faut bien le dire.
Ceux que je nomme savent que c'est pour les remercier de ce qu'ils m'ont apporté. Je veux aussi remercier les lecteurs qui écrivent pour me dire qu'ils apprécient ce site, et ceux qui le font connaître à leur amis! Cela fait toujours plaisir et me donne l'excuse de retourner en pensée dans cet endroit fabuleux.

A partir de 1963,l'année de la découverte par mon père de la Fons (Fontaine des Grecs) sur l'île de Riou, j'ai fait plusieurs séjours aux USA, et en Europe je passais mon temps sur les circuits automobiles, jusqu'au jour où on me proposa un travail dans l'équipe de course de Ford à Dearborn. J'y rencontrais un ingénieur Peter Weismann dont le père avait inventé un différentiel qui équipait les voitures du Mans, et ce fut avec lui que je réalisais mon ambition d'appartenir au monde de la course automobile par le biais technique.
A Dearborn, une carte postale de Riou, mon Island in the Sun comme chantait Belafonte trônait au dessus de mon bureau, mais après une visite éclair en 1966 pour présenter Peter à ma famille l'Ile n'était plus une priorité alors que je découvrais l'Amérique. Lorsque nous avons rejoint la F1 dans les années 80 nous sommes revenus plus souvent à l'occasion de courses ou d'essais à Paul Ricard, mais nous discutions surtout de mécanique, qui était une autre des passions de mon père. Il avait tourné la page de Riou. Il commençait à perdre la vue, il vendit le Flambeau, il vendit la Delage, et ne sortit plus guère du cabanon des Goudes. Ma mère avait appris à conduire sur le tard et il fit encore avec elle une carte sur le sentier des crêtes de Signes, utilisant  un décamètre et une loupe de bijoutier.
Quand mon père mourût en Septembre '1991', j'installais ses cartes aux murs du salon, et je mis au cellier un cageot de tessons.
Le Conservatoire du Littoral acheta l'Ile. Et elle fût déclarée interdite au public, ce qui se révéla par la suite être inexact.
Je pris l'habitude de photographier de ma fenêtre, mon île sur fond de soleils couchants, d'orages époustouflants.

5 ans après avoir perdu mon père, je perdis mon mari. Ma vie continua un moment sur sa lancée,  nous étions passés de la F1 aux bateaux de course offshore grâce à mon grand ami l'ingénieur Carlo Chiti, qui lui aussi disparut. Mes fils Christopher et Patrick prirent le relais de notre affaire.   Mes passions étaient éteintes.
Un jour je reçus un fax de ma mère me demandant si elle pouvait donner la carte au garde de Riou pour qu'il la fasse copier. Je répondis que j'y mettais une condition.. Qu'il me mène sur Riou prendre des photos du site qui commençait à s'estomper dans ma mémoire.
C'est ainsi qu'Alain Mante' vint me rendre visite en compagnie de Lucien-François Gantès et Mr Drocourt de l'Atelier du Patrimoine.
Je sortis les tessons massaliotes de -600, les nettoyais tant bien que mal, les installais sur 2 rallonges de table.
LF Gantès arrivant sur la terrasse, y jeta un coup d'oeil et déclara "c'est comme ce que nous avons, du Dressel 7/11 de -50 à +50."
J'étais soufflée, d'autant plus que saisissant un fond il annonça que c'était du punique, ça du bétique, et ça du Dressel 2/4. Du fond de mon ignorance, je dus demander ce qu'était du dressel, et j'appris alors qu'il y avait eu sur Riou à l'époque romaine une industrie de pêche de thon et de mise en saumure.
Lorsque je protestais que Benoit lui-même avait identifié les tessons comme étant du massaliote de -600, on me répondit que Benoit n'aimait pas les Romains, et préférait que tout soit grec!
Lorsque j'expliquais que Mr Charles anthropologue du Musée de Paris avait identifié le squelette comme un macédonien vieux de 400 à 600 ans, LF Gantès me dit impatiemment "On ne déduit pas la race par la forme d'un crane, ce sont des théories d'après-guerre".
Cela paraissait plus que plausible! Mais en un après-midi il avait mis à la corbeille à papiers les conclusions de ses distingués collègues, et en même temps celles de mon père qui en découlaient!
Cela bouleversait un peu mes plans. Trouvant dans les carnets de mon père le récit de la découverte de la Fontaine des Grecs, j'avais  pensé le faire imprimer. Il était évident qu'il me fallait faire un post-scriptum pour faire place aux nouvelles façons de voir, et mettre sur les rangs les tessons qui s'individualisaient. Je demandais à LF Gantès de m'aider à les identifier, ce qu'il accepta aimablement...
Je commençais par étaler par terre 77 pages, une par tesson, et entrepris de les dessiner, les faces intéressantes, section, les diamètres, je notais l'argile, les inclusions, etc... (J'ai appris le dessin industriel avec mon mari) Puis je me rendis à l'atelier du Patrimoine. Là, je vis un tiroir rempli de tessons semblables à ceux de la citerne, mais venant du Monasterio. LF Gantès me donna un cours rapide, identifia  plusieurs morceaux, me montra des "trucs" pour dessiner les cols dans le bon angle, me parla de comparateur, me conseilla d'acheter le livre de Martine Sciallano "Amphores..comment les identifier " et de me rendre dans des musées et notamment celui dont M Sciallano est la conservateur à Istres.
Je pris donc rendez-vous. Je fus reçue par Fréderic Marty, céramologue. Nous nous mîmes au travail, puis Mme Sciallano nous rejoignit. Ils identifièrent des anses comme venant de Tarraconaise et de Lusitania, un fond comme étant un mortier, un autre morceau comme étant une tuile récente! Il faut faire attention, "récent, moderne" peut représenter 200 à 300 ans!
En prime, je découvris leur musée qui est un joyau. Pas très grand, dans une bâtisse historique du XVII, bourré d'amphores, d'objets présentés d'une façon très avenante. J'ajoutais plusieurs livres à ma bibliothèque, y compris un livre qui me plût par son titre " Vingt Milles Pots sous les Mers" et sa couverture dessinée comme mon livre L'Ile Mysterieuse de Jules Verne, mais qui n'avait rien à voir avec les Grecs
A la fin de 2004 je commençais à avoir une sérieuse collection de bouquins y compris les Etudes Massaliètes, qui me permettaient d'apprécier le travail des archéologues ces 40 dernières années. Un jour que je visitais le CEEP, je dis à Alain Mante que j'en avais plus ou moins terminé avec mes tessons. Il me montra alors leur collection, ramassée en surface, étiquetée avec la date et l'endroit. Il en avait identifié un comme étant un culot de pipe du 18ème, car il en avait vu des dizaines au Frioul. Consulté pour aider à l'identification de ces tessons émaillés, LF Gantès se déroba car ce n'était pas sa spécialité, me conseillant d'aller à la bibliothèque de la MMSH à Aix. Il me recommanda un livre qui venait de sortir "les Iles Côte à Côte" J'avais repéré sur la carte de mon père une grotte appelée Grotte de Ste Barbe qui est un trou pas très grand. Lisant sur Les Iles côte à côte que les moines s'étaient installés sur les iles, je me demandais si l'appellation de Monasterio pouvait venir de là. Tout ce que je pus découvrir c'était que Ste Barbe était la patronne des artificiers! Je me plongeais aussi dans 20,000 pots sous les mers pour tacher d'identifier les tessons du CEEP. Une photo semblait proche,je crûs à du 13ème.

Grotte de Ste Barbe
Tessons Port d'Alon    -  Tessons Vigie Riou

Dans un même temps, en les dessinant, je me rendis compte que 2 morceaux d'une cruche émaillée vert émeraude étaient assortis, et puis en me promenant sur le sentier de douane de Port d'Alon, je vis soudain un petit morceau de céramique avec le même émail vert.
A quelques pas je trouvais un fond de cruche, et en levant les yeux pour voir d'où ils pouvaient venir je vis un mur de pierres sèches.
J'aurais trouvé un trésor, je n'aurais pas été plus excitée: la vue de ce mur était pleine de promesses!
Une sorte de cabane de 4 m de diamètre, avec un mur de 1 mètre d'épaisseur, presque 2 mètres de profondeur, et en émergeant des pins, pleine vue sur Riou. Je venais de relire Bouillon-Landais qui dit en parlant de la Vigie de Riou que ce genre de dimensions et de construction étaient courantes dans la construction des moulins, et farots jusqu'au 16ème siècle
Tout de suite milles questions sans réponses. Quelle date? peut-être une autre tour de vigie? puisque sur le sentier douanier, avec les même céramiques, faisant partie peut-être d'un même système de sécurité dans le style tour génoise comme celle d'Erbalunga d'où venait mon arrière grand-mère Benigni-Bozouls

Mur Port d'Alon
Tour de guet ronde, Erbalunga

N'y tenant plus, je me rendis à la M.M.S.H. à Aix. Errant dans les couloirs à la recherche de la bibliothèque, je réalisais soudain que les noms sur les portes étaient ceux que je trouvais sur mes bouquins. J'élus Jean-Christophe Treglia dont je venais de lire l'article sur Porquerolles dans les Iles Côte à Côte.
Spécialiste de la Haute Antiquité, il eût vite fait de m'entrainer vers le bureau de Lucy Vallauri."Non, non pas du 13ème, c'est du pisan du 16ème, regardez le motif aztèque" (Ce n'est que bien plus tard que je réalisais qu'elle avait dit A stecca, bien que sur le moment j'ai eu un peu tiqué sans discuter.. mais bon, pas de  mexicain sur Riou seulement du pisan).

S'emparant de 20,000 Pots, dont elle est un des auteurs, elle me montra les bols qui correspondaient aux tessons. Et mes cruches émeraude, du 18ème. Enthousiasmée par son savoir et son amabilité j'achetais d'autres livres d'expositions qu'elle venait de finir, et je repartis chez moi avec un nouvel horizon, celui des guetteurs de la Vigie de Riou et des gens qui travaillent pour le CNRS.
Finalement ne trouvant pas en librairie de documentation sur la station néolithique de Riou, je me décidais aussi à contacter Jean Courtin. Il avait fait au moins 3 séries de fouilles sur l'île dans les années 70, et je trouvais étonnant qu'il n'ait jamais rencontré mon père. LF Gantès me dit qu'il était devenu un reclus en Haute Provence depuis sa retraite. Mais il était partout, et lui aussi incontournable. J'espérais qu'il aurait peut-être une idée sur la grotte de Ste Barbe, l'aurait peut-être fouillée.

Me souvenant d'avoir lu quelque part qu'il y avait du grès qui avait servi de meule aux néolithiques et voulant mentionner ça dans le détail, je feuilletais toute ma bibliothèque en vain. Il y a des années nous promenant dans les collines de Californie, nous avions trouvé un morceau de meule, et plus loin le galet correspondant, pas très loin de rochers pleins de trous qui servaient aux Indiens Shoshones à écraser les glands. J'ai un point faible pour les meules et ce qu'elles représentent pour l'humanité..elles sont là dans toutes les civilisations, et même le Turc présente une usure de molaires qui aurait pu venir du sable mélangé à sa nourriture, venant d'une meule.
Pendant l'hiver 2003 en Californie, résolue à suivre des cours d'archéologie, mais n'ayant qu'un choix limité, je suivis un cours d'introduction à l'archéologie. Professeur Breece ne saurait trop me parler des grecs, car il était un "néolithique" et avait travaillé à Lascaux. Il nous expliqua la taille de silex, nous montra les nucléus, ces formes étranges qui restaient après la taille des lames et  nous passa (à ma demande insistante) une vidéo sur la Grotte Cosquer : je vis donc Courtin et Cosquer sur le bateau, et Jean Clottes qui présentait la vidéo. Le même Jean Clottes était à ce moment-là en Californie et donnait une conférence sur Chauvet. J'y allais et lui demandais l'adresse de son collègue, qu'il me donna volontiers. Excellente conférence par ailleurs, qui conquit l'amphitéatre  plein à craquer. Son anglais était remarquable, lui permettant de plaisanter très naturellement. Ce n'est que plus tard que j'appris qu'il était professeur d'anglais à Foix, avant de se consacrer à l'archéologie.
Le temps d'arriver à Port d'Alon, pour ma migration annuelle, je reçus du reclus une copie de son Bulletin sur Riou, une lettre de 3 pages où, entre autres, il m'expliquait (alors que je ne les avais pas mentionnées) que les meules trouvées sur Riou lui avait fait penser que le niveau de l'eau était suffisamment bas pour que les néo ramassent le grès qui se trouve entre les 2 iles. Comme j'avais donné à ma mère les livres sur Cosquer, je savais maintenant pourquoi je n'étais pas arrivée à retrouver cette histoire dans ma bibliothèque.
Il me conseillait d'aller au Palais Longchamps au Musée d'Histoire Naturelle voir le pot du Cardial qu'il publiait. Les Dieux (Grecs cela va sans dire) étaient avec moi.

Le pot du Cardial qui établissait le site de Riou comme le plus ancien de Provence jusqu'aux fouilles de la Gare St. Charles qui datent l'habitat de la même époque que Riou. (Palais Longchamps - Musée d'Histoire Naturelle)

Les cailloux de grès ramassés entre les iles pour en faire des meules étaient la preuve que le niveau de la mer était encore suffisamment bas pour atteindre l'île à pied. (Palais Longchamps - Musée d'Histoire Naturelle)

Comme j'ai un bon coup de pioche et un bon entrainement de jardinage musclé, je m'étais proposée comme volontaire pour les fouilles qui se dessinaient à Marseille. Apparemment en France on n'a pas besoin d'argent ni d'enthousiasme néophyte.. les bienheureux!  En 2004, tout en cherchant ailleurs, je décidais de faire au passage un détour du coté d'Istres et de son musée pour me remettre en mémoire les amphores. Je découvris le sous-sol consacré au néolithique, que j'avais ignoré auparavant, preuve que ma capacité d'absorption est limitée et que la photo numérique est vraiment tombée à point.
Le terrain près du Cap Couronne étant des fouilles fines, la jeune femme me fit visiter le site déjà fouillé par Escalon de Fonton des années auparavant, et me conseilla de les abandonner à leurs études de doctorat et d'aller plutôt à Chateauneuf les Martigues.
Là, le musée était fermé, mais une voisine se révéla être une guide bénévole et enthousiaste, ayant participé aux fouilles de l'Abri des Pigeons, avec (on s'en serait douté!) Jean Courtin dont elle est une inconditionnelle.
Le Chateau Neuf des Martigues a appartenu aux Seytres jusqu'à la révolution, le musée renferme non seulement du néolithique, et une collection de roches et de fossiles mais aussi une collection  sortie tout droit des 20,000 Pots, puisque plusieurs musées locaux participèrent à l'exposition.  Je retrouvais à Chateauneuf deux semaines après en avoir discuté avec JC Treglia à Aix,  du lustre métallique de Valenza fin du XIVème
Rester un jour de plus et me rendre au musée Ziem, me familiariser avec la région que nous avions toujours ignorée au profit de Calissane, c'était faisable.
Accueillie par un immense tableau de l'île Maïre par Jean-Baptiste Olive avec déjà les scories qui forment la route de Calelongue et la petite batterie des Croisettes qui date d'au moins 1695, je retrouvais en plus des tableaux, les grecs et le haut Moyen Age. Malheureusement mon appareil numérique rendit l'âme de ses batteries en pleine visite. Bonne excuse pour y retourner un jour! A noter un excellent livre sur les aquarelles de Ziem, avec un CD qui contient près de 5000 aquarelles du peintre.

Je terminais par une visite à la carrière grecque du Cap Couronne et rentrait par la côte m'arrêtant au Musée du Vieux Marseille, avant d'aller voir ma mère aux Goudes.
Le lendemain Mante étant absent, j'élus de revisiter le Musée Pastré pour voir si je pouvais y trouver des pichets ordinaires de l'époque des gardes de Riou. J'avais visité le musée des années auparavant, et je me souvenais assez bien des petites céramiques de Picasso, et de la vue fabuleuse des oeil-de-boeufs des mansardes, sur le Château d'If.  J'avais complètement oublié la première salle où maintenant je trouvais mon bonheur.. des pots du cardial, des amphores massaliotes, des romaines, des pichets du haut moyen âge, des cruches de la vallée de l'Huveaune.

La boucle commençait à se boucler!

Il ne me restait qu'à résoudre mon problème de publication. Gantès m'ayant recommandé de ne pas publier quelque chose de moche, mais n'ayant pas vraiment de nom à me proposer, je fis quelques tentatives sans grand résultat. Pas assez de matériel. Trop de questions, pas assez de réponses. Il y avait aussi dans mes archives le livre d'escalades écrit par mon père, jamais publié parce que trop onéreux à réaliser avec toutes ces photos, tous ces calques avec les tracés d'escalades. Il me fallait trouver une solution.
Ces 3 dernières années (écrit en 2006) si je me suis éparpillée, je me suis régalée. A tel point que je ne désirais plus mettre un point final avec un livre. En regardant mon fils participer à un forum sur le net, je me suis dit que c'était exactement ce que je voulais. Un website évolue, se corrige, s'embellit, recueille d'autres participants. Naturellement, là aussi, je suis une néophyte, mais n'est-ce pas le secret du bonheur, apprendre et découvrir des mondes nouveaux, sans parler des rencontres avec des gens passionnants parce que passionnés ?
Je ne regrette qu'une chose c'est que tout ce plaisir ne soit pas partâgé avec mon père (et mon mari). Lorsque je relis le récit de la découverte de la fontaine et la désillusion qui suivit à propos de ce qu'il appelle la saumure, je pense "Si tu savais.. si tu savais que les amphores qui cassaient à la fontaine servaient à mettre du thon dans du sel, alors un peu plus un peu moins!!  et que nos massaliotes allaient au besoin chercher de l'eau au Puits des Chèvres. Si tu savais qu'il y avait tout près de la grande Candelle, ton domaine des années 50, une grotte miraculée, et que l'on allait à Riou à pied!
Chaque chose en son temps... je n'aurais pas pu suggérer il y a 20 ans de faire un site.
J'hésitais aussi me sentant loin d'être prête. J'aime les choses faites à fond, mais il était évident que si j'attends que ce site soit parfait, il ne verra jamais le jour. De toutes les choses que j'ai entreprises ces 3 dernières années, il y en a pas mal qui laissent à désirer. Prendre des photos digitales, les manipuler, créer ce site, lire, lire, corriger les premières impressions, rencontrer les gens, faire une synthèse, écrire, penser, éditer, sans parler de l'orthographe.. Après 30 ans d'une langue sans accents l'orthographe du français est pervers! 
Epoque bénie du web!! En 3 ans je suis passée de l'ignorance à la confusion!  Heureusement je ne suis pas tenue de faire carrière, ni que ce soit rentable.
Vous trouverez à plusieurs endroits le signe qui veut dire en construction ou alors en train de faire des fouilles! Et qui servira à revenir au début de chaque section, tandis que le col d'amphore et le logo retournent à la page d'introduction. En ce qui concerne mes opinions je vais bien sûr corriger, supprimer ou ajouter, et aussi éventuellement faire une version en anglais de certains passages.

J'entends mon père dire: "Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer". Pas très enthousiasmant comme programme, mais il suffit de me mettre à la fenêtre pour y trouver l'encouragement le plus extraordinaire qui soit:

(Cliché M.Weismann) au lever du soleil

Navire de Pierre Ancré dans le Mistral (Jean Courtin)

Riou se présente comme un microcosme d'archéologie.
Elle est belle, mais pas très généreuse. Elle est une île au soleil, mais aussi une île d'ombres.
Elle parait à portée de la main, mais est aussi insaisissable. Elle est faite d'extrêmes sans être très grande.
Elle a une plage magnifique et des tombants vertigineux.
Si elle était rattachée aux Calanques comme il y a 30,000 ans elle serait juste un massif, mais voilà, elle est maintenant une île qui se drape volontiers dans le superlatif.

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Parce qu'elle est une ile, elle a gardé des traces de ceux qui l'ont visitée, habitée, exploitée. Et ce depuis au moins 8000 ans! La séparation en époques historiques est une  tentative d'organisation basée sur les tessons. Comme le mobilier (c'est à dire ce qui est mobile parce qu'on peut le transporter)  est réduit aujourd'hui, je préfère éviter les spécialisations, et raconter comment ça s'est passé pour moi chronologiquement. La Grotte de Ste Barbe est un résumé de mon approche tout à fait personnelle et pas du tout académique.
Alain Mante me dit qu'il essayait de savoir à quelle époque les diverses constructions sur l'île pouvaient avoir été faites. En y regardant de près je repérais sur la carte de mon père une inscription collée contre une barre rocheuse: Grotte Ste Barbe.
Lorsque nous sommes allés voir à quoi ça ressemblait, Alain n'a vu que les fientes et les plumes et les os d'oiseau, et il s'est enfilé au fond pour voir s'il y avait un nid de puffin. Moi, je pensais encore à un ermite du temps de St Cassien, donc j'ai pris des photos de la maçonnerie. Si nous y avons mené Jean Courtin, ce n'est pas parce que je voulais qu'il identifie les murs, mais parce que j'espérais qu'il me dise que cela aurait pu être un abri néolithique. Je pensais que dans les années 70, ils avaient fouillé un peu partout pour avoir une idée d'ensemble, ce qui s'est avéré inexact. Nous avons fini avec un "canon" ou plus exactement un mur de batterie que j'ai retrouvé un an plus tard dans le livre sur les Calanques du Dr Hiely, ou tout au moins je le pensais. J'aurais pu faire des recherches auprès de l'armée ou la Marine, comme me le suggéra Alain. Toulon ayant donné les archives à Vincennes, je les avais contactés. On m'a aiguillée sur l'Hôtel Soubise à Paris, où l'on m'a dit d'aller à Vincennes, car ils ne savaient pas que Vincennes était en réparation, ni qu'ils étaient censés avoir les archives. Aussi lorsqu'un expert en néolithique vous présente la réponse à une question sur un plateau, on dit merci monsieur Courtin, et on attaque la question suivante.
Encore plus chiches sont les écrits concernant l'ile, et assez décourageantes les conversations avec les survivants qui lorsqu'ils n'ont pas oublié, ou ne savent pas, ou ne veulent pas dire, ou mélangent tout!
Depuis 2006 ce qui suit a pris de l'ampleur j'ai dû le couper en 11 différentes pages: à la fin de chaque chapitre il suffit de cliquer sur "chapitre suivant" pour passer à l'époque suivante.


 

 

Pour éviter au lecteur de chercher les textes auxquels je fais référence, j'en ai copié les passages les plus importants

Les Ecrits Relatifs à l'Ile et aux Calanques

 


Datation de la Sablière par Courtin et Froget

 

L'ile de Riou

par Bouillon-Landais

S' il est, pour les ports de mer, une nécessité de premier ordre, c’est d’exercer une active surveillance sur la mer. De même que la mer est la grande voie du commerce qui les fait vivre et les enrichit, elle est aussi le chemin toujours ouvert par lequel surviennent les flottes ennemies qui les désolent et qui les ruinent. La position de Marseille, en particulier, et la configuration de ses rivages sont telles, que la galère de l’antiquité et du moyen-âge, aussi rapide, plus rapide, pour un moment donné, que nos bateaux à vapeur, pouvait amenant ses longues antennes, se glisser à l’abri des promontoires et arriver presque à l’embouchure du port sans avoir été aperçue d’aucun endroit de la ville . ce danger d’être surpris, qui aurait frappé l’homme le moins prévoyant, fut sans aucun doute reconnu et apprécié par nos fondateurs, citoyens intelligents autant que marins expérimentés. Dès lors ils durent se préoccuper d’un système d’exploration et de vigies dont la prudence la plus vulgaire leur faisait une loi. Mais l’établissement d’un tel système ne saurait être une chose arbitraire ; il dépend absolument de la nature des lieux. On doit donc pouvoir, encore aujourd’hui, en fixant son attention sur une carte de notre territoire et de nos côtes retrouver les stations où furent postés nos premiers guetteurs. Le résultat de cette recherche acquerra tous les caractères de la certitude, lorsqu’aux indications données par la topographie, seront venus se joindre des documents authentiques qui montreront les mêmes points affectés à la même destination pendant tout le moyen-âge et enfin jusqu’à nos jours.
Assise au bord du rivage, baignée par les flots de trois côtés, ainsi que le dit Jules Cesar, Marseille n’avait presque pas la vue sur la mer. En effet que l’on se transporte sur cette partie de la ville qui seule y faisait face, c’est à dire sur ce qui naguère était encore une falaise comprise entre le fort Saint Jean et l’ancien abattoir ; partout où l’on s’arretera, on se trouvera au sommet d’un angle d’environ vingt-cinq degrés, dont la pointe du Pharo et les île s de la rade déterminent un côté et dont l’autre côté aboutit au Cap Couronne. Le point culminant de ce terrain étant l’esplanade de la Tourette, à dix-sept mètres au dessus du niveau de la mer. De cette hauteur, l’oeil rencontre l’horizon à seize kms ; tout ce qui est au-delà lui échappe. A moins donc de franchir l’enceinte de leurs remparts, c’était l’unique parcelle de la Méditerranée qu’il fût possible à nos pères d’apercevoir.
Puisque nous avons nommé Jules César, remontons si l’on veut, jusqu’à son époque : supposons-nous ses contemporains et admettons que notre ville s’étende vers le couchant jusques par delà cet écueil, maintenant absorbé par le nouveau port, que l’on nommait l’Estéou. A mesure que nous nous rapprochons de la mer, le front de la cité se rétrécit et la falaise s’abaisse pour se transformer en une plage. Du bord de cette plage, dont le contour probable est indiqué par une ligne de points dans le plan de Marseille levé en  1808 par l’ingénieur Demarest ; du bord de cette plage, disons-nous, le regard peut embrasser, il est vrai, un arc un peu plus grand que du haut de la Tourette, il peut même saisir vers le Sud-Ouest une étroite échappée entre la pointe du Pharo et l’île de Pomègues ; mais comme nous nous trouvons à un niveau bien inférieur, ce n’est plua à seize kilomètres au large que notre vue portera, mais tout au plus à cinq ou six.
Evidemment, ni la plage du temps de César, ni la Tourette, malgrè le nom de Miradour qu’elle porta au moyen-âge, ni aucun poste dans l’intérieur des murs n’était propice pour cette surveillance qu’une population de pêcheurs, de navigateurs, de commerçants avait un si grand intérêt à établir large et complète. Ils durent s’en convaincre bientôt et bientôt aussi se mettre en quête de stations plus convenables pour leur vigies.
Il était sous leurs yeux une position que la nature semblait avoir ménâgée tout exprès pour cet usage. Isolée de tout autre groupe, dominant le pays dans un rayon de plusieurs lieues, distante à peine de quatorze cent mètres des rives de la vieille ville, la colline de la Garde était une station des plus admirables. Rien de ce qui arrive par les routes de terre ne peut échapper au guetteur,et, de ce côté, l’exploration est si facile qu’il parait impossible de désirer mieux. S’il n’en est pas tout à fait ainsi du côté de la mer, il n’en est pas moins vrai que du sommet de cette colline, situé à 173 mètres au dessus du niveau des eaux, on peut découvrir au large jusqu’à la distance de cinquante kms, et cela entre l’île Maire et les graus du Rhône, c’est-à-dire embrassant un arc de 80 degrés. Aussi les Marseillais se hatèrent-ils d’y élever une tour et d’y installer un service de signaux. Cette tour était appelée dans le latin de la basse latinité : Turris de Gardia, la Tour de la Garde. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que c’est le même nom qui s’est perpétué jusqu’à nous, d’âge en âge par la tradition, et de langue en langue par la traduction.
Tant que Marseille fut en paix, la Tour de la Garde put lui suffire. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute, puisque la vigie établie au même lieu suffit encore aujourd’hui. Toutefois l’excellence de cette station ne va pas jusqu’ànous assurer une surveillance satisfaisante en temps de guerre maritime. De Marseille au cap Croisette, ou à l’île de Mairequi en est le prolongement, le rivage a sa direction générale du Nord au Sud ; mais au cap Croisette, il tourne brusquementpar un angle presque droit pour courir vers l’Est. Cette seconde partie de la côte est tourmentée, abrupte, déchirée par de nombreuses échancrures et bordée de hautes montagnes dont parfois les versants tombent à pic dans la mer. Ici la Tour de la Garde n’est plus d’aucune utilité, et, pour tenir en observations la partie sud de notre territoire, c’est à d’autres positions qu’il faut recourir.
Mais ici encore, à point nommé, il s’est trouvé une montagne réunissant en grande partie les conditions désirables pour en satisfaire à ces nouveaux besoins. C’est la montagne appelée en latin Massilia-veire, et en français : Marseille-veire, deux corruptions du provençal : Marsilhoveire, qui signifie voir Marseille. Elle est tout à la fois la plus voisine du Cap Croisette et la plus haute de celles qui bordent la côte ; elle est élevée de 433 mètres au dessus de la mer. De là le regard découvre l’horizon à 60 kms, et l’arc qu’il peut parcourir n’a pas moins de 145 degrés entre le Cap Sicié et les basses terres de la Camargue. En un mot, la destination de cette montagne semble si clarement indiquée par la topographie, que les Marseillais n’hésitèrent pas à y poster une deuxième vigie.
Quand on est au sommet de Marseille-Veyre, on a presque à ses pieds tout un archipel peu connu en général de nos concitoyens. C’est d’abord l’îlot que les pêcheurs appellent Peirot et que les cartes s’obstinent à nommer Tiboulen, rendu célèbre par le roman de Monte-Christo ; c’est Maïre que nous avons déjà citée, et qui n’est autre que l’Immadras de l’itinéraire d’Antonin ; c’est ensuite Jarre, où l’on reléguait autrefois les navires qui avaient la peste à bord ; puis Cale-seragne, où il y a une grotte dite des Morts et une légende dont tout le monde parle, mais que personne ne sait. (Bouillon Landais se trompe,il n'y a pas de baume sur Plane; la Baume des Morts est sur Jarre. Ces morts ont été à tour de role les marins du Grand St Antoine, des soldats de Napoléon, et d’après Jean-Courtin parce qu’ils étaient soupoudrés d’ochre jaune des néolithiques) ; puis enfin, à 3 kms du rivage et au large de toutes les autres, l’île de Riou.
La côte qui fait face à ces île s, nous venons de le dire, est escarpée, accidentée et coupée par des criques nombreuses, parmi lesquelles nous citerons celles de Calelongue, de la Mounine, des Cairons, du Podestat, de Cortiou, de Sormiou,de Giparel, de Morgiou, de Segeton, de l’Oulle, de Vau, de Port-Pin et de Port-Miou près de Cassis, sans compter une foule de recoins innommés, et le tout dans une étendue de moins de 13 kms. Or de Marseille-veire on signale fort bien tout ce qui apparait au loin, mais on ne voit pas toujours ce qui est sous la côte, de sorte qu’il pouvait se faire que des embarcations ennemies vinssent s’y embusquer pendant la nuit et fondre de là, au moment opportun, soit sur des bateaux de pêche, soit sur les navires marchands venant reconnaître l’attérage à leur arrivée.
A ce mal, il n’y avait qu’un remède, l’établissement d’une nouvelle vigie. Pour cette vigie il n’y avait qu’un point : l’île de Riou. Nous ne rechercherons pas l’étymologie de ce nom ; nous dirons simplement qu’on écrivait indifféremment Mons ou Insula de Rivo, de Riau, de Rieu ou de Riou. Cette dernière forme est la véritable appellation provençale qui a prévalu. (il oublie de Rieuls).
L’île de Riou s’étend à peu près de l’Est à l’Ouest, parallèlement à la terre ferme, sur une mètres. Elle est presque inabordable du coté de la haute-mer Cette partie est un véritable cahos, un labyrinthe inextricable de roches verticales, de blocs tombés, de crevasses, de ravins, de précipices qui lui ont mérité le nom de Mauvais Pays qu’on lui a donné. Du côté du Nord, l’île est facilement abordable sur plusieurs points. Celui que les visiteurs choisissent de préférence, est une petite anse à fond de sable appelée Ménesteirol. Elle est en face d’un vallon qui s’élève vers le centre de l’île et qui se termine à un énorme rocher affectant une forme conique. Au bas de ce cône, on rencontre une citerne ou un réservoir d’environ deux mètres en tous sens , destiné à recevoir l’eau de la pluie. Comme il n’y avait là aucune surface plane ou horizontale pour recueillir cette eau, on s’est avisé d’un autre moyen : on a creusé, au pied même du cône une étroite rigole qui en circonscrit la face antérieure et qui aboutit à la citerne, laquelle ramasse toute la pluie que le vent pousse contre les parois du rocher et qui n’a d’autre écoulement que la rigole. Le réservoir, élevé sur le sol, est en simple maçonnerie et en bon état, bien qu’il paraisse de construction ancienne (1442). L’eau s’y conserve parfaitement ; De là au point culminant de l’île, la distance est courte et on la franchit en quelques minutes ; Quoique cette ascension, à partir du rivage, ne présente aucun danger, il ne faut pas croire pourtant qu’elle soit exempte de difficultés ; la pente est rapide ; il n’existe aucun sentier frayé, et les avalanches de cailloux qui roulent sous les pas du touriste embarrassent et retarde sa marche.
La crête qui forme le sommet de Riou est couronnée par trois mamelons ; celui du milieu, qui est le plus élevé, présente un plateau arrondi d’environ 6 mètres. C’est là que les Marseillais établirent leur troisième vigie. Elle consistait en une tour circulaire, presque ruinée aujourd’hui, mais dont ce qui reste peut donner quelque idée. Elle a  4 mètres de diamètre intérieur ; l’épaisseur des murs est de près d’un mètre ; elle est en maçonnerie ordinaire et construite avec beaucoup de soin ; Il y avait dans l’intérieur, une citerne creusée dans le roc et voutée en pierres ; elle était revêtue de béton à la pouzzolane. Elle occupe le côté nord de la tour. A la partie opposée on remarque dans l’épaisseur du mur, un enfoncement qui parait avoir été une cheminée. Enfin, à côté et un peu au-dessus de la cheminée, se trouve une petite fenêtre cintrée, en briques, de soixante cms dans toutes ses dimensions. Nous n’avons aucune donnée directe sur la hauteur de l’édifice, ce qui en reste ayant à peine 3 ou 4 mètres ; mais nous pouvons juger par analogie. Les vieilles tours de nos moulins à vent, auxquelles une grande solidité était nécessaire, ont exactement le même diamètre et la même épaisseur de muraillles que la Tour de Riou. On peut donc supposer que celle-ci était, à peu de différence près, de la même hauteur que les premières. Il n’y a du reste aucune trace de porte et probablement elle n’en avait pas. Mais les gardiens étaient pourvus d’une échelle, et c’était par ce moyen qu’ils y pénétraient.
La réunion de ces diverses circonstances, la force des murs, la cheminée , la citerne intérieure, l’absence de porte, indiquent suffisamment que l’on avait cherché à prémunir les habitants de ce lieu contre les dangers d’une attaque, toujours imminente dans une pareille situation.

A quelques mètres à l’Est de la tour et sur une partie de la montagne qui se trouve un peu en contrebas, on avait encore bâti une cabane de 3 mètres sur 2 mètres 75, ruinée maintenant jusqu’aux fondations. C’était pendant le jour, l’habitation ordinaire, l’abri des gardiens. Quant aux signaux ils les faisaient du haut de la tour, leur asile pendant la nuit, leur refuge dans tous les cas.

Ainsi se trouva complété le système de vigies des anciens Marseillais. De Riou, élevé de 192 mètres, on pouvait explorer un arc de 175 degrés jusqu’à la distance de 53 kms. Mais là, n’était pas sa plus grande utilité ; c’était de pouvoir surveiller à revers toute la côte et de rendre impossibles les embuscades dont nous avons parlé.
Ce système, commandé par la topographie du pays, se composait comme on le voit de trois stations. Elles vont exactement du Nord au Sud et sont presaue en ligne droite. Celle de Riou, la plus éloignée de la ville, en est à 13375 mètres, à vol d’oiseau. Marseille-Veire, poste intermediaire, est à 5450 mètres dr Riou et à 8130 mètres de nos quais. Nous connaissons la distance de la Tour de la Garde.

Malgré l’utilit& de la station de Riou malgré la nécessité de celle de Marseille-Veire, lien indispensable entre les deux autres, ce fut toujours celle de la Garde qui fixa plus specialement l’attention de nos concitoyens. Elle &tait immédiatement sous leurs yeux ; elle résumait toute la ligne ; elle fonctionnait constamment, en temps de paix comme en temps de guerre ; enfin elle les gardait si bien, qu’elle fut toujours pour eux la garde par excellence.
Mais lorsque le sanctuaire vénéré que nous voyons réédifié se fut élevé à côté de la Tour de la Garde, lorsque la sécurité résultante de signaux fidèlement transmis eut été ajoutée la certitude d’une intervention surhumaine, ce ne fut plus, parmi la population, cette simple préférence que l’on accorde parfois à un site utile ou qui plait : ce fut une explosion de reconnaissance qui délaissa les choses de la terre pour monter au ciel, ce fut un mélange de confiance et d’amour qui s’éleva jusqu’aux pieds de la divine protectrice, sentiment puissant et épuré que la religion seule sait perpétuer après l’avoir fait naitre. Dès ce moment aussi la station changea de nom. Ce ne fut plus la Garde, ce fut Notre-Dame de la Garde. Dans ce simple changement de nom, il y avait tout à la fois un témoignage de gratitude pour les bienfaits déjà reçus et une invocation pour l’avenir.
Il semblerait que la ligne des postes que nous avons essayé de décrire dut se rattacher à un point quelquonque dans l’interieur de la ville. Un grand nombre de citoyens, il est vrai, pouvaient à toute heure du jour apercevoir les signaux de ND de la Garde ; mais il n’en fallait pas moins qu’il y eût des préposés spécialement chargés d’y veiller et d’aviser qui de droit lorsque le cas l’exigeait. Nous ne pouvons rien affirmer à cet égard, attendu que les renseignements font défaut. Il y avait des gardiens pour chacune des portes de la ville, cela est constaté dans une foule de documents. Mai y en avait-il pour observer ND de la Garde ? Nous n’avons recueilli de traces d’une surveillance de ce genre que dans la suite donnée à une supplique adressée; le vendredi 30 avril 1473, au conseil municipal, par Pierre Jacques, trompette de la ville.
Dans cette pétition, rédigée en provençal, Pierre Jacques expose que : « Si c’était le bon plaisir d conseil de lui accorder, pour lui et son ménage, au plus haut étage de la Maison-de-Ville, une chambre et une petite salle où il y a une cheminée, et au plus bas, telle partie qu’on voudra pour ses vendanges et son cellier, il y ferait volontiers sa résidence, tiendrait toujours la maison bien propre et serait lui-même plus facile à trouver quand on aurait besoin de lui. Il ajoute qu’ayant appris que l’on doit construire dans la dite Maison-de-Ville un escalier à vis qui montera jusqu’au plus haut du toit, il s’offre, quand la vis sera terminée, à faire le guet chaque soir avec sa trompette au plus haut de ladite vis(B) »
L’édifice dont il est ici question avait été construit sur l’emplacement de la maison de Jacques Favas, acquise par la commune le 14 novembre 1445, au pris de 800 florins d’or. Il fut démoli en 1653 pour faire place à l’Hôtel-de-Ville actuel.
Le conseil municipal acceuillit la demande de Pierre Jacques, et lui accorda un logement dans la maison, aussi longtemps que cela conviendrait à la ville, et à condition que Jacques, de son côté, tiendrait les promesses de sa supplique.
Nous ne prendrons pas sur nous d’affirmer que Jacques avec sa trompette montât tous les soirs au sommet de son escalier tout exprès pour examiner ce qui se passait à ND de la Garde ; mais ce qu’il y a de certain, c’est que, s’il s’y était passé quelque chose d’extraordinaire, il n’aurait guère pu manquer de s’en apercevoir.
Et puis, répétons-le c’est la seule apparence d’un service régulier d’observation, fait de l’intérieur de la ville, que nous ayons pu retrouver.
Malgrè l’importance qu’il y avait pour les Marseillais à ce que la mer fût constamment surveillée, il arrivait assez souvent que les vigies manquaient de gardiens. La cause ordinaire de cet abandon était la pénurie du trésor. Marseille, qui, sous ses vicomtes, avait été la ville la plus riche de nos contrées, en était devenue la plus pauvre depuis sa soumission aux comtes de Provence. Elle leur avait aliené tous ses revenus sans exception. Les comtes, en compensation s’étaient obligés à pourvoir de leurs deniers à toutes les dépenses qui intéressaient la ville et qui avaient été énoncées dans les chapitres de paix. Mais continuellement engâgés dans les guerres de leur royaume de Naples, ils n’avaient pas plus d’argent que les Marseillais eux-mêmes. De là, souffrance et interruption des services publics les plus urgents.
Il va sans dire qu’un pareil oubli des plus chers intérêts de la cité soulevait d’énergiques réclamations dans le sein du conseil municipal. Cette assemblée était, de droit, présidée par le viguier ou lieutenant du comte. C’était donc à lui que l’on s’adressait ; on l’interpellait, on le requerait, on le sommait en invoquant les traités. Dans ces circonstances, le viguier répondait ordinairement qu’il était prêt à donner des ordres pour la garde des vigies. Mais sa bonne volonté, feinte ou réelle, ne suffisait pas ; il existait un fonctionnaire d’un rang inférieur duquel dépendait tout en réalité ; c’était le clavaire ou trésorier chargé de percevoir les revenus du comte et de solder les dépenses. Lorsque le clavaire n’avait pas d’argent, ou qu’il disait n’en pas avoir, ce qui revenait au même, les ordres du viguier demeuraitent une lettre morte. On recourait alors aux expédients ; on empruntait, on imposait une taille, ou quelquefois on finissait par obtenir de percevoir temporairement une branche des revenus aliénés. Tout cela entrainait des longueurs, des difficultés, des tiraillements pendant lesquels le service ne se faisait pas.
Quelques citations doivent suffire pour apporter la preuve de ce que nous venons d’avancer.
Le 23 juin 1326, sous le règne de Robert, comte de Provence et roi de Naples, le conseil municipal, assemblé dans l’antique salle verte du Palais, prit la délibération suivante : « Enfin, il a été délibéré, sur la proposition de Hugues de Conchis, que le seigneur viguier serait requis, comme il l’est dès à présent d’ordonner que l’on place et que l’on maintienne les gardes ordinaires à la Garde, à Marseille-Veire et à l’île de Riou, pour faire les signaux nécéssaires à la sureté de la ville, de crainte que les habitants ne soient molestés par les ennemis du roi.
(Il y a dans le texte : Pro faronis faciendis. Le mot faronus signifie proprement un signal fait avec du feu. Nous l’avons traduit par l’expression générique : signal, attendu que, ainsi qu’on le verra, nos vigies faisaient encore d’autres signaux. )
Sous le même règne et peu d’années après, le 18 août 1332, on lit dans un procès-verbal d’une autre séance d’une autre séance : « Item, quant aux signaux ( le texte porte : Super facto faroni), il a plu au conseil de requérir le seigneur viguier qu’il les fasse faire à la Garde, à Marseilleveyre et à Riou. » Le viguier était Guillaume de Sabran, chevalier, seigneur de la Tour d’Aigues.
Le 24 Mai 1372, c’est à dire trente ans plus tard, au temps de la reine Jeanne, une autre délibération s’exprime ainsi :
« Primo, attendu les dangereuses incursions des Catalans, qui courent les mers de cette cité, exercent la piraterie avec des galères et d’autres bâtiments, et capturent les pêcheurs et les navigateurs, il a plu au conseil de requérir le seigneur viguier, pour qu’aux frais de la cour, ainsi qu’il y est obligé, tant à l’église de la bienheureuse Marie-de-la-Garde, qu’à Riou et à Marseille-Veire, les gardiens qui y ont été de toute ancienneté, afin d’éviter les dommages et les rapines dont se plaignent les pêcheurs et les navigateurs. »
Et le dit viguier a répondu qu’il était prêt, attendu que le fisc n’a pas d’argent, à faire une délégation sur les revenus de la cour, afin de solder les gardiens pour la sécurité des pêcheurs, des navigateurs et de tout autre. »
Le viguier qui fit cette réponse s’appelait magnifique homme Jean des Amics de Caramanique, chevalier et professeur de droit civil. Malgrè la confiance que devait inspirer la promesse du magnifique Jean des Amics, nous avons lieu de croire qu’elle ne fut pas tenue ; car, dès le 8 avril suivant, avant qu’un an se fût écoulé, le conseil revenait sur la nécessité de placer des guetteurs à nos trois vigies.
En résumé, la garde des stations et, par suite, la sécurité de la ville n’était rien moins qu’assurées. Il en était de même quant à tous les autres services dont la dépense était à la charge du comte. Ce n’était certes pas la faute de nos magistrats, qui ne cessaient d’employer leurs efforts pour échapper à cette position aussi intolérable que précaire, mais qui parvenaient bien rarement et bien difficilement à obtenir de l’argent du fisc. Nous avons pourtant un exemple d’un succès de cette nature, remporté par eux, dans un acte passé le lundi 20 février 1401, par-devant le notaire Pierre Calvin, entre Réforciat d’Agout, seigneur de Vergons, viguier de Marseille, d’une part et Guillaume de Vivaud, Honoré de Monteils et Antoine Crote, syndics de la commune d’autre part. Par cet acte où, tout en récapitulant avec soin les sommes dues à la ville, les syndics se posent et s’énoncent en véritables suppliants, le viguier leur délègue les censes, le droit de la table de la mer et les autres revenus de la cour jusqu’à concurrence des 557 florins d’or qu’il reconnait leur être dus, entre autres causes, pour les gardiens de la bienheureuse Marie-de-la Garde, de Marseille-Veire et de Riou.
Les vigies dans l’origine, avaient été établies pour fonctionner pendant toute l’année. Lorsque la pénurie des finances municipales, aussi bien que celles du trésor comtal, vint s’imposer l’obligation de faire des économies, on prit le parti de les abandonner pendant l’hiver, c’est à dire pendant la saison où le mauvais temps devait empêcher ou tout au moins rendre plus difficiles les croisières de l’ennemi. Cela ressort évidemment de la délibération suivante, prise le 26 septembre 1472 :
« Jacqus de Remezan, syndic, expose que quelques personnes sont d’avis qu’il serait bon, pour éviter les dépenses, attendu d’ailleurs que l’hiver est déjà commencé, de faire retirer à la fin du mois, les gardiens qui sont aux île s. Sur quoi, il demande que le conseil veuille bien délibérer. »
« Il a plu au conseil que les gardiens des île s y restent jusqu’à la fête de tous les Saints.

De même qu’un citoyen sage et prudent, un syndic, avait voulu par raison d’économie, hater un peu trop l ‘époque où les guetteurs pouvaient prendre leur quartier d’hiver ; de même il advenait parfois que, pour la même raison, ces quartiers d’hiver étaient prolongés plus qu’il ne l’aurait fallu, et que le beau temps était arrivé avant qu’on eut songé à regarnir les postes. D’autres fois enfin, toujours par economie, le salaire qu’on offrait aux gardiens était si réduit, qu’on ne trouvait personne pour ce métier.
C’est à ce double motif que doit être attribuée la réclamation introduite dans la séance du conseil du 20 avril 1480, et que nous relatons d’autant plus volontiers qu’elle fut l’occasion de diverses dispositions qui sont essentiellement de notre sujet.
« Exposent au conseil, Michel Sime et Pierre Forse, prudhommes de la mer, qu’il était d’usage de placer des gardiens salariés aux lieux de Riou et de Marseille-Veire, et parce que, au temps actuel, on n’exerce pas une surveillance suffisante, il s’ensuit que les pêcheurs de cette ville souffrent de nombreux dommages. S’il plaisait donc au conseil d’augmenter les salaires des surveillants, on en trouverait de capables. En conséquence, ils demandent qu’il en soit délibéré et qu’il soit avisé et pourvu. »
« Il a plu au conseil de délibérer que des gardiens aptes, capables et suffisants soient placés aux dites vigies de Riou et de Marseille-Veire, et que leurs appointements soient augmentés de 6 gros par mois. Et, attendu que Riou a 3 gardiens, il y en aura toujours 2 au poste, et le troisième pourra aller aux vivres. Quant aux deux gardiens de Marseille-Veire, ils y demeureront constamment, excepté le samedi, jour où l’un d’eux pourra venir en ville pour faire les provisions de toute la semaine. Dans les cas où ils manqueraient aux prescriptions qui précèdent, ils seraient punis d’une retenue d’un mois de solde. »

Le viguier qui présidait ce conseil se nommait Pons de Rasaud.
Le nombre des gardiens ou surveillants était donc de 3 à Riou et de 2 à Marseille-Veire. Il y en avait 2 pareillement à ND de la Garde. Leur nombre parait n’avoir jamais changé à ce dernier poste ; mais il n’en a pas été de même aux deux autres, où il fut augmenté dans des cirsonstances que nous rapporterons. La solde différait selon la station. Ceux de Riou, les plus éloignés, les plus exposés, étaient les mieux rétribués ; venaient ensuite ceux de Marseille-Veire et enfin ceux de la Garde. La proportion qui existait entre leurs salaires, au commencement du XVe siècle, se déduit du mandat suivant où ils se trouvent réunis :
« Nous, les syndics et les six conseillers du syndicat de Marseille, mandons à vous, Rabastenc de Roquefort, trésorier général de la dite-ville, que des deniers de votre trésor, vous donniez et payiez à Dominiqe Stornel, Monnet Gilhan et Louis André, gardes de l’île de Riou ; item, à Pons de Servières et Pierre Alfant, gardes de la montagne de Marseille-Veire ; item, à Antoine Capel et Antoine Blancard, gardes de la Tour de la Garde, pour leurs gages d’un mois qui doit commencer demain 24 du présent mois de février et finir le 24 mars prochain, savoir : aux gardes de Riou, 15 florins d’or ; item, aux gardes de Marseille-Veire, 8 florins d’or et quatre gros ; item, aux gardes de la Garde, 8 florins d’or ; ce qui fait un total de 31 florins et 4 gros du roi. Donné à Marseille sous nos propres sceaux, le 23 février 1408. »
Le florin se subdivisant en 12 gros, c’était, à Marseille-Veire deux gros de plus par homme qu’à ND de la Garde, et à Riou 10 gros de plus qu’à Marseille-Veire.
De 1384, date la plus ancienne à laquelle remontent nos renseignements à ce sujet, jusqu’en 1464, ou soit pendant quatre-vingt ans, les guetteurs de Riou furent salariés à raison de 5 florins par mois. En 1480, nous voyons que leurs gages avaient été diminués et réduits à 4 florins, ce qui était cause qu’on n’en trouvait plus. La délibération du 20 avril de cette année en fait foi et élève la solde à 4 florins. Cette augmentation permit de rétablir le service, qui se continua ainsi avec plus de régularité que par le passé, jusques et y compris le mois de mai 1527. Ce fut pendant cette période qu’eut lieu le siège de Marseille par le connétable de Bourbon. Le siège commença le 19 août 1524 et dura 40 jours. Dès la fin de juillet, les gardiens avaient été retirés de Marseille-Veire et de ND de la Garde. On comprend qu’il n’en pouvait être autrement e, présence de l’armée ennemie qui avait envahi la Provence ; mais ce que l’on s’explique moins aisément, c’est que la Vigie de l’île de Riou n’ait pas cessé de fonctionner ; c’est que le service y ait été fait pendant ces deux mois de siège, août et septembre 1524, aussi régulièrement que jamais, aussi paisiblement en apparence, et sans augmentation de salaire pour les préposés. En même temps que les maraudeurs du connétable désolaient notre territoire, la flotte espagnole était à Toulon et couvrait nos mers de ses bâtiments légers ; et cependant, après la levée du siège, on n’eut qu’à renvoyer à leurs postes les gardiens de Marseille-Veire et de ND de la Garde, pour que tout le système reprit sa marche accoutumée, ce qui eut lieu le 1er octobre. Les 3 citoyens qui maintinrent si bien leurs positions pendant cette crise se nommaient Helion Gastel, Petit Jean Baissanet et Antoine Baume.
Nous venons de dire que la solde des guetteurs de Riou fut de 4 florins et demi jusqu’à la fin de Mai 1527. Un déplorable évènement, survenu à cette époque, la fit de nouveau modifier. ce qui n’était pas arrivé au milieu des périls d’une guerre acharnée, arriva tout-à-coup lorsqu’il n’y avait plus à redouter que les dangers ordinaires, auxquels on était pour ainsi dire habitué. Les 3 gardiens de Riou, et les 2 gardiens de Marseille-Veire furent assassinés.  Comment ce malheur fut-il accompli? Personne aujourd’hui ne peut le savoir, car ceux-là même qui nous en ont transmis le souvenir ne songeaient guère à le raconter. C’est par des fragments de phrases insérées dans des pièces comptables, dans l’unique intention de motiver les dépenses, que le fait est venu jusqu’à nous.
Nous ne saurions donc mieux faire que de traduire ici les mandats eux-mêmes ou les bullettes, comme on les nommaient en provençal. Mais, auparavant, quelques mots d’explication sont nécessaires sur la forme de ces bullettes ou mandats.
L’année administrative commençait à Marseille le 1er novembre et finissait le 31 octobre suivant. Pour payer les appointements du premier mois ou du mois de novembre, on expédiait un mandat au nom de chacune des parties prenantes. C’était une bullette particulière. Quant aux autres mois, on simplifiait la besogne en faisant un seul mandat pour tous les services, mais en ayant soin d’y indiquer toutes les parties prenantes, ainsi que le nombre des mandats particuliers résumés dans ce mandat général. Cela s’appelait alors une bullette pour tout l’otdinaire du mois.
En faisant l’application de ces usages aux pièces comptables qui vont suivre, on reconnaitra que la première de ces pièces est une bullette pour tout l’ordinaire, et que les 3 autres sont des bullettes particulières, tout comme le mandat que nous avons déjà reproduit.
« Le 30 juin 1527, nous Jean de Cepede, Cosme Boticari et Antoine Mouton, consuls, mandons à vous Jacques de Bricart, trésorier-général de cette ville de Marseille, que, de l’argent de votre trésor, vous payiez à maître Jean Leclerc, notaire de la dite ville, aux 3 valets des consuls, et au trompette, aux gardes pour la nuit des tours et des murailles, aux gardiens de ND de la Garde et au peseur de la farine au poids de Lauret (Ce sont 5 bullettes seulement, à cause que les fustes ont débarqué et tué les gardiens de Riou et de Marseille-Veire.) leurs gages d’un mois de service commencé le premier et fini le dernier du courant, an attribuant à chacun sa quote-part, ainsi qu’il est dit dans les cinq bullettes originales, lesquelles se payent ordinairement tous les mois et font ensemble la somme de quarante florins et 10 gros. »
« L’an et le jour susdits, nous, etc, mandons, etc., que vous payiez à sieur Louis Négrel et à son fils et à Pierre Vailhe, gardiens chargés de la garde de Marseille-Veire et de renfort,
à cause des fustes des Turcs qui ont tué les gardiens de Riou, leurs gages tant ordinaires qu’extraordinaires pour 15 jours de service, commencés le 15 et finis le dernier du présent mois, à raison de 5 florins par mois pour chacun, c’est à savoir, pour les trois, 7 florins et 6 gros. »
« Le 31 août nous, etc., mandons, etc., que vous payiez, etc.,à un lahut armé qui est allé, par notre ordre, pour découvrir si nos gardiens étaient à Riou,
lequel lahut, ainsi que les gens du quartier de St Jean qui le montaient ont été pris par les fustes, six gros que nous avions promis par homme, ce qui fait monter le tout tant pour la perte du lahut que pour les gens à 7 florins. »
« Le 30 septembre 1527, nous, etc., mandons, etc., que vous payiez, etc., aux trois gardiens chargés de la garde de Riou, leurs gages ordinaires d’un mois de service, commencé le premier et fini le dernier du courant, à raison de 2 écus sols par mois pour chaque hommes, ainsi convenu
depuis que les fustes des Turcs ont tué les autres gardes de Riou , ou soit en tout 20 florins. »
Ces quelques pièces, malgrè leur laconisme, nous apprennent que la catastrophe eut lieu à la fin du mois de mai ou au commencement du mois suivant, puisque c’est à partir du premier juin que les 2 postes furent abandonnés. Le lahut dut être expédié vers la même époque et au premier soupçon que l’on eut de la disparition des guetteurs. Ce fut un malheur de plus, puisqu’il fut pris et que les marins furent indubitablement massacrés ou réduits en esclavage. Elles nous apprennent que la Vigie de Riou demeura 3 mois sans gardiens, et qu’on n’en put trouver, au bout de ce temps, qu’au moyen d’une forte augmentation de salaire, qui, de 4 florins 6 gros, fut élevé à 6 florins 8 gros. Elles nous apprennent aussi que l’on se hâta de réorganiser la station de Marseille-Veire, laquelle ne resta inoccupée que 15 jours ; mais ce ne fut pas sans sacrifices, puisqu’on y mit un homme de plus et qu’on augmenta la solde de 10 gros par mois. Toutefois, au 1er septembre, dès que l’on eut rétabli le poste de Riou, celui de Marseille-Veire fut réduit, comme précédemment à deux gardiens auxquels la somme de 5 florins resta acquise. Enfin, la dernière bullette nous apprend en outre que 6 écus sol valaient 20 florins, ce qui fait ressortir l’écu sol à 3 florins 4 gros.
Jusqu’à l’année 1543 les appointements des 3 gardiens de Riou furent maintenus à 6 florins 8 gros. En 1564, ils furent portés à 8 florins ; ils atteignirent, en 1570, le chiffre de 10 florins, qui demeura stationnaire pendant environ 12 ans. Enfin, en 1583, les gardiens reçurent 12 florins. C’est peu après que parait s’être perdu l’usage de compter en florins. Ainsi, dès 1587, la paie fut stipulée comme étant de 3 écus, du ciel, mais il ne fut plus question de cette dernière monnaie.

Les agitations du temps qui suivirent exercèrent leur influence sur le modeste établissement de Riou Il n’y eu rien de stable dans le nombre, ni dans le salaire des guetteurs. Ainsi, au mois de Mai 1591, on mit un homme de plus, ce qui les porta à 4. L’année d’après on éleva les gages à 4, puis à 5, puis à 6 écus ; en 1593, 1594 et 1595, ils furent à 4 écus d’or au coin de France. Dans la seule année de 1596, il y eut d’abord quatre, ensuite deux, puis encore quatre gardiens qui eurent tantôt 4 écus 48 sous, tantôt 3 écus 36 sous, tantôt 3 écus 6 sous, tantôt enfin la somme excessive de 7 écus 12 sous, La comptabilité en écus ne fut pas de longue durée, car, en 1602 ils disparurent à leur tour pour faire place aux livres.
La vigie de Riou, qui devait cesser de fonctionner avec le XVII ème siècle, le commença donc avec 4 gardiens, à raison de 10 livres 16 sous par mois. Nous avons la preuve de la permanence de cet état de choses jusqu’en 1636. Après cette date, une longue et regrettable lacune nous prive de tout renseignement. C’est seulement en 1689 que nous retrouvons la station encore en activité, mais il n’y a plus qu’un seul homme payé 15 livres. Il y a en outre des intermittances dans le service, délaissé ou repris selon les besoins du moment. Enfin, en 1695, on voit reparaitre deux gardiens, le père et le fils, Tarrus Nicolas et Tarrus Louis, qui salariés à 45 livres pour deux, occupent la vigie pendant les mois de juillet, d’août et de septembre. Nous les avons nommés, parce qu’ils furent les derniers guetteurs de Riou. Le poste fut abandonné sans retour.
Ce sont les anciennes pièces comptabes des archives de l’Hotel de Ville qui nous ont fourni les indications les plus précises sur le personnel de cette station. C’est encore à la même source que nous puiserons pour donner des détails sur le matériel mis à la disposition des guetteurs. Cependant, comme malgrè les interruptions fréquentes que présente la suite de ces documents, ce qui en reste dépasserait de beaucoup les bornes de ce simple récit, nous nous contenterons d’y faire un choix qui puisse donner une idée de l’établissement qui nous occupe.
L’article de première nécessité, pour les gardiens de l’île, était un bateau. Ce bateau, bien qu’on le halat à terre quand on ne s’en servait pas, était, ainsi que ses agrès, sujet à des réparations et à des renouvellements fréquents.
Le 4 août 1477, la ville fit rembourser au trésorier qui en avait fait l ‘avance : « Pour cinq cannes de toile pour faire la voile du bateau de Riou et pour cordages achetés de Bernard Bouquier, 1 florins 2 gros. »
Le 2 juin 1479, le trésorier présenta un mémoire où on dit : « La ville doit, pour un cordage acheté pour tirer le bateau de Riou à terre, 7 gros. »
Le 25 juin 1482, on paya à Johannon Teysseyre, pour le radoub du bateau de Riou, un compte dont voici le détail : « Primo, pour 50 livres de poix, 1 florin 6 gros ; plus, pour 100 livres de vieux clous de barque, 3 gros ; plus, pour 20 livres d’étoupe, 10 gros ; plus, pour le chaudron, 1 gros ; plus, pour 100 sarments, 2 gros ; plus, pour les calfats, 1 florin 3 gros ; plus, pour une paire d’avirons, 1 florin ; total 5 florins 1 gros. »
En 1522, on acheta un bateau, et le 14 mars les consuls délivrèrent au trésorier Jaumet Vento un mandat que nous transcrivons sans le traduire : Nos avem mandat et commandat que retenga devers si, metta et dedusca en sos comptes et receptas soes assaber la soma de florins quinze, losquals a desborsats et pagats per nostre commandament per ung batel per la gardia de Riou, que ladicha cieutat a comprat de sen Barthomeu Florentin, que monta la susdicha soma, florins XV. »
Le 10 décembre 1528, on fit cet autre mandat : « A maître Johannon Besson la somme de huit écus sols, huech escus sol, et cela pour un bateau qu’il nous a vendu pour la garde de Riou, à cause que l’autre est tout rompu, et ne peut plus servir. »
Rien ne serait plus facile que de multiplier ces preuves de fournitures d’agrès, de réparations ou d’achats de bateaux effectués tant que la surveillance fut maintenue. On nous permettra, pour abréger, de passer aux autres accessoires de la station.
La cabane, complètement détruite aujourd’hui, fut réparée en 1480. L’article du compte trésoraire qui le constate est daté du 10 novembre et s’exprime ainsi : « Nous avons payé pour une douzaine de planches de bon bois, destinées à la cabane de Riou, pour 100 clous, deux tarières et deux chevrons, la somme de 1 florin 7 gros. »
C’était, avons-nous avancé, par le moyen d’une échelle que l’on pénétrait dans la tour. A l’appui de ce fait, nous lisons dans un article de compte trésoraire de 1484 : « Le 29 avril, j’ai donné à Renaud Boyer, pour un cordage et pour faire l’échelle de Riou pour monter en haut, 7 gros et demi. « Dans un mandat du 26 novembre 1530, se trouve encore compris le prix d’une échelle pour la vigie de Riou.
L’appareil spécialement destiné aux signaux se composait : 1° d’un mât ; 2° d’une voile ; 3° de poulies et de cordages. Cet appareil toujours fonctionnant et sans cesse exposé sur cette cime élevée, à toutes les intempéries des saisons, se détériorait rapidement et exigeait un entretien continuel.
Le mât ou l’arbre, comme l’on disait alors, dut renouvelé en 1384. Ce fut Antoine Raimond, dit le Levrier, qui le fournit et le transporta à l’île de Riou. On lui paya, le 3 septembre, 8 gros pour la fourniture et 2 gros pour le port.
Le 14 Novembre 1475, Antoine Court en livra un autre du prix de 1 florin 10 gros. Celui-ci ne dura guère, car il fut remplacé par un nouvel arbre, acheté le 20 septembre 1480 du nommé Castille pour la somme de 1 florin 1 gros. Il parait que Castilhe avait vendu un mâtereau brut, puisqu’on le fit façonner par Jacques Martin à qui l’on donna 9 gros pour sa peine. Il fut ensuite transporté du rivage de Riou à la tour par quatre homme qui reçurent 2 gros chacun.
La voile, les cordages et les poulies, on le croira aisément, nécessitaient des réparations et des remplacements encore plus fréquents. Aussi demanderons-nous la permission de ne pas nous y arrêter.
Quant à la manière dont on employait cet appareil, nous l’avons trouvée dans un mémoire ou plutôt dans une instruction sans date, mais qui, par l’écriture, le style et l’orthographe, nous paraît se rapporter à la première moitié du dix-septième siècle. Cette instruction, rédigée pour les guetteurs de Notre-Dame de la Garde, est évidemment applicable à tous les postes, attendu que leur installationétait identique, sauf quelques accessoires dont ND de la Garde seule était pourvue. Nous la transcrivons avec la plus scrupuleuse fidélité.

« Mémoire
de ce que les gardes de Notre-Dame de la Garde doivent faire. »

« Premièrement l'ors que Marseille veire leur faict signal sy ledict signal est de vaisseau, lesdictes gardes doibvent incontinant mettre la voille, et sy leur faict signal de gallères, doibvent aussi en mesme temps mettre la voille et, la baisse par trois ou quatre fois advant que larrester pou fere signal a la ville que c’est voille de gallères, et fault tenir tousjours ladicte voille jusques à ce quil voit paroistre le vaisseua ou gallère, et l’hors quil voict le vaisseau, doibt mettre incontinant le penon de vaisseau, sçavoir :du cousté du levant, sil vient du Levant ou de Ponant, sil vient du Ponant ; et sil paroist pluzieurs vaisseaux, il met autant de penons comme il se voit de vaisseaux et s’il est gallère, il met incontinant la bannière avec le penon de gallère, et pluzieurs penons sil voit pluzieurs gallères, sans lever la voille ni le penon que les vaisseaux ou gallères nayent-donné fonds.
Et lors que Marseille-veire leur fera signal de pluzieurs vaisseaux ou gallères, lesdites gardes doibvent fere le mesme signal à la ville qui leur sera faict de Marseille-veire quest, savoir : de jour, par fumée, et de nuit, par feu. »

Ainsi, outre l’appareil commun aux trois vigies, celle de Notre-Dame de la Garde possédait une série de bannières et de pennons.Quant à celle de Marseille-veire, nous voyons qu’elle faisait de la fumée le jour et du feu la nuit. Or pour faire de la fumée et du feu, il faut du combustible. Les guetteurs s’en procuraient facilement dans les propriéétés voisines. C’est encore un mandat qui nous en apporte la preuve.
Le 31 juillet 1696, à François Puget la somme de 140 livres à quoy nous avons réglé le prix du bois que les gardes de Marseille-veire ont enlevé de son fonds et brûlé pendant les deux dernières années pour faire tous les soirs et matins des feux et signaux qui avoient été ordonnés auxdits gardes pour nous advertir en cas que l’armée navale des ennemis s’approchât de nos mers. »

Au moment où cette somme fut payée, il y avait plus d’un an que la vigie de Marseille-veire, supprimée avec celle de Riou, n’existait plus, et l’on conçoit que le propriétaire ait réclamé le règlement de ce qui lui était dû. Ce propriétaire n’était autre que le fils du grand sculpteur Pierre Puget. Il avait recueilli dans la succession de son père un jas ou bergerie avec un ténement de bois au pied de la montagne. Le jas, situé dans une petite gorge qui con   duit à la grotte de Roland, existe encore et s’appelle toujours Jas Puget.
Les gardiens de Riou, de même que ceux de Marseille-veire, faisaient de la fumée le jour et des feux la nuit. L’expression Faronus, employée dans le texte des délibérations du 23 juin 1326 et du 18 août 1332, où les trois vigies sont désignées par leurs noms, ne permet aucun doute. Mais comme le combustible croissait dans l’île, qui était une propriété communale, et que la ville n’avait rien à débourser pour cet objet, il n’en est pas question dans les écritures. L’île était donc boisée et le serait encore aujourd’hui pour peu qu’on voulut favoriser le reboisement. Le figuier sauvage, la clématite, la scille s’y rencontre fréquemment, ainsi qu’une multitude d’autres plantes qui feraient la joie d’un botaniste et qui démontrent que ce sol, si aride au premier coup-d’oeil, n’a pas perdu sa fécondité.

Pendant plusieurs siècles et jusqu’à la loi du 24 août 1793 qui en a attribué la propriété à l’état, les herbages de ce groupe d’île s ont été affermés aux enchères par la ville. En 1584, ils l’étaient à Aymar de Champorcin au prix annuel de 25 écus 30 sous ; en 1612, Jean-Baptiste de Villages le prit pour 36 livres ; en 1614, c’était François de Caradet qui les obtenait à 62 livres. Après quoi le taux du fermage diminua graduellement. On le vit au dix-huitième siècle s’abaisser jusqu’à 12 livres, puis se relever à 80, puis retomber encore pour se réduire à rien. Cet avilissement de la valeur des herbages provenait de la dévastation toujours croissante, occasionnée par les troupeaux de chèvres qu’on y lachait pendant des saisons entières et qui s’y rendaient tout-à-fait sauvages. D’ailleurs depuis la suppression de la vigie et des gardiens, il n’y avait plus aucune surveillance et quiconque voulait y débarquer pouvait y faire tout ce qui lui plaisait.
L’île de Riou était un désert lorsque les anciens Marsaillais y jetèrent les fondements de leur troisième station.
Jusques en 1695, elle n’eut pas d’autres habitants que les guetteurs et redevint déserte après leur suppression. En 1720, année de la peste, on dit que des pêcheurs, fuyant la contagion, s’y réfugièrent avec leurs familles pendant plusieurs mois. La tradition ajoute qu’une jeune fille y naquit pendant cette émigration et qu’elle eut par la suite une sorte de célébrité dans le quartier St Jean, à cause du lieu de sa naissance. Si le fait est exact, et il n’a rien d’invraissemblable, c’est assurémént la seule fois qu’un être humain sera venu au monde sur ces rochers.
L’île, il y a une quarantaine d’années, ne jouissait pas du bon renom auprès du fisc et surtout de la douane. Ce n’était pas sans motifs, car elle servait à faciliter une active contrebande. Les navires fraudeurs, en passant au Sud de Riou qui, même en plein jour, les dérobaient à la vue de la côte, jetaient les ballots prohibés dans un bateau, lequel, après les avoir cachés dans quelqu’une des nombreuses excavations du Mauvais Pays, regagnaient la terre à vide. Puis on attendait une nuit propice, bien noire, bien froide, et les contrebandiers, tous gens des environs, allaient chercher les marchandises et tentaient le débarquement. Si la vigilance des douaniers était éveillée, si la tentative échouait, on en était quitte pour reporter les ballots dans leur cachette et pour recommencer une autre fois. Il y a eu des objets précieux qui ont ainsi passé plusieurs mois dans des trous de rochers et qu’on à peut-être essayé dix fois de verser à la côte sans y pouvoir réussir.

Si, pendant la belle saison, au mois de juillet par example, vous abordiez à Menesteirol, vous y verriez probablement à l’ancre une ou deux barques catalanes soigneusement recouvertes de leurs tentes. Le patron de chaque barque   est seul à bord avec le mousse. Le reste des équipages, dispersé dans des batelets, se livre à la pêche au corail entre le cap Croisette et Cassis. Cette pêche, autrefois l’une des occupations favorites de nos concitoyens et l’un des éléments importants de leur commerce, est aujourd’hui délaissée aux étrangers. Nous n’avons plus depuis longtemps de corailleurs indigènes.
                       
L’industrie toutefois, cette reine de nos jours, n’a pas dédaigné l’île de Riou. Elle a mis en exploitation un riche dépôt de sable qui y a été reconnu depuis quelques années. C’est un sable gros et grenu, tantôt jaune et tantôt grisâtre, que l’on emploie journellement au pavage de nos rues. Une maison a été édifiée à Menesteirol pour servir de logement et d’auberge aux quelques ouvriers occupés à l’exploitation. L’amateur des parties de mer peut aujourd’hui sans crainte se hasarder jusque là. Il est assuré d’un refuge et d’un abri en cas de mauvais temps.

L’importance et l’utilité de la station de Riou ont disparu du moment où la piraterie a été réprimée, du moments où nos rivages, protégés par une imposante marine, ont cessé d’être livrés aux déprédations des écumeurs des mers. On a de la peine à croire à l’audace que déployaient autrefois les corsaires barbaresques dans leurs expéditions. Montés sur des galères ou, plus souvent encore, entassés au nombre de deux ou trois cents sur des schebecs allongés et bas sur l’eau, livrant aux vents des immenses triangles de leurs voiles fauves, s’aidant au besoin de quinze ou vingt paires d’avirons, ils apparaissaient à l’improviste sur les côtes sans défense, détruisaient le matériel flottant, mettaient les hommes à mort ou les emmenaient en captivité, et opéraient fréquemment des débarquements dans le but de piller, de ravager et de faire des esclaves. Les maux que causaient ces bandits étaient d’autant plus grands qu’ils avaient parmi eux des rénégats jaloux de se signaler et qui, connaissant les localités, devenaient aussi dangereux pour leur compatriotes, qu’ils étaient utiles à leurs nouveaux compagnons.
Les mesures de précaution que les magistrats étaient dans le cas d’ordonner pour la sûreté des pêcheurs seulement, démontrent jusqu’à l’évidence, l’étendue des périls ue présentait la moindre excursion en mer.
Le 13 juin 1319, en l’absence de noble et puissant seigneur Pierre d’Audibert, chevalier, viguier de Marseille, le sous-viguier Guillaume de Conchis rendit l’ordonnance suivante qui fut aussitôt publiée au son de trompe, dans tous les lieux accoutumés de la ville, par Jacques Lique, crieur public juré.
« Il y a mandement et commandement de notre signeur le Roi de Jérusalem et de Sicile et de son viguier :
Que tout patron de barque de pêcheurs, quand il ira pêcher, porte une arbalète, un écu et 25 carreaux, sous peine de 25 livres d’amende.
Que les consuls des pêcheurs y veillent de telle façon que cela soit exécuté, ainsi qu’il est dit ci-dessus, sous la même peine.
Que chaque patron de barque qui ira à Planier, y porte 100 pierres et les y laisse pour la défense de la tour.
Que personne ne se permette d’enlever aucune de ces pierres.
Et qu’aucun pêcheur ne fasse du feu la nuit, le tout sous la même peine. «


Quant aux rénégats, la participation de ces misérables aux entreprises des corsaires est si avérée, que nous n’hésitons pas à attribuer à leur complicité le meurtre des gardiens de Marseille-veire et de Riou en 1527. Et d’abord les victimes durent être surprises pendant la nuit.
Quand on est monté à la Tour de Riou et qu’on a jeté un coup d’oeil autour de soi, on ne peut pas admettre que trois hommes s’y soit laissé surprendre pendant le jour, trois hommes qui devaient être sur leur gardes et dont l’unique occupation et le suprême intérêt était de surveiller la mer. Si par impossible, les pirates avaient réussi à prendre terre sans être vus, ils auraient été découverts dans l’île avant d’atteindre la tour où les gardiens auraient eu le temps de se réfugier et où ils se seraient défendus. Le débarquement a donc eu lieu pendant la nuit. Bien que du rivage au sommet de l’île le chemin ne soit ni long ni qu’il est aisé de le trouver. Les corsaires le connaissaient donc. Mais c’est bien autre chose à Marseille-veire. La simple cabane qui servait de vigie est à environ deux kilomètres à l’intérieur des terres. Le sentier qui s’y dirige est le plus difficile, le plus scabreux de toute la contrée. Il ne suffit pas d’y avoir passé plusieurs fois pour être sûr de ne pas s’égarer, même en plein jour, et ce n’est pas une horde de brigands étrangers qui auraient pu y parvenir pendant la nuit. De ces faits nous tirons la conclusion que le massacre eut lieu à la suite d’une surprise nocturne, conduite, guidée, peut-être organisée par des gens du pays, par des rénégats.
Du reste, ces déprédations, ces débarquements, ces rapts d’esclaves et tous les autres actes de brigandage que peuvent commettre des barbares sans frein et sans pitié, se sont continués jusqu’à une époque où l’on s’étonnera peut-être de les voir s’accomplir. En 1661, en plein règne de Louis XIV, des pirates algériens vinrent capturer un navire marchand jusques sous les murs de la Major, mirent pied à terre à Cale-Longue, dans l’île de Jarre, enlevèrent des bateaux pêcheurs, firent de nombreux prisonniers, sans que personne dans notre ville désarmée eût les moyens de les en empêcher, et ne se retirèrent enfin qu’à l’apparition inopinée d’une escadre de 6 galères napolitaines.
Afin que l’on ne nous taxe pas d’exâgération, nous céderons la parole aux échevins du temps, qui ont consigné tous ces faits dans un long procès-verbal que nous abrégerons le plus possible, tout en respectant le style.
« Savoir faisons, nous, Louis Borelly, sieur de Brest, et Jean-Baptiste Dupont, ecuyer, echevins, etc..., que nous étant rendus dans la maison de la ville le 28 de ce mois de juillet 1661, sur l’heure de six à sept du matin, à l’accoutumée, pour vaquer aux affaires publiques, nous aurions été étrangement surpris de la nouvelle qu’on nous donna de ce que trois galère d’Alger avoient paru dans ces mers entre le château d’If, la chaine et les murailles qui ferment l’endroit de la ville auquel l’église majeure se trouve construite, lesquelles avoient volé une barque venant de Catalogne ; sur lequel bruit et l’alarme que tous les pêcheurs, leurs femmes et enfants eurent de ce que leurs maris ou leurs pères ou leurs enfants étoient sortis ce même jour, au nombre de plus de cent cinquante tartanes ou bateaux avec leur train pour la pêche, accompagnés de cris et de pleurs, causèrent un si grand vacarme dans la ville que les principaux et tout le reste d’icelle furent sensiblement touchés, etc...
...Etant nous rendus, le lendemain 29 dudit mois, dans ladite maison de ville, pour vaquer aux affaires, il se seroit assemblé grand monde aux environs d’icelles et nous aurions même eu peine à contenir les plaintes des habitants du quartier de St Jean, qu’ils faisoient contre le sieur de Pilles et en sa présence et en son absence, sur ce que ses garnisons des île s du château d’If et de Ratonneau et de St Jean n’avoient fait signal quelconque ni tiré aucune canonade contre lesdits corsaires, disant que s’ils eussent tiré, les pauvres pêcheurs se fssent retirés, etc...
... Ayant la suite du temps découvert que lesdits corsaires avoient fait plus de soixante esclaves, ne l’ayant pu connaître qu’en tant que ces pauvres gens ont disparu, ne s’étant lesdites galères retirées que par la découverte qu’elles firent de six galères de Naples chargées d’infanterie, lesquelles sont arrivées ce matin aux île s du château d’If ; ayant appris de quelques particuliers qui se sont garantis de la prise et principalement de l’un des gardes de Marseille-veire, qu’il y avoit grand nombre de rénégats provençaux qui lui crièrent : Bélitre, C..... nous savons que vous n’avez pas de quoi tirer un coup de pistolet ; nous voulons en charrier des milliasses. Et ils auraient appris la même chose de quelques autres qui dirent avoir vu plusieurs officiers ou particuliers desdites galères qui mirent pied à terre à un endroit appelé Jarre et à Cale-Longue où ils avoient ravâgé quelques bateaux. Etant certains que lesdites galères n’auroient disparu sans la venue de celles de Naples, etc.. etc.. »


Grâce à Dieu, ces temps désastrreux sont bien loin de nous. Les gouvernements qui se sont succédé ont compris qu’il fallait, avant tout, faire respecter le sol du pays et protéger les populations inoffensives. Des batteries ont été construites sur tous les points exposés, et l’ennemi, barbare ou civilisé, pirate ou simple croiseur, a été forcé de se tenir à distance. Enfin un cordon de postes d’observation a été établi pour relier entre elles toutes les positions du littoral. La création d’un si vaste système a naturellement absorbé celui des anciens Marseillais. Toutefois, leurs stations avaient été si bien choisies que deux sur trois ont dû faire partie de la ligne moderne. Nous avons vu jusqu’en 1814, les sémaphores de ND de la Garde et de Marseille-veire recevoir et transmettre les signaux que l’état de guerre nécessitait. C’est à la paix seulement que celui de Marseille-veire a cessé de fonctionner. Quant à Notre Dame de la Garde, nous le répétons, elle fonctionne toujours, en temps de paix comme en temps de guerre. Elle fonctionnera aussi longtemps que Marseille existera.

L’établissement de l’île de Riou est maintenant en ruines ; sa cabane est rasée au niveau du sol ; c’est à peine s’il en reste des vestiges. Sa vieille tour, déjà réduite des trois quarts, achève de s’égréner pierre à pierre ; bientôt on se demandera si les cartes n’ont pas commis une erreur en marquant une tour en ce lieu ; enfin il est oublié, si bien oublié qu’il n’y a pas un pêcheur à Marseille qui ait conservé la tradition d’une vigie à Riou. Et cependant, poste avançé, sentinelle perdue au milieu des flots, elle a rendu bien des services à nos ancêtres ; elle a bien souvent le signal d’alarme qui a sauvé nos marins de la mort et de la captivité, nos navires et nos marchands, du pillage et de la ruine. Voilà pourquoi nous avons voulu qu’une voix au moins protestât contre cet injuste oubli et pourquoi nous avons raconté ce que nous avons pu recueillir à ce sujet. Aujourd’hui le 1er janvier 1859, il y a cent soixante-trois ans et trois mois que la vigie de Riou a cessé d’exister ; ce n’est pas trop tôt pour en faire l’oraison funèbre.

 

 

Extrait des écrits du Dr. Capitan

ou l'art de tirer des conclusions vraies de prémices fausses

... Actuellement, l'île est absolument sèche. Il n'en a vraisemblablement pas toujours été ainsi. Dans le fond de ce ravin coulait certainement un ruisseau; C'est lui qui a déposé ce sable dont on ne peut sans cela expliquer la présence. Ce n'est pas en effet un sable éolien ni marin, et d'ailleurs l'existence de quelques coquilles de mollusques d'eau douce montre bien qu'il s'agit d'un dépot alluvial. On pourrait même supposer que c'est à cause de cela que cette ile, nous le verrons plus loin, a été si fréquemment visitée par les populations les plus différentes pendant un grand nombre de siècles. c'était peut-être un point de ravitaillement, surtout en eau pure, que pouvaient connaître les navigateurs antiques.
C'est sur le flanc Est de ce ravin, au point indiqué par un carré sur les figures 11 et 12 et sur un espace correspondant environ à 100 mètres carrés,que nous avons receuilli nos silex dans les parties non exploitées lors de l'extraction du sable.
En ce point ont passé nombre des populations d'époques très variées; elles ont laissé dans les couches de terrain qui se superposent très régulièrement, soit des silex pour les plus anciennes, soit des fragments de céramiques fort nombreux pour les suivantes. Or, on sait que l'analyse de ces débris de travail humain est extrèmement instructive et permet de dater exactement les couches qui les renferment. Nous avons disposé sur un carton que nous présentons à l'Académie des spécimens typiques de ces divers produits industriels rangés suivant leur position stratigraphique qui est la suivante:

A.- A la surface du sol dans un humus sableux, très peu épais, au milieu d'une herbe rare, on trouve en grande quantité (et même en d'autres points de l'ile) des fragments de céramique romaine. Ce sont généralement des débris d'amphores ou de grands vases d'une terre rose, blanchâtre ou jaunâtre, avec quelques paillettes de mica, et en général bien cuite. Les spécimens de poterie fine à couverte rouge (dite samienne) sont rares; nous en avons pourtant recueilli deux échantillons, sans ornements, rappelant les terres rouges de fabrication gauloise.

B.- Au dessous dans un sable éolien, nous avons recueilli (mais seulement dans notre ravin ) tout une série de petits fragments de poteries grecques caractéristiques, mais d' ages très différents. Il ya d'abord des specimens de terre blanche, fine, soigneusement lustrée, très bien cuite, parfois noire à l'intérieur, quelques fois avec décor géométrique brunâtre, d'autres sont rougeâtres très cuits avec petits ornements coniques; il en est d'une terre grisâtre à couverte gris-brun-rouge, d'aspect presque métallique. Ces diverses terres provenant de petits vases, très bien tournés, rappellent absolument les fragments céramiques mycèniens ; D'autres débris sont d'une terre jaune, très fine, parfois à couverte noire brillante. Quelques uns montrent des fragments de décoration par réserve du fond au moment de l'application de la couverte noire. Ce sont donc des céramiques de la belle époque grecque; vers le V° siècle av. J.C.
Enfin des débris de terres jaunes ou rougeâtres plus tendres à couverte noire fragile semblent dater de la décadence grecque. Il y a donc dans cette couche des specimens de céramique grecque depuis le 3°siècle environ avant l'ère jusqu'aux périodes grecques préhistoriques
C. -Sous cette couche grecque nous n'avons plus retrouvé, toujours dans le sable, que des débris d'une poterie mal cuite, ne semblant pas faite au tour ou du moins étant mal tournée; la pâte jaunâtre ou rosée est parsemée de petits fragments de quartz et de nombreuses paillettes de mica blanc ; il ya des fragments de grands et de moyens vases. Ces terres très particulières sont assez fréquentes aux environ de Marseille, surtout dans les oppida où l'un de nous ( Arnaud d'Agnel ) les a fréquemment rencontrées avec son éminent collaborateur Clerc et les considère avec lui comme étant ligures, c'est à dire l'oeuvre de populations locales préhistoriques.
D. - En ce point, le sable fin où se trouvent toutes les poteries précédentes cesse. On rencontre une couche de fragments calcaires brisés. C'est dans ce milieu et même parfois s'enfonçant dans la couche sous-ajacente, que nous avons recueilli nos silex égyyptiens, et jamais dans les couches supérieures; leur position stratigraphique est donc ainsi nettement définie et élimine toute cause d'erreur : ils ne peuvent dater d'une autre époque que celle de la couche qui les contient.Ils y étaient disséminés sans ordre. Cette constatation était extrèmement importante. Nous l'avons faite avec tout le soin possible, fouillant nous-mêmes, sans avoir jamais eu d'ouvriers avec nous.
E. - Au dessous apparait une couche de sable noir brunâtre à éléments assez grossiers. Au milieu de ce sable noir, avec des débris de charbon, correspondant à des foyers comme ceux que l'on rencontre assez souvent sur nos côtes, il existe de nombreuses coquilles marines mais appartenant exclusivement à deux espèces, comestibles encore de nos jours, des patelles et les turbos; fait à noter aussi : toutes ces coquilles sont d'assez forte taille. Certaines patelles sont même très grandes.
Ces coquilles ont été apportées dans ces foyers, avec les fragments d'os brisés ou fendus et les dents d'ovins ou de caprins que nous y avons recueillies, par les préhistoriques qui ont aussi abandonné dans ces kjoelkkenmoeddings ( débris de cuisine) des spécimens de leur industrie en pierre. Ce sont de petites lames de silex quelquefois retouchées à une extremité sous forme de grattoir ou de perçoir. Nous avons recueilli aussi une sorte de petite scie en silex blanc bien retouchée sur les deux faces et deux petites haches polies en éclogite (roche verte à grenats de l'Esterel). Tous ces outils en pierre sont absolument différents des silexs égyptiens. Ils ont été tous importés puisqu'il n'y a dans l'île que des calcaires.
Enfin de nombreux fragments de poteries se trouvent aussi dans cette couche.
C'est une terre brune ou rouge extrèmement grossière et mal cuite, non faite au tour, parfois noire en dedans et contenant un grand nombre de petits grains de quartz et de menus fragments calcaires, les bords en sont ondulés et la panse parfois ornée de sortes de boutons saillants disposés en séries horizontales. C'est absolument l'aspect des poteries néolitiques.
La disposition et le contenu de cette couche sont exactement ceux que l'on retrouve dans maints dépots analogues des côtes de Provence et, avec quelques variantes d'industrie, sur les côtes de l'Océan, de la Manche et jusqu'au Danemark.
Il est à noter que dans certains points nous avons recueilli des silex egyptiens sous l'amas de coquilles et de silex autochtones il a pu y avoir remaniement du sol antérieur par les nouveaux arrivants et peut-être une certaine contemporanéité entre les deux populations. On peut, en tout cas en déduire cette conclusion vraisemblable; c'est qu'il ne s'est pas écoulé un temps très considérable entre l'habitat des peuples des kjoekkenmoeddings et le passage des Egyptiens.
F.- Enfin sous cette couche sableuse noire, colorée par les foyers des kjoekkenmoeddings,le sable du fond du vallon continue sur une épaisseur qui, là où nous avons fouillé, sur le flan du ravin, n'est que de 0.50 à l métre et qui certainement devait être plus considérable dans le fond du vallon.
La superposition que nous avons observée à l'île de Riou en ce coin de ravin que nous avons fouillé pourrait donc être résumée de la façon suivante.

Epaisseur Moyenne

Nature du Terrain

Epoques

0m 10

Sol pierreux et sableux avec herbe rare, nombreux fragments de céramique provenant d'amphores et de vases; céramique à couverture rouge

A
Romaine

0m 12

Sable fin. Débris de céramiques grecques de diverses époques depuis le III ème siècle avant J.C. jusqu'à l'époque mycénienne

B
Grecque

0m 07

Sable fin. Débris de vases en terre pailletés de mica

C
Ligure

0m 10

Fragments calcaires brisés : silex egyptiens

D
Néolithique Egyptien

0m 20

Kjoekkenmoedding avec coquilles comestibles, os, silex taillés et fragments de poterie. Industrie autochtone

E
Néolithique local

0m 50

Sable du fond du ravin

F
Quaternaire (?)

(En gris, les tessons insérés par l'abbé Arnaud d'Agnel.)

De cet ensemble d'observations on peut donc déduire les faits suivants: à une époque très reculée il existait dans le fond de ce vallon de l'île de Riou un petit cours d'eau qui, a donné naissance au sable qui le remplissait, il y avait certainement de la végétation et probablement de la faune; l'île avait-elle sa forme et ses dimensions actuelles? Il est bien probable que non. On sait que des mouvements de soulèvement et d'abaissement ont jusqu'à une époque relativement récente ont profondément modifié la topographie des cotes de la Méditerranée en Provence, comme aussi celle des cotes italiennes; la mer s'est tantôt retirée assez loin des côtes et tantôt elle a envahi des points de la cote situés aujourd'hui à plusieurs mètres au dessus de la mer. On peut donc admettre qu'à certains moments l'île de Riou a dû être notablement plus étendue et que,ainsi que nous le disions au début, son aspect actuel n'indique que le sommet de la crête montagneuse qui constitue sa charpente. Il est très possible que les premières populations qui sont arrivées à Riou, les aborigènes néolitiques anciens qui ont laissé dans leurs foyers et leurs amas de coquilles, les misérables silex et la grossière poterie que nous avons trouvés, soient venus de la côte de Provence à pied sec ou n'aient eu qu'un court chenal à traverser.Ils y ont habité comme dans les autres iles voisines, à l'île Maïre par exemple et sur quelques points de la côte de Provence, se nourrissant des moutons ou des chèvres qui vivaient sur la montagne et surtout des coquilles qu'ils ramassaient sur les plages. Plus tard, mais vraisemblablement pas fort longtemps après, des navigateurs égyptiens sont venus à l'île de Riou, ils y ont séjourné plus ou moins longtemps et y ont abandonné les produits de leur belle industrie sur le sable de la dune où avaient vécu les néolitiques autochtones des kjoekkenmoeddings, ensuite les éboulis ont recouvert leur silex.
Comment ces Egyptiens étaient-ils venus à Riou? Etaient-ce des navigateurs ayant relâché dans cette île pour y faire de l'eau où s'abriter de la tempête, ou bien, naufrâgés emportés là par les courants et le gros temps, sont-ils venus finir leur vie à Riou? Toutes les les hypothèses sont permises. Cependant il en est une particulièrement vraisemblable et la voici : On peut se faire une idée de la topographie ancienne de l'île et de son voisinage en examinant la carte particulière des côtes de France publiée par les ingénieurs hydrographes de la marine; en effet si on veut bien regarder la réduction que nous publions ci-dessus (fig. 12) on s'apercevra facilement,en examinant les chiffres indiquant les profondeurs relevées par les sondages, qu'au sud de l'île de Riou on trouve des fonds de 42, 66, 82 mètres. Au nord de l'île au contraire, entre elle et l'île de Calseraigne, on ne trouve plus que des profondeurs de 15, 13 et 10 mètres et même 3 mètres (écueil du Milieu). Entre l'île de Jaire et la côte : 17. 12. et même 2 mètres ( estéou de miet) Enfin entre l'île de Jaire et la côte : 11. 9. 6 mètres(plateau des chèvres).Au contraire, en dehors de ces points saillants, des profondeurs brusques de 20, 3O, 5O, 60 mètres et davantage - on peut donc admettre qu' à une époque indéterminée, probablement quaternaire et aussi plus récente, ces trois iles étaient réunies entre elles et au continent. Ce n'étaient donc pas des iles, mais des presqu'île s à pentes à pentes abruptes et à crêtes assez élevées;. La Côte de Provence très déchiquetée se prolongeait vraisemblablement, dans cette hypothèsee, jusqu'à Riou qui formait l'extrème pointe du continent en ce point. Mais entre Riou et Calseraigne devait exister une anse très bien abritée constituant un excellent mouillage. Comme d'autre part c'était la première terre que des navigateurs venant d'Egypte devaient rencontrer(??!), il n'est pas étonnant que les Egyptiens se soient arrêtés précisément en ce point; même observation pour les Grecs.Or c'est juste sur cette anse que s'ouvre notre ravin. D'autre part et bien avant eux,les autochtones néolitiques avaient pu venir à pied sec de la Provence.
Des érosions un peu actives et un abaissement maximum d'une quinzaine de mètres ont suffi pour transformer les rivages déchiquetés de la Provence en ce point ( comme ceux de la Bretagne actuelle) et les changer en île s presentant l'aspect moderne. A quelle époque se sont produites ces modifications? Il est bien difficile de le dire; ce serait dans notre hypothèse, après la venue des autochtones, des Egyptiens, même des Ligures dans la presqu'île de Riou.
Quoi qu'il en soit, ce que nous savons c'est sensiblement l'époque à laquelle sont venus à Riou ces voyageurs lointains.
Il est maintenant établi que le néolitique égyptien a duré jusqu'aux premières dynasties, or c'est sensiblement vers le cinquième millienaire avant l'ère que débutent les premières dynasties égyptiennes. Il s'ensuit donc c'est avant ou vers 5000 que les Egyptiens sont venus à Riou. Ce fait est gros de conséquences.
Ainsi les kjockkenmoeddings locaux, avons-nous vu, sont antérieurs ou au moins contemporains des silex egyptiens, ils sont donc du même coup datés. Mais alors on se trouve terriblement loin de la chronologie classique des 2000 ans auxquels pourrait remonter l'époque néolithique; il est vrai qu'il s'agit là d'un très vieux faciès du néolithique, les kjoekkenmoeddings remontant vraisemblablement à l'origine de cette période.
Longtemps après que les égyptiens eurent abandonné leurs silex sur les flancs du petit ravin de Riou, des populations venues de la côte et que faute de mieux on désigne sous le nom de Ligures, vécurent à Riou et y laissèrent des débris de leurs céramiques pailletées de mica, si spéciales que nous avons retrouvées. Puis à leur tour, et bien des fois à des époques différentes des populations grecques vinrent à Riou et abandonnèrent ces multiples et variés fragments de leurs céramiques caractéristiques.
Enfin les Romains séjournèrent à l'île de Riou et semblent avoir eu de véritables installations de longue durée, tant sont abondants les fragments céramiques que nous avons trouvés dans cette ile.
Il n'y a pas lieu de s'étonner de la présence exclusive de la céramique dans ces gisements: la poterie est ce qu'il y a de plus fragile; une fois brisée, on en abandonne les fragments. C'est aussi ce qu'on doit surtout trouver en un point où vraisemblablement on venait chercher de l'eau.
Les fragments d'autres objets en os ou en corne sont à l'ordinaire bien moins fréquents. Ceux en bois ont disparu. Quant aux débris en métal, ils sont toujours plus rares dans les couches qui peuvent en renfermer...



Rapport du Génie dans les commentaires de l'Atlas des Batteries dressé en 1818
L'orthographe est celle du document - pas de point seulement des virgules
Batteries de Morgiou

"Les attaques répétées qu'ont éprouvé ces batteries  ont assez prouvé leur importance ; si elles n'ont pas mieux rempli leur but ce n'est pas que leur site n'est pas favorable à une bonne défense, mais les travaux qui devaient seconder ce que leur position a d'avantageux étaient à peine commencés lorsque dans la nuit du 30 au 31 Mars 1813 l'ennemi débarqua dans l'anse de Sormiou au nombre de par des gens du pays sans doute, il parvint à traverser les roches dont est herissée cette partie de la côte sur le sommet de la Montagne de la Grande Chandelle° d'où descendant sur le cap il força bientôt  le petit poste chargé de défendre le pas du Renard et tomba sur les défenseurs de la batterie où se trouvait un détachement de 40 hommes d'infanterie, outre les Cannoniers, l'officier qui le commandait, le gardien de la batterie, un cannonier garde Côte et 16 soldats d'infanterie furent faits prisonniers, eurent encore 4 hommes bléssés, la batterie entièrement détruite, le fourneau à réverbère dégradé, les canons, leurs affûts et munitions furent jetés à la mer, les baraques incendiées etc...enfin l'ennemi captura 10 des 14 bâtiments formant un convoi mouillé en ce moment dans l'anse du port de Morgiou.

A peine avait-on réparé une partie des dégâts causés par l'ennemi dans cette batterie, les épaulements reconstruits allaient être réarmés que l'ennemi s'attaqua de nouveau le 2 Mai à cette batterie, après une canonnade il débarqua directement sur le Cap Morgiou par le débarcadère de St Pierre et celui de la Gorguette, détruisit de nouveau les épaulements, fit sauter ce qui restait du fourneau à réverbère* et s'empara de 6 bâtiments du commerce mouillés dans l'anse et d'un bateau chargé d'agrès d'artilleries.
Pour prévenir le retour de semblables échecs on s'occupa de suite des travaux indiqués dans la 2ème colonne de cet article. On avait également projeté de barrer par un retranchement bastionné le passage étroit en avant de l'emplacement choisi pour y établir une tour du modèle n°9.
Avec tous ces ouvrages les batteries de Morgiou auraient été sans contredit les mieux défendues de toutes la côte et il me paraissait entièrement superflu d'achever cette tour dont les déblais par son emplacement étaient faits en partie. Je proposais en conséquence d'y substituer un corps de garde défensif dans le genre de celui dont j'ai fait la description à l'article de la batterie de Niolon, et qui beaucoup moins coûteux, plus rapidement construit, offrant plus de logement que la tour pouvait la remplacer avec d'autant moins d'inconvénient qu'il est impossible de monter du canon sur le cap pour l'attaque de ce réduit."

* un fourneau à réverbère est un fourneau où la chaleur est réverberée par la voûte du four. Le combustible est brûlé dans une chambre différente de celle des matières traitées. En 1775 la Marine Française fait venir un maître de forge britannique, William Wilkinson pour construire un four à réverbère pour la fabrication d'artillerie en fonte de fer: ce sera la fonderie d'Indret.
 Il y avait donc une fonderie sur le Cap Morgiou en 1813, Morgiou à la pointe du progrès technique ?? Pas vraiment.. le four servait surtout à chauffer les boulets au rouge avant de les envoyer sur les bateaux anglais dans l'espoir de les voir s'embraser. Plusieurs batteries de la côte marseillaise en étaient équipées, ainsi que le montre l'Atlas de 1818.


Cette construction pourrait être un four à reverbère de fortune. Murs de 1m d'épaisseur, 1 mètre de profondeur lorsque la voûte était en place, la partie de droite de 60 cms de largeur,celle de gauche de plus de 1m formant un L.
Elle n'est pas entre les 2 batteries comme on pourrait s'y attendre mais près de la future tour.

°La Grande Chandelle se trouve de l'autre coté de la calanque de Morgiou, et certainement pas entre Sormiou et le Pas du Renard. Toutefois en regardant de près la carte réalisée par mon père du Massif de Puget je vois qu'il y a une Candelle au Cancéou, en fait une aiguille qui est bien, elle, sur le chemin du Pas du Renard. Il identifie aussi le carré de pierres comme ruines du corps de garde, la tour qui en fait n'a jamais été batie.
Le nombre d'Anglais est identique à celui qui attaque la batterie de Cacaù en Août 1813 en débarquant de nuit dans Port-Pin et jetant là aussi les canons à la mer.
Cela est aussi vérifié par les canons qui sont toujours dans l'eau. 5 à Cacaù.

SACREES CALANQUES



Film réalisé par Hélène Desvals et Christophe Dussert : Promenade dans les Calanques à propos de la pierre de Cassis.
Elle le présente dans plusieurs villes de la cote provencale

HISTOIRE

grande et Petite

de Riou, Marseille, et les Calanques

QUELQUES DATES tirées des Iles Côte à Côte et de Bouillon-Landais, de Courtin, de la Police secrète de Fouquet
En jaune location de tessons

  -27000 Première occupation de la grotte Cosquer à Morgiou Recolte de moonlish, gravures
  -15000 Seconde occupation de la grotte Dessins au charbon, Mains, Silex, Lampes.
  -5600 Occupation néolithique des Sablière Poteries Meules Coquillages
Haches polies
  -700
-350
Etrusques et Grecs et Massaliotes campent sur la Sablière Riou, vont au puits des chèvres se ravitailler en eau Calemassane:Massaliete
Puits des Chèvres:Etrusque  Massaliete,Italique
Sablière: Etrusque et Attique
Fontagne: Mass
  -600 Fondation de Marseille par les Phocéens  
  -550 Seconde émigration phocéene  
  -573 à-530 Fondation de comptoirs phocéens à Emporion(Ampurias), Agatha (Agde), Rhodanousia (St Gilles du Gard), Heraclea et Theline(Arles)  
  -400 Colonies militaires massaliotes à Olbia, Antipolis et Agathe à cause de violents conflits avec les indigènes  
    Pythéas écrit un ouvrage sur l'océan et un récit de son périple jusqu'à Thule et Jutland. Il calcule la latitude Marseille 43°avec un gnomon, et la distance jusqu'à l'extrémité des iles britanniques soit 9600 stades  
  -300 Création de Taureis (Le Brusc) et Nikaia (Nice) à cause de conflicts avec les celto-ligures  
  -100-90 Destruction d'Entremont la celte  
  -49 Siège de Marseille par Jules Cesar. Il ordonne la coupe d'un bois sacré près de la ville, et coupe le premier arbre lui-même. Combats navals en rade de Marseille et devant Tauroentum (Le Brusc); La ville, défendue par Apollonidès capitule après 6 mois, mais sera épargnée en raison de son soutient à Rome dans le passé. Brutus battra Parmenon et Domitius devant le Frioul, puis  Hermon et Nasidius devant le Brusc (Tauroentum)
 
Arles lui construit 18 bateaux en 6 mois pour le siège et sera faite Cité Romaine
  -50 à +50 Pêcheries de thon à Riou, Plane, Ile Verte et Embiez Puits des chèvres: Mass, Ital
Fontagne ; Mass, Punique Italique,Betique
IVème
siècle
+300 Itinéraire d'Antonin Immadras Positio =Maïre Farot
Vème
siècle
+400 Christianisation de la Provence ; Lazare évêque, Cassien qui fonde à sa demande St Victor pour les hommes et St Sauveur pour les femmes. Les soeurs de St Sauveur seront  propriétaires du massif des  Calanques
  +476 Les Wisigoths à Marseille puis les Burgondes et les Ostrogoths  
VIème   Peste tue le tiers de la population  
  +536 Les Francs à Marseille- Le port reste actif jusqu'à la fin du VIIème siècle  
XIIème 1164 Période Vicomtale - Evêque possède les faucons de la terre majeure jusqu'à la Colonne, et les Vicomtes, les faucons des Iles.  
  1165  Mention de Pumachi (Pomègues)  
  1182 Mention de Sancti Stephanum (Ratonneau)  
XIIIème 1211  Mention de Pumaguin (Pomègues)  
  1264  La Ville paie des guetteurs sur la côte et les Iles dont Maïre et Riou  (B1501 f°60 ADBdR)  
  1295 Première mention de la Vigie de Riou:  registre de la cour des comptes Rubey Philippe le Bel roi de France
XIV
siècle
30 Juin 1302 Réseau de farots entre l'Espiguette(Crau) et la Turbie
Farossium in loco de Masselha Veyra quod respondere debet ad insulam de Rieu
 
  1318 Criée pour faire porter des pierres à Planier par tout bateau pêcheur  
23 Juin 1326 Hughes de Conchis Viguier à Marseille
Robert de Millet fait l'inventaire des farots et vigies
Robert le Sage, Comte de Provence, Roi de Naples
  1331  Chasse interdite à Pomègue et Galiana et Riou
(BB17 f°113 ACM)
 
  1347 Grande Peste  
  1348  Reine Jeanne jure devant le pape Clément VI de ne jamais aliéner la Provence
Collas de Morgils ; Collas de Sormil
Oncle lointain du Dr Albert
par la famille Rogier, oncle de Grégoire XI
  1320,26, 29,1330
32,1362
Délibérations prises en conseil à Marseille préconisent d'établir ou rétablir les farots , en particulier à Riou
(BB11 à 23 ACM)
Guillaume de Sabran Seigneur de la Tour d'Aigues
  1362 Les pirates marseillais ayant arrêté en mer et dévalisé les navires chargés de blé pour le Souverain Pontife, Innocent VI menace de les excommunier, mais meurt avant de mettre sa menace à exécution Etienne Albert, oncle lointain du Dr Albert, pape d'Avignon sous le nom d'Innocent VI
  24Juin 1372 Magnifique Homme Jean des Anins de Caramanique promet de payer les gardes, mais ne fait rien
Eglise de Marie de la Garde
Reine Jeanne
Menace des Catalans
  1376 Grégoire XI retourne la papauté à Rome- s'arrête à Port Miou (tempête)  et aux Embiez. Il n'a pas le pied marin. Oncle lointain du Dr Albert
par la famille Rogier
  1385 Maïre a une tour et un farot  ; L'insula de Rieu est précisée comme custodibus de Rieu CC194f°24 ACM Cruche pisan rosé
  1395 Antonius Maurini, Laborator dal frati Francisco heremine de Nocheria de Neapolis, unam cavernalam siove balman de roca, sitam in territorio Massilie supra portum Massilie Veteris = Don de la grotte de St Michel à un ermite napolitain Règne de Louis II, roi de Naples et de Sicile, de Jerusalem,Comte de Maine et de Provence, Duc d'Anjou
  1397 Oct Dictam barchiam fuit perfundata et distruicta
BB129 A fol ADBdR
Sur l'emplacement des farots de Riou et de MarseilleVeyre
351 E 396 f°208 ADBdR)
 
XVème
siècle
20 février 1404 Les syndics de Marseille demandent remboursement par notaire de la paye des gardes  
  1384 à 1464 Pendant 80 ans la paie est en principe de 5 florins par garde et par mois avec des hauts et des bas Pons de Rassaud Viguier
  20 Avril Augmentation à 4 florins 1/2  jusqu'à Mai 1527  
20 Nov 1423 Les guetteurs annoncent l'arrivée de l'escadre d'Alphonse V, roi d'Aragon, qui attaque, pille et brule Marseille. Les "chiens de Catalans" emportent la chaine du port et les reliques de St Louis d'Anjou. Marseille a perdu 3/4 de sa population.  
12 Oct 1431 Institution des Prudhommes Pêcheurs. Développement du cabotage  
  1442 Prix passé entre le Conseil de la Ville et un maçon pour la construction de maisons 4x3x3m de haut avec cave et citerne sur l'emplacement des farots.. in roduncula montis de Rieu  
  1447 Jacques Coeur se fait recevoir citoyen de Marseille. Son fondé de pouvoir est Jean de Villages. Relance du commerce.
Le Roi René emprunte 1200 florins aux Prudhommes pour construire le Fort St Jean pour les Templiers
 
  1451 18 falquetas, catre traversas, C agus pour l'édification de cabanas (poutres fourches et clous pour charpente)
CC468 f°27  ACM
 
  1452 Les Prudhommes ayant prêté 1200 florins au Roi René pour la construction du fort St Jean sont remboursés par la cession du droit de pêche à Morgils  
  1464 5 florins par mois par garde  
  1472 Vigie fermée l'hiver par économie. "Il a plu au conseil que les gardiens restent jusqu'à la Toussaint "  
  1480 4 florins par mois par garde
Echelle pour la Tour
 
  1481 Rattachement de la Provence à la France de Louis XI.
Le Roi René qui meurt le 10 juillet 1480 lègue ses biens à son neveu Charles du Maine qui meurt le 11 décembre 1481 avec pour héritier Louis XI.
Palamède de Forbin, gouverneur de Provence
XVIème
siècle
  Industrie du savon utilisant la soude végétale, l'huile d'olive et le procédé Leblanc  
  6 Fév 1502 Cristobal Colon dans une lettre aux roi et reine d'Aragon et de Castille mentionne Pomègue  
  25 Jan
1516
François Ier est reçu à la Plaine (Campus Martius ou le Plan St Michel) Il fera construire le chateau d'If Bols pisans à sgraffito
 
  Mars
1522
Un bateau de 15 florins est acheté à Barthemeu Florentin
Une fuste est vue en Calla Serena (Plane ou Calseraigne)
Céramique commune grise et brune
  1524 Charles Quint entre à Toulon et Marseille
Siège de Marseille par le Connétable de Bourbon pendant 40 jours à partir du 19 Août.
Les gardes de Notre Dame et MarseilleVeyre sont retirés en Août et Septembre (ceux de Riou restent sur l'ile)
Helion Castel, Petit Jean Baissanet, Antoine Baume
 
  Juin 1527 8 fustes turques venues en razzia enlèvent les 3 gardes de Riou, plus un lahut monté par des marins du quartier St Jean  Valbella II 178, ainsi que les 2 gardes de Marseilleveyre  
  1533 Henri II épouse Catherine de Médicis à Marseille  
  1534 es venguda una barqua de la Sieutat de Martegue que a vist dos fustas defora de Rieu  Lettre de Cassis CC543 L471 ACA  
  1540 Seres Avisas que aud vespre pres de la yslas de Rieu las fustas au pres tres barcas  Lettre de Marseille CC 549 L581 ACA  
  1564 Rhius in qua specula custodibus murita  JR de Soliers Q50  
  5 Nov
1564
Charles IX accompagné de sa mère Catherine de Medici est reçu à la Plaine  
  1579 Catherine de Medici tient un colloque à Marseille  destiné à réunir Ligueurs  et royalistes  
  1577 Johan Pain Blanc, Baptistin Armelli et Honorat.. sont payés 24 florins  pour 9 faulcons que ces gardes ont pris à Riou. Faucons niais (pris au nid) donc en avril ou mai Bol A Stecca Pisan
Lustre Métallique Valence
Bleu ligure à pate blanche
  1580 Peste qui tue le tiers de la population de Marseille  
  1585 Achat d'un liban (corde à puits), soit une livre 17 sous devant servir aux gardes à prendre les faucons pour le grand prieur Henri d'Angoulème, gouverneur de la province  
  1584 Aymar de Champorcin - Herbages de Riou  
  1589 Vente des herbaiges et pasturaiges du Frioul, Maïre et Riou (ACM BB 51 f°25 et 26)  
XVII
siècle
3 Nov 1600 Marie de Médicis arrive à Marseille pour épouser Henri IV
  1602 6 faucons sont pris pour le duc de Guise, gouverneur de la province Bols Frejus
Cruches Huveaune
  1610 Mort d'Henri IV - La famille Valbelle avec l'appui de la royauté monte en puissance à Marseille. Refus du Don gratuit   
  1612 JB de Village met des chèvres sur Riou. Cette famille amie de Jacques Coeur est influente à Marseille depuis le roi René. Louis XIII prend le pouvoir  
  1614 François de Caradet herbages
Fortification du Cap Morgiou, du Cap Caù et du Chateau de Cassis pour resister aux incursions des pirates turcs
 
  20 juin 1617 Lettre de Louis XIII  aux consuls de Marseille pour les remercier de l'envoi de faucons Batterie Four de Cqux, Double Tournois 1618.
  8 Nov
1622
 Louis XIII pêche le thon à Morgiou après avoir renouvellé le droit de pêche aux Prudhommes  
  1625 la Quarantaine se fait à Pomègues au lieu de Jarre  
  1628 Peste  
  1628 Prix d'un faucon = 2 livres 45 sous  
  1631 Vigie de Rieuls a une tour surmontée de fumée et de flammes.
 P.J. Bompar
 
  1636 4 gardes à Riou - bateau halé à terre Culinaire Biot-Vallauris à la Vigie, Citerne,
  Mai
1638
Pas de garde à Riou. On envoie Antoine FERRI, valet du premier consul de la ville pour les faucons Poterie Huveaune sous la falaise entre les calanques du Monasterio
  Mai 1641 On envoit Alexandre DROUIN  
  1649 Peste  
Nov 1655 Des marins s'emparent d'une galère génoise pour donner la chasse à des pirates majorquins et la ramènent au port en piteux état. Sommés par Louis XIV de s'excuser en personne à Gènes les consuls envoient ceux de l'année précédente  
Oct 1658 Niozelles prend Marseille en main et continue de provoquer le roi  
20 Jan 1660 Le gouverneur de Provence, le duc de Mercœur entre à Marseille avec 7000 troupes et désarme les Marseillais  
11 Fev 1660 Pose de la première pierre du Fort St Nicolas  
2 Mai 1660 Louis XIV entre à Marseille  par une brèche dans les murailles.  
  1661 Raid des Arabes à Callelongue, et aux Iles -
aux Catalans,  60 esclaves sont pris
 
  Mai
1664
On envoit Jean DELPHIN et Claude ROUBERT pour les faucons  
  1666 Nicolas Arnoul fait édifier l'Arsenal des Galères
Construction de l'Hotel de Ville
 
  1679/
1707
Construction de l'Hospice de la Charité  
Mars 1669 Colbert affranchit le port et accorde le monopole du commerce avec le Levant.  
  1689 Il y a un seul garde à Riou  
  1695 Nicolas  TARRUS et son fils Louis sont payés 45 livres pour Juillet Août Septembre
FERMETURE DE LA VIGIE de RIOU

Vauban arme le Littoral (Batterie de St Cyr les Lecques) Marseilleveyre  et Riou ?
 
XVIII
siècle
  La conquête du monde, commerce avec le Pacifique, les Antilles, le Levant. Faïenceries, importation du café.  
  1702/14 Guerre de la succession d'Espagne. Les anglais sont devant Toulon  

 
1715 Mort de Louis XIV  
27 Mai 1720 Le Grand St Antoine  est isolé provisoirement à Pomègues après la mort du huitième matelos  
29 Mai 1720 les marchandises fines sont déchargées à l'Infirmerie
les balles de coton sont à Jarre
 
3 Juin 1720 Le Capitaine Chataud affirme sous serment que les morts sont dues à de mauvais aliments  
  1720 Curés réfugiés à l'Aiglon. Pêcheurs, Equipage du Grand St Antoine sur Jarre (?) pendant la peste. Marseille perd le tiers de sa population Cruches vertes Citerne Huveaune,Monasterio
  1721
1722
La peste réapparait, le blocus sanitaire du port est repris  
  1 juin 1744 Les anglais debarquent a Pormiou et enlevent une flotille espagnole et des navires francais  
  1747 Procès des Prud'hommes pour éviter que le comte de Luc installe des madragues à Sansuart, Calleseraigne et Fontagne  
  1766 Construction de la bastide du négociant Louis Borély  
  1769 Commerce avec l'Océan Indien  
  1774 Commerce avec la Mer Noire. Importation du Blé d'Ukraine Culinaire Biot-Vallauris à la Vigie, Citerne, Four à Chaux, Baume Fraiche
1er Oct 1774  Phare de Planier 23m de haut 8,5 de diamètre, 14 reverbè res alimentés à l'huile d'olive  
  1774 Mort de Louis XV  
  1778 Carte du Sieur Bresson montrant des batteries sur Riou  
Juillet 1792 Le Chant de l'Armée du Rhin devient la Marseillaise  
Mars 1793 Marseille se révolte contre la Convention, est reprise par le général Carteaux et déclarée Ville Sans Nom
Entrée en guerre des Anglais
 
  Août
 8 sept 1793
Le capitaine d'artillerie Napoleone Buonaparte inspecte le littoral entre Marseille et Toulon, logeant à la Ciotat chez Monsieur Louis Ricard.  
  18 fev
1794
Inspection par Bonaparte de Cassis  
XIX
siècle
1804/1808 Blocus de la cote Provençale par les Anglais  
4 juin 1809 Le corsaire Mystik prend 2 bricks anglais après un combat de 2 heures (police secrète)  
14 juin 1809 15 vaisseaux ennemis devant Toulon- 5 frégates- corsaires inquiètent le cabotage  
17 juin 1809 Prise de 8 navires francais à Marseille- 2 frégates anglaisent croisent devant Sete et Agde (Police secrete)  
  1809 le corsaire Jean Bart prend le Navire Vierge du Rosaire au Cap Roux  
  1809 Les Anglais débarquent à Marseilleveyre et enclouent les canons  
24 juin 1809 Les anglais prennent 7 bateaux à Morgiou et débarquent 150 hommes sur la cote  (police secrete)  
  Décret  17 Nov
1810
Napoléon fait construire une batterie au Cap Morgeon dotée de 4 canons de 36, d'un mortier de 12 pouces, d'un obusier de 8  et d'un fourneau à réverbère.
2 pièces de 24 seront placées sur la droite du port
 
  1812 Batterie de la Mounine et de Marseilleveyre presque finies. Sentier aménâgé entre Callelongue et Marseilleveyre  
14 mars 1813 Cacau et les Lombards échangent des coups de canon avec une frégate anglaise  
30 Mars
1813
 200 Anglais débarquent à Sormiou attaquent la batterie de Morgiou font une vingtaine de prisonniers et jettent les 8 canons , affûts, à la mer, détruisent le fourneau à reverbère  
avril 1813 3 embarcations anglaises embusquees à Riou attaquent un convoi escorte par une cannoniere  
2 Mai  1813 Nouvelle attaque mais par le Cap Morgiou. Par la Gorguette(au dessus de Cosquer) et par St Pierre (entre les deux batteries).  
 3 Août 1813 200 Anglais passant par Port-Pin attaquent la batterie de Cacaù, jettent les canons à la mer. Ils prennent la batterie des Lombards et enclouent les canons  
18 août 1813 Les Anglais debarquent à l'Arene et à Beauneuf, prennent d'assaut le chateau de Cassis mettent le feu à une maison, enlevent 29 navires et prennent trente prisonniers  
  1814 FERMETURE de la VIGIE DE MARSEILLEVEYRE et de la VIGIE DU CAP GROS  
  1815 Terreur Blanche à Marseille. Massacres de Bonapartistes et de Mameluks  
  1834 Epidémie de Choléra  
  1836 Banque de Marseille  
  1842
1845/53
Tentative de réarmement des batteries
Construction des nouveaux ports de la Joliette
 
Février 1848 Révolution - Barricades - Faillites - Epidémie de Choléra  
  1848 Chemin de fer d'Avignon à Marseille  
  1849 Canal de la Durance
Construction du Prado
 
  1850 Construction d'une cabane au Monesteron par le contremaître de la Sablière  
2 Déc 1851 Coup d'Etat de Napoléon III  
  1853 Désarmement des batteries des Calanques, récupération du bronze et du fer par mer  
  1853 Exploitation de la Sablière par 4 ou 5 ouvriers d'après Chaumelin
Pacage de Chèvres - 
Lapins - Lézards - Faucons
Barques catalanes au Monesteron pour pêcher le corail
3 squelettes exhumés à la Sablière
 
  1859 Bouillon-Landais visite l'Ile : Ecrit l'Ile de Riou et les faucons  
  1860 Traité de libre-échange avec l'Angleterre signé par Napoleon III. Inauguration du Palais de la Bourse.  
  1862
1864
Percement de la Rue Impériale  
  1866 Demande de location de la cabane de Riou par le sieur Serre..le déserteur de 1815 et contrebandier de Morgiou ?!
Catalans campent sur Riou pour pêcher le corail
 
  1884/85 Epidémie de cholera (3000 morts)  
10 Février 1886 Location de l'emplacement d'une baraque et 296m2 et droit de chasse sur Riou à Bourelly par expertise  
17 mars 1886 Pied à terre pour la pêche 15 m2 de la batterie Est de Marseilleveyre à Marius Giraud  
30 Dec 1886 Logement de 148m2 et Pacage de 1301m2 à Gustave Bounin par adjudication sur le terrain de la batterie du Cap Croisette  
17 Mars 1887 Logement de 150m2 du Corps de garde de la batterie de Marseilleveyre  à Marius Bouze par expertise  
17 Mars 1887 Logement de 12 m2 dans l'ancien magasin à poudre  de la batterie de Marseilleveyre à Marius Bouze par expertise  
17 mars 1887 Droit de chasse et pêche sur  77000 m2 de  Jarre à Eugène Bouffier  par expertise  
1er Avril 1888 Droit de chasse et pêche sur  51000 m2 de Plane à Silvestre  
  24 -08
1896
L'Etat loue baraque, terrain de 296m2, droit de chasse et de pêche à Mr. Louis Tronc, négociant, secrétaire du Casino de Nice, résident à Marseille.  
  1897 à 1927 Pipo Meïni  gardien de l'Ile. Les noms sur le mur de la terrasse de la baraque reconstruite  sont Tronc, Zaphirolos et Mirbelli.
Treuil à Fontagne, Cabane pour pêcher les blades au bout Nord de Caramassane
 
  27-10
1897
Décret affecte Riou, Jarre et Plane au Département de la Marine  
XX
siècle
18 Oct 1903 Naissance de Georges Prosper ALBERT à Thizy dans le Rhône  
  10-07
1905
Renouvellement du bail 3,6,9 au même Louis Tronc pour 35F
13 Rue Paradis Maison Viale, Marseille - Caution solidaire de Jules Pignet
 
  1906 Exposition Coloniale  
  1 Oct
1914
Renouvellement du Bail à Mme Veuve Tronc 3,6,9 pour 35F mêmes conditions (Caution solidaire de Mr Jules Marie Charles Pignet)  
  1920 Navette Marseille -la Plage d'Or de Riou avec passerelle au vivier  
  1923 Création de l'aéroport de Marignane  
  1932 Maison des Tronc, Tamaris, Vivier. Cliché Dr Albert  
12 Nov 1942 Entrée des troupes allemandes à Marseille  
24 Jan 1943 Expulsion des habitants des Vieux Quartiers  suivie  en février par la destruction du cœur de Marseille par les Allemands  
  Dec 2,
1943
 Prince Alexis Fürst von Bentheim dans un Messerschmidtt 109 est abattu derrière le Conclu  
  1943 Cadavre d'un pilote étranger avec parachute flottant près du Conclu, trouvé par un couple d'Italiens habitant sur l'île avec Raoul Amari qui a 10 ans. Il le racontera à Luc Vanrell des années plus tard. (1988)  
27 Mai 1944 Bombardement allié  
31
Juillet
  1944 11:00  Le P.38 Lightning  F-5B 223 de St Exupery disparait lors d'une mission de reconnaissance  
  1962 Dr. Albert restaure la citerne du Pic qui fuit.  Il réalise que le muret au milieu d'un éboulis est la Fons de Fontagne  
Dec 1963 Bail accordé au G.E.A.R. par la Marine pour reboisement de l'Ile et travaux annexes  
  1964 Restauration de la Fons -Découverte du squelette du "Turc"  
Mars 1964 Carte de l'Ile au 1/2500ème - Découverte du "Silo"  
Fev 1966 Fin de la Carte de Riou  
  1968 Fouilles Courtin et Froget dans la Sablière Tessons Néolithiques, meules, haches, pots
  1970 Courtin fouille la Sablière  
  1971 Cabanon en parpaing  construit par un type de Gardanne et la petite cabane qui restait au départ du sentier de la grotte sont dynamités.  
17 sept 1973 Ordre du Préfet Maritime Brasseur Kermadec établissant Jean Throude gardien responsable de Riou chargé de veiller au respect des consignes: pas de transistors, pas de nudisme, pas de chasse, pas d'armes à feu; Pas de feux ni de camping sauf autorisation exceptionnelle.
Cas flagrant de "Fais ce que je dis, ne fais pas ce que je fais!"
 
  1974 Courtin - Escalon de Fonton: fouille de la Grande Sablière  
  1977 Courtin : fouille de la Grande Sablière  
  1990 Gantes : prospection au Monasterio et la Sablière  
28Sep 1991 Disparition de Georges Albert  
  1991 Peintures de la Grotte Cosquer révélées au public  
  1992 Conservatoire du Littoral propriétaire de l'Archipel de Riou  
  1998 Habib Benamor trouve dans les filets du chalutier l'Horizon une gourmette en argent au nom d'Antoine de St Exupery  
XXI
 siècle
2003 Retour à Fontagne  
  2003 2734 L : Identification du F5B Lightning de St Exupery trouvé par Luc Vanrell  
 Mai  2006 Website www.RiouetlescalanquesduDrAlbert.com  
Mars  2008 St Exupéry: L'ultime secret. Luc Vanrell and Lino von Gartzen révèlent que St Exupery a été abattu vers 11 heures du matin par Horst Rippert le 31 juillet 1944  
Avril 2008 Les résultats de l'analyse d'ADN identifient le squelette de Fontagne comme étant celui du  Prinz Alexis Fürst von Bentheim-Steinfurt  
Nov 2008 Jean-Claude Bianco, accusé de fraude par les héritiers de St Ex, est réhabilité et fait chevalier de la Légion d'Honneur. Il est le propriétaire du chalutier l'Horizon.  
31 Jui
2009 Hommage de la ville de Marseille à St Exupéry  
8août 2009 Disparition de Gisèle Albert  
13Dec  2009 Alexis est de retour à Steinfurt  
sept 2013 Pot néolithique dans la Petite Sablière Poterie, Patella
       

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